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Présidentielle de 2020 : Un « taureau » nommé Abdoulaye Soma dans l’arène !

Publié le mardi 7 mai 2019 à 23h11min

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Présidentielle de 2020 : Un « taureau » nommé Abdoulaye Soma dans l’arène !

« Les sentiments, les préférences personnelles, les inimitiés n’ont pas leur place dans la gestion des affaires publiques. C’est ce que nous venons régler au Burkina, parce que nous avons dit que c’est un des grands défis du Burkina Faso. Tant que ces problèmes ne sont pas réglés, tant que nous sommes dans des oppositions et inimitiés systématiques personnelles et non pas en idées, le pays sera bloqué. Ni le pays, ni aucun de nous n’avancera. Il faut qu’on règle cela ; et le Soleil d’avenir est là pour régler cela ». C’est, visiblement, cette vision qui sous-tend l’entrée du mouvement Soleil d’avenir dans l’arène politique, sous la houlette du professeur Abdoulaye Soma, ex-conseiller spécial du Premier ministre Yacouba Isaac Zida, ex-directeur exécutif de l’Institut général Tiémoko-Marc-Garango pour la gouvernance et le développement (IGD).

Après avoir observé, critiqué et conseillé des acteurs de la vie publique nationale, le constitutionnaliste a finalement franchi le pas dans la chose politique. Comme quoi, on n’est mieux servi que par soi-même ! Professeur Abdoulaye Soma croit en sa capacité de changer les choses au Burkina, et il ne le voile pas. Surdosage de confiance ou assurance justifiée ?

Difficile de répondre pour le moment. Une chose est certaine, en décidant de se tailler un mouvement politique (dont il est le président) pour porter sa candidature à la présidentielle de 2020, le professeur constitutionnaliste vient de réussir un coup d’éclat ! Sa venue sur le ring politique ne vise certainement pas à allonger inutilement la liste des prétendants au fauteuil de Kosyam.

L’homme ambitionne mieux que cela. Il entend enrichir le débat politique au Burkina Faso, en attendant de gravir majestueusement les marches du palais présidentiel. Cette ambition du prétendant présage d’une présidentielle des plus disputées et des plus animées en 2020. Pour peu que la force de l’argumentaire botte d’un coup K.O. l’argument de la force. En tout cas, le vœu des Burkinabè reste et demeure une campagne civilisée et responsable, pour des élections démocratiques, transparentes, crédibles et fiables.

Pour la conquête du convoité fauteuil de Kosyam, ce sont cinq présidentiables qui ont déjà dévoilé, à ce jour, leur intention, et à une année du rendez-vous électoral. N’est-ce pas que « qui veut aller loin » se réveille tôt et « ménage sa monture » ? C’est le cas pour ces cinq candidats qui se sont déjà annoncés. Des observateurs de la scène politique nationale, avides de pronostics, n’écartent pas l’arrivée prochaine d’autres visages, restés jusque-là en dehors de la sphère politique.

Pour revenir au cas Abdoulaye Soma, à dire vrai, l’annonce de sa candidature à la présidentielle de 2020 est sans surprise pour les esprits avertis. Car, cela fait quelques années maintenant que l’homme n’avait plus fait de mystère sur ses ambitions politiques. Pour certains observateurs, le professeur est imbu d’une « ambition démesurée », car n’ayant jamais occupé aucun poste électif et ne connaissant pas très bien les arcanes de l’administration burkinabè.

Pour d’autres, le professeur a emboîté « le pas de la raison », justifiant ainsi, sa jeunesse, son audace et sa vision qui sont autant d’atouts pour ce combat à risques : risque financier, risque matériel, risque physique et le plus souvent, risque moral. Car, loin d’être un fleuve aux eaux tranquilles, l’arène politique sous nos tropiques est un jeu de cache-cache où la ruse est de mise. Mais pour le professeur, il y a bien longtemps qu’il semble avoir défriché son chemin. Et ses proches collaborateurs confient même que, consulté pour entrer dans un des gouvernements du président Roch Kaboré, le professeur Abdoulaye Soma aurait décliné l’offre, sans doute dans la perspective de ce positionnement pour la magistrature suprême. Vrai ou faux ?

« Moi, je suis de signe astrologique taureau. Le taureau, c’est un fonceur. Avant de foncer, je réfléchis ; parfois je passe des nuits à réfléchir sur les questions. Dès que j’ai réfléchi, que j’ai fixé ma ligne de conduite, je vais jusqu’au bout », s’était-il qualifié en juin 2017, dans le cadre d’une interview sur la situation nationale. Dans le même cadre, et en rapport avec sa perception de la gouvernance, le désormais candidat à la présidentielle de 2020, se prononçait en ces termes : « À chaque fois qu’on est véridique, on s’en sort. On n’a pas besoin d’être courageux, il faut être véridique, il faut avoir l’intérêt du peuple en lumière. La gouvernance n’est pas pour l’amour, la gouvernance, c’est pour le service.

C’est cela qu’il faut comprendre. On ne gouverne pas pour être aimé, on gouverne pour servir. Et parfois, on est aimé après que les gens aient eu confiance du service, parce que le service est plus lent. C’est pourquoi, ceux qui gouvernent pour être aimés, on les appelle les populistes ; parce qu’ils ont des actions superficielles (sur le moment, il faut plaire au peuple maintenant). Non. Mais, ceux qui gouvernent pour servir, ils sont capables d’anticiper l’intérêt du peuple dans cinq ans, dix ou cinquante ans. Et ils posent des actions conformes à cet intérêt que le peuple peut ne pas percevoir maintenant. Mais après, s’ils restent dans la vérité, ils seront toujours reconnus. Tôt ou tard, morts ou vivants ».

Professeur Soma saura-t-il incarner tous ces propos, ces valeurs et cette hargne pour « marquer la rupture » comme il le prône ? Ce qui est sûr, les Burkinabè attendent certainement qu’il fasse autrement la politique, et gouverne autrement, s’il venait à être porté à Kosyam. Mais, la route menant au palais présidentiel est encore très longue et sans doute aussi parsemée d’énormes embûches ; les unes plus palpables que les autres.

Le terrain politique est miné. Si fait que des Burkinabè n’hésitent pas à observer que ce sont les mêmes acteurs qui se font les distributions de rôles depuis plus de trois décennies. Une sorte de lassitude qui laisse espérer et croire à un besoin de rajeunissement de la classe dirigeante, une envie d’entendre de nouvelles voix et de voir des visages neufs au-devant des affaires publiques au Burkina.

Au plan interne au mouvement, l’enseignant et son équipe dirigeante vont devoir aussi miser sur la bonne communication avec la « masse ». Ils se doivent de diluer leurs messages en parlant pour tous les Burkinabè. Cela est d’autant impératif que la maîtrise du terrain politique au Burkina n’est visiblement pas une affaire de bagage intellectuel. Le mouvement Soleil d’avenir se veut, selon ses géniteurs, une organisation politique de « masse ».

Ce qui implique l’impératif d’avoir une communication qui s’adapte à la masse et non celle destinée à une certaine élite qui, du reste, ne fait pas l’électorat au Burkina Faso. Opter de rester claustré dans l’intellectualisme, c’est être un parti qui fait uniquement dans la sensibilisation et l’éveil des consciences (sans s’intéresser à la conquête du pouvoir). Or, sous les cieux du Burkina, ôter le volet de la conquête du pouvoir (que ce soit à la présidentielle, aux législatives ou aux municipales), c’est priver ses militants d’une principale source de motivation à porter les sacrifices du parti.

C’est dire donc que le Pr Abdoulaye Soma (40 ans, plus jeune professeur agrégé des Facultés de droit en novembre 2011) endosse désormais une grande responsabilité et s’expose, depuis ce 5 mai 2019, aux mêmes barèmes de critiques qui sont portées aux hommes politiques de son pays. Rester zen pour servir le bon exemple ou perdre les pédales pour être mis dans le même sac que ceux qui sont sous les braises des critiques. Le professeur a son destin entre les mains.

Oumar L. Ouédraogo
(oumarpro226@gmail.com)
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