Après la remise de son rapport au chef de l’Etat le 5 avril 2019, le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) a animé une conférence de presse pour faire le point des traitements des dossiers qui lui sont soumis. Pour le principal orateur du jour, Léandre Bassolé, son institution est saisie d’un nombre important de dossiers dont le traitement intégral devrait contribuer à soutenir le processus de réconciliation nationale. Des dossiers qui touchent plusieurs sensibilités et dont certains ont été laissés en suspens depuis des années.

« Il n’est pas nécessaire de répéter que pour être complet, ce travail respectueux du triptyque Vérité-justice-réconciliation doit être patient », a-t-il souligné. Dans le cadre de ses missions, le HCRUN en 2018 a pu sillonner 9 des 13 régions que compte le pays pour sensibiliser les populations sur ce que revêt la justice transitionnelle. Et pour plus de diligence et d’efficacité dans le traitement des dossiers, les conseillers de l’institution ont été formés et ont effectué des voyages d’études dans des pays qui ont déjà expérimenté la justice transitionnelle comme la Tunisie et le Rwanda. Dans les jours à venir un voyage d’étude sera diligenté au Maroc.

Les pays comme le Burundi, la Côte d’Ivoire et le Togo ont répondu à l’invitation du HCRUN et sont venus partager leurs expériences. Toujours dans cette quête de faire comprendre sa mission, l’institution a rencontré des organisations de la société civile, les victimes, le monde des médias. Et tout récemment, les membres du gouvernement et les parlementaires. A en croire Léandre Bassolé, d’autres séminaires sont envisagés au profits d’entités comme les partis politiques, les collectivités territoriales, les autorités coutumières et religieuses, les syndicats, les femmes et jeunes.

Pour ce qui est du traitement des dossiers, foi du premier responsable, des avancées notables sont à constater. Il s’agit par exemple des dossiers du Syndicat autonome du ministère des affaires étrangères (SAMAE), de l’Association nationale des travailleurs déflatés (ANTD) issus des privatisations liées au Plan d’ajustement structurel (PAS), des décisions de justice, du foncier, des députés de la législature 2012-2017 (qui a été interrompue par l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014), de destruction de biens de la chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF), du dossier des blessés de l’insurrection populaire et du coup d’Etat manqué.

Sans pour autant oublier le dossier des militaires et policiers radiés en 2011 suite aux mutineries. Certains dossiers individuels ont trouvé leur aboutissement. Il s’agit notamment des 156 dossiers des femmes de Legmalogo, à Bobo-Dioulasso. Pour mener à bien sa mission, le HCRUN souhaite voir ses activités être centrées sur les questions de réconciliation et de cohésion sociale, une meilleure mobilisation des ressources humaines, un accroissement des ressources financières et logistiques, la finalisation et la mise en place du fonds d’indemnisation.

Marcus Kouaman
(kmagju@gmail.com)
Lefaso.net