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Lutte contre la malnutrition au Burkina Faso : Les acteurs du PADI plaident pour un financement endogène et privé de la nutrition dans les Hauts-Bassins

Publié le lundi 29 avril 2019 à 11h44min

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Lutte contre la malnutrition au Burkina Faso : Les acteurs du PADI plaident pour un financement endogène et privé de la nutrition dans les Hauts-Bassins

Les acteurs du Programme intégré de diversification de la production et d’amélioration nutritionnelle dans les Hauts-Bassins (PADI) ont organisé, les 26 et 27 avril 2019 à Orodara, dans le Kénédougou, un atelier de plaidoyer pour l’intégration, le suivi et le financement endogène et privé de la nutrition dans les plans régionaux et communaux de développement dans la région des Hauts-Bassins. Cet atelier, présidé par Célestin Koussoubé, président du conseil régional (PCR) des Hauts-Bassins, avait pour objectif de sensibiliser les acteurs des collectivités locales sur la nécessité de prendre en compte la question de la nutrition dans leurs plans locaux de développement et de capter le financement endogène dans le secteur privé des localités concernées par le projet.

« La lutte contre la malnutrition est une question de souveraineté nationale et chacun doit prendre le sujet à bras-le-corps. Nous avons le devoir de prendre notre destinée en mains en apportant tous les moyens et les ressources nécessaires pour sauver la vie de plusieurs de nos enfants prise en tenaille par cette gangrène qui ronge notre société », a laissé entendre le président du conseil régional des Hauts-Bassins, Célestin Koussoubé dans son mot d’ouverture de l’atelier.

En effet, selon une étude conduite en 2016 par le réseau de la société civile pour la nutrition du Burkina Faso (RESONUT), seulement 1% du budget national burkinabè était consacrée à la nutrition. L’analyse budgétaire en 2018 réalisée par la partie gouvernementale fait cas d’environ 2%. Par ailleurs, les résultats d’une étude publiée par le programme alimentaire mondial (PAM) en 2015 nous fait constater que l’État burkinabè perd chaque année près de 409 milliards de francs CFA du fait des effets de la sous-nutrition. C’est pourquoi, le PCR des Hauts-Bassins a signifié que « investir dans la nutrition, c’est relever les indicateurs du développement ».

Selon lui, malgré ses efforts consentis, le gouvernement ne saurait venir à bout de la malnutrition sans la contribution des partenaires techniques et financiers, des ONG, des associations, des collectivités territoriales ; tous les acteurs de la société et surtout les entreprises doivent apporter leur contribution. C’est ainsi qu’il a invité les collectivités à donner une place de choix à la nutrition dans les différents plans régionaux et communaux de développement et de façon plus concrète développer des initiatives locales pour financer la nutrition. Ainsi, le thème de la rencontre qui porte sur la prise en compte, le suivi et le financement endogène de la nutrition dans les plans locaux de développement est plus qu’un appel à l’action.

Pour le coordinateur terrain Action contre la Faim/base Orodara, Cheick Amed Ky, c’est dans le cadre d’une analyse des capacités de financements endogènes et privés que les acteurs dudit programme ont remarqué une faible prise en compte de la nutrition dans les plans locaux de développement (PRD/PCD) et le faible financement des interventions sensibles à la nutrition dans la région.

Cheick Amed Ky, Coordinateur terrain Action contre la Faim Base Orodara et Eric Méda, chargé de Programme CBM a sa droite

C’est ainsi qu’au nombre des actions à mener, les acteurs de la mise en œuvre du PADI ont organisé cet atelier de plaidoyer au profit des collectivités territoriales de la province du Kénédougou, de la région des Hauts-Bassins, des services techniques déconcentrés de l’État et des potentiels partenaires endogènes de la région en vue de les sensibiliser sur le suivi de la malnutrition, la nécessité et les mécanismes de financements des actions de nutrition.

« Cet atelier qui vise à créer la synergie d’action entre les acteurs de la décentralisation que sont les responsables du conseil régional et des conseils communaux vise un seul objectif qui est de prendre en compte la nutrition dans les plans locaux de développement et de capter le financement endogène dans le secteur privé de la zone d’intervention du programme.

Au cours de cet atelier, nous allons échanger avec les collectivités territoriales et les router sur comment ils pourraient intégrer la nutrition dans leurs plans locaux de développement mais aussi quels avantages ils ont à tirer dedans », a-t-il indiqué. Car il estime que l’une des causes fondamentales de la malnutrition, c’est sa non prise en compte par les pouvoirs dans leurs politiques de développement et son faible financement.

A l’en croire, la lutte contre la malnutrition peut se faire de diverses manières. Les potentiels partenaires financiers au niveau local peuvent ainsi financer les collectivités dans les actions spécifiques ou participer à leur budget ; ils peuvent octroyer annuellement 1% de leur bénéfice aux activités soutenant la nutrition et participer à des activités de communication visant à promouvoir les produits locaux et leur transformation.

« Ils peuvent financer des ONG pour mener des actions de nutrition ou des campagnes de sensibilisation ; participer au réponse de soudure en donnant des vivres par exemple ou encore construire entièrement un jardin de santé avec leur nom sur la plaque », a souligné le Coordinateur Terrain d’Action contre la Faim/base Orodara. Par la suite, il a fait savoir que lesdits partenaires ont beaucoup à gagner aussi, notamment un label d’entreprise responsable et sensible à une cause d’intérêt commun. Selon lui, ils rempliront ainsi une belle case dans leur RSE ; ils gagneront une bonne image au niveau local et contribueront à éviter des conflits au niveau local. Par ailleurs, ils gagnent des clients.

M. Ky a saisi cette occasion pour remercier le président du conseil régional pour son accompagnement et pour sa participation à toutes les rencontres des acteurs du PADI.

Le PADI qui intervient dans toutes les 13 communes du Kénédougou et dans le Houet, précisément dans le centre hospitalier universitaire Souro Sanou de Bobo-Dioulasso pour une durée de 5 ans est né de l’initiative spéciale « UN SEUL MONDE sans faim » du Ministère Fédéral de la Coopération Économique et du Développement d’Allemagne (BMZ) lancée en 2014, dans plusieurs pays à travers le monde. Au Burkina Faso, CBM Allemagne à travers sa représentation pays, CBM Burkina Faso est le porteur du projet.

Photo de famille des acteurs du PADI.

C’est un programme de sécurité alimentaire inclusif qui contribue à améliorer la situation alimentaire, le statut socioéconomique et la résilience des groupes vulnérables (petits enfants, femmes, personnes handicapées et ménages pauvres). Le PADI est mis en œuvre par Action contre la Faim, appuyée par, l’Association pour la Gestion de l’Environnement et le Développement AGED.

CBM Burkina Faso assure le suivi à travers son chargé de programme, Méda Malkenou Eric, en étroite collaboration avec la Coordination régionale des associations pour la promotion des personnes handicapées dans les Hauts Bassins (CORAH/HBS) pour la prise en compte de la thématique de l’inclusion dans toutes les composantes du programme.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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