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Lutte contre le paludisme : « Maïa », la pommade anti-moustiques made in Burkina

Publié le mercredi 24 avril 2019 à 19h00min

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Lutte contre le paludisme : « Maïa », la pommade anti-moustiques made in Burkina

Le paludisme continue de faire des ravages dans le monde. Au Burkina Faso, plus de 4 000 personnes sont décédées des suites de cette maladie, en 2018. Dans la quête d’une solution face au paludisme, deux entrepreneurs sociaux ont inventé « Maïa », un produit cosmétique à base de beurre de karité, qui lutte contre les moustiques, vecteurs du paludisme.

Chaque 25 avril, l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) commémore la Journée mondiale du paludisme. En 2017, le nombre de cas de paludisme était de 219 millions dans le monde, dont 92% en Afrique. Au Burkina Faso, selon les chiffres du ministre de la Santé, 11 970 321 cas de paludisme ont été enregistrés dans les formations sanitaires en 2018, dont 5 870 314 cas chez les enfants de moins de cinq ans, avec 4 292 décès.
Face à cette situation, deux entrepreneurs sociaux, un Burundais, Gérard Niyondiko, et un Français, Franck Langevin, résidant au Burkina Faso, ont mis à la disponibilité des populations la pommade hydratante et anti-moustiques dénommée « Maïa ».

Gérard Niyondiko

Soin corporel et lutte contre le paludisme…

L’idée de départ, c’était de fabriquer un savon anti-moustiques, « car tout le monde se lave avec du savon ». L’on se souvient encore de « FasoSoap », le savon anti-paludisme inventé par le tandem burkinabè et burundais, étudiants à l’Institut international de l’ingénierie de l’eau et d’environnement (2ie) en 2014. Eh bien, le Burundais Gérard Niyondiko est revenu avec un nouveau projet. De son avis, l’étude sociologique a démontré que « les gens se lavent avec du savon et après, ils appliquent des produits de soin sur leur corps ». Cela diminue l’efficacité du savon donc « il faut proposer ce qu’ils utilisent en dernière position ». C’est ainsi qu’est née l’idée de créer une pommade. « FasoSoap » devient alors « Maïa ».

Il était question, toujours selon Gérard Niyondiko, de trouver une solution qui allait protéger les populations du paludisme sans changer leurs habitudes. Or, il se trouve que les femmes et les enfants (la cible principale) utilisent beaucoup la pommade.
Les deux entrepreneurs ont indiqué que « Maïa » a été conçue après avoir consulté des femmes, parce qu’elles achètent et utilisent la pommade.

Pour Gérard Niyondiko, « Maïa » cherche d’abord à être une meilleure pommade, avant l’aspect anti-moustiques. Et ce, pour éviter une dépense supplémentaire. « Notre grand challenge, c’est d’arriver à convaincre les mamans d’adopter cette pommade qui sert à deux choses : le soin corporel et la lutte contre le paludisme », indique-t-il.

Maïa est une pommade parfumée

Temps d’application

Y a-t-il une heure précise pour appliquer la pommade ? À cette question, l’un des fondateurs, Franck Langevin, nous précise qu’il n’y a pas de moment spécifique. Néanmoins, comme la pommade a été conçue pour avoir un impact sur le paludisme, il est recommandé de l’appliquer le soir (à partir de 17h), avant de se coucher.

Pour ce produit, la démarche scientifique est de rigueur. Après 250 tests anti-moustiques effectués au laboratoire en collaboration avec le Centre national de recherche et de formation sur le paludisme (CNRFP), les inventeurs prévoient de faire des tests en milieu ouvert avec des volontaires. Leur ambition, c’est de faire de Maïa, un produit homologué par l’OMS. « Notre idée est d’arriver à convaincre la communauté scientifique qui travaille sur la question du paludisme que notre produit est une solution complémentaire », renchérit Franck Langevin.

Les entrepreneurs sociaux disent viser une commercialisation sur le marché privé accessible par tout le monde, grâce au réseau de distribution et de consommation.

Franck Langevin

« Maïa », bientôt disponible sur le marché

À en croire les deux concepteurs, la pommade a fini son cycle de fabrication. Actuellement, ils sont en phase de finalisation de partenariat pour la production et la levée de fonds afin de lancer la commercialisation dès la prochaine période des pluies. Tout en espérant que les choses vont bien se dérouler, ils promettent que la pommade Maïa sera disponible dans les points de vente d’ici le mois de septembre.

Quel effet secondaire peut-elle causer ? Franck Langevin rassure qu’il n’y a pas d’effet secondaire sur usage classique. « Chez certains, il peut y avoir de légères irritations », informe-t-il, avant d’ajouter qu’ils travaillent avec des toxicologues, qui mettent l’accent sur la qualité de la pommade.
Contenue dans une boîte de 200 ml, Maïa sera vendue à 1000 francs CFA l’unité. La pommade a une efficacité d’au moins 4 heures après application et sa date d’expiration est de deux ans.

Gérard Niyondiko (à droite) présentant la pommade Maïa, au cours d’une exposition

En attendant le lancement officiel, toutes les informations sont disponibles sur la page Facebook « MAIA Africa » et le site https://www.lafabrique-bf.com/entrepreneur/gerard-niyondiko-2/.
Au cours du 2e forum de la santé de l’OMS au Cap Vert en mars dernier, Maïa a été retenue parmi les 30 innovations africaines, sur 2400 candidatures.

Cryspin Masneang Laoundiki
LeFaso.net

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