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Assemblée nationale : Abdoulaye Ouédraogo, le premier député sous-officier subalterne

Publié le mardi 23 avril 2019 à 11h50min

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Assemblée nationale : Abdoulaye Ouédraogo, le premier député sous-officier subalterne

Le regard vif, le ton imposant, familier du milieu parlementaire, Abdoulaye Ouédraogo est un militaire à la retraite. Après plus de 27 ans de service dans l’armée, dont 17 ans comme chef de service logistique de l’Assemblée nationale, il a refait surface, mais cette fois-ci en tant que député, depuis 2015. Portrait de ce sous-officier subalterne devenu député au parlement burkinabè.

Selon un adage, « le chien ne change jamais sa manière de s’asseoir ». Et Abdoulaye Ouédraogo, alias « Abdoulaye de Gourcy » ou encore « Titanic », ne dira pas le contraire. Après 27 saisons passées dans l’uniforme de l’armée de terre, avec le grade de sergent, quoi de plus normal que de garder les habitudes ! Turbulence, vivacité, énergie et autorité dans la prise de parole. Né en 1962 à Gourcy, Abdoulaye Ouédraogo rêvait de devenir militaire, « symbole de la force et de l’autorité », relate-t-il en souriant.

Un rêve devenu réalité, le jour où il fut enrôlé, formé et muté successivement dans les bases militaires de Dori et Bobo-Dioulasso et au camp Guillaume-Ouédraogo de Ouagadougou. Apres 27 ans de service, il devient comme lui-même le dit « premier sous-officier subalterne , devenu député dans l’histoire du parlement burkinabè ». Rien ne semblait destiner ce militaire à la vie politique. Et pourtant...

En 2014, alors qu’il était dans sa première année de retraite, Blaise Compaoré est chassé du pouvoir. Sans hésiter, il rejoint le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). En 2015, premier suppléant à la députation de sa circonscription électorale (province du Zondoma) pour le compte du MPP, il ne se voyait pas de sitôt à l’hémicycle. Pourtant, trois mois plus tard, il entre triomphalement dans la « cour des grands ». Son avantage : il est un habitué des locaux de l’Assemblée nationale où il a passé 17 ans comme chef de la logistique. Abdoulaye Ouédraogo a vu passer des présidents de l’Assemblée nationale comme Bongnessan Arsène Yé, Mélégué Traoré, Roch Marc Christian Kaboré...

Formé en mécanique auto pour le compte des Forces armées nationales, le député Ouédraogo s’est investi dans l’entreprenariat en fondant le Bar Titanic de Koudougou, un autre à Gourcy, et Espoir bar à Ouagadougou. Ses activités ne l’empêchent pas de conserver de bons rapports avec ses amis, tout en se faisant de l’argent. Sa vision de la vie peut être résumée ainsi : « Il faut aimer la douleur et la souffrance pour atteindre ses ambitions. Les paresseux n’ont pas de place sur la terre ».

En bon militaire, il dialogue avec les hommes politiques dont il sait supporter les foucades et les engagements hasardeux. Avec son goût des formules et des paradoxes, il suscite des débats, souvent avec un humour militaire. Aujourd’hui, il est vu comme un interlocuteur pittoresque, un homme ouvert et disponible. Pour lui, la politique, c’est « la lutte pour les siens ». La tâche préalable pour lui, c’est de reconstruire une communauté nationale fondée sur le lien civique de la parenté à plaisanterie. Ce qu’on lui reproche, « c’est son pragmatisme ».

L’homme de Gourcy ne sait pas « jouer à l’hypocrite ». Il va droit au but et dit les choses ouvertement, sans contours. Le comportement militaire est ancré en lui. « Je suis militaire ; les mesquineries politiques ne sont mes oignons », s’exclame-t-il. Pourtant, il doit apprendre à « tourner en rond », à jouer « aux jeux d’hommes politiques. « J’ai dû apprendre ces petits jeux de diplomate », s’amuse-t-il à dire.

« Abdoulaye de Gourcy ne tarde pas à menacer quiconque se met sur sa route, même les chefs. Il est trop direct pour être un homme politique. Il croit toujours que toute vérité est bonne à dire », relate une camarade de sa famille politique. Cependant, un membre de l’opposition considère Abdoulaye Ouédraogo comme un « suiviste de son parti. Il n’a aucune culture politique (…) ».

Abdoulaye Ouédraogo dit être « un farouche combattant pour l’autonomie financière des hommes politiques, la seule issue pour combattre la corruption en politique ». Il se considère comme un exemple, lui qui a été entrepreneur avant de s’engager en politique. Un exemple qu’il voudrait que les jeunes suivent, afin de sauvegarder « l’intérêt national ».

Père de deux enfants, ce « humaniste ouvert » voudrait que les générations futures retiennent de lui « un travailleur et un combattant qui a cru en ses rêves ». À l’endroit des jeunes, il n’a qu’un seul message : « La discipline dans le travail et la foi en soi ».

E.K.S
Lefaso.net

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