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Situation sanitaire à Ouagadougou : SOS pour les enfants des quartiers non-lotis

Publié le vendredi 19 avril 2019 à 14h00min

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Situation sanitaire à Ouagadougou : SOS pour les enfants des quartiers non-lotis

Les enfants des quartiers spontanés meurent plus que ceux des quartiers lotis. C’est l’une des conclusions de l’étude menée par Clémentine Rossier, Abdramane Bassiahi Soura et Géraldine Duthé sur ces zones d’habitation spontanées nées autour de Ouagadougou. Ces conclusions ont été présentées à la presse le mardi 16 avril 2019 à Ouagadougou.

Cette mortalité infantile élevée dans les quartiers non-lotis de Ouagadougou est due à l’environnement de vie de l’enfant. « Les recherches ont permis de comprendre que le milieu est insalubre en zone non-lotie, ce qui favorise la circulation des germes, les maladies infectieuses. Donc les enfants tombent plus souvent malades », soutiennent les chercheurs.

En plus de cela, il y a une propension à banaliser la maladie dans ces quartiers spontanés. L’enfant n’est conduit dans un centre de santé que lorsque les parents se rendent compte que la maladie a atteint un certain de niveau de gravité. « La maladie devient difficile à prendre en charge lorsqu’elle est grave », affirme Abdramane Bassiahi Soura. Les chercheurs ont également mis à nu une situation de malnutrition dans ces zones de Ouagadougou.

La situation change chez les adultes

L’étude a par ailleurs révélé que la mortalité est plus élevée chez les plus de 15 ans vivant dans les quartiers lotis. Cette situation s’expliquerait en partie par la migration. « Il faut être en bonne santé pour pouvoir migrer alors qu’on sait que la population des migrants est plus forte dans les quartiers non-lotis », soutient Abdramane Bassiahi Soura.

Les causes de cette mortalité sont liées au mode de vie des citadins qui entraîne de nouvelles maladies dites de « société » que sont l’hypertension, le surpoids, le diabète, etc. Cependant, ce sont les maladies infectieuses (pneumonie, tuberculose, VIH) qui sévissent dans les zones non-loties de la ville de Ouagadougou.

Les femmes âgées sont souvent laissées à elles-mêmes

Selon l’étude, dont l’objectif est de faire le point de l’accès de tous à une santé de qualité, les femmes âgées se retrouvent très souvent en situation de dépendance parce qu’elles sont veuves. « Les femmes vivent généralement plus longtemps que les hommes parce que les époux sont souvent plus âgés que leurs épouses. Les hommes vivent souvent leur vieillesse aux côtés de leurs épouses, tandis que les femmes vivent leurs derniers moments en étant veuves. Elles bénéficient alors de moins de ressources et dépendent du soutien de leurs enfants ou de leur entourage dans le voisinage », ont soulevé Abdramane Bassiahi Soura et ses collègues. Pourtant, ces femmes âgées vivent avec des difficultés physiques à se déplacer, accentuant leur dépendance. « Dans la cinquantaine, sept femmes sur dix connaissent de telles difficultés alors que ce n’est le cas que d’un homme sur quatre et au-delà de 70 ans, toutes les femmes connaissent ces difficultés », ont-ils ajouté.

Le choix de Ouagadougou comme laboratoire d’études

Selon les chercheurs, Ouagadougou présente des caractéristiques intéressantes pour l’étude. En effet, elle fait partie des capitales africaines qui connaissent un fort taux de croissance démographique annuel. Abdramane Bassiahi Soura soutient que ce taux se situe à 7% par an. Ce qui fait que d’ici à 2030, les projections prévoient près de 6 millions d’habitants à Ouagadougou.

Cette croissance s’explique par l’exode rural et par une forte natalité. « Ces gens qui viennent en ville seront confrontés à un certain nombre de difficultés. L’urbanisation n’est pas un mal en soi mais elle peut poser des problèmes sociaux si les modalités et les conséquences de cette urbanisation ne sont pas suffisamment prises en compte dans les politiques de planification de la ville. On va assister à une insuffisance dans l’accès à plusieurs services sociaux de base. En ce qui concerne les logements, on va voir apparaître les quartiers non-lotis avec une prolifération des populations dans ces quartiers. On va avoir des problèmes d’accès à l’éducation parce que les infrastructures scolaires sont insuffisantes. Il va également avoir des problèmes d’accès à la santé. Parce que les investissements en termes d’infrastructures sanitaires sont insuffisants par rapport au rythme de croissance de la population. Donc, on sera confronté à une série de difficultés en ville qui vont impacter sur la santé », affirme Abdramane Bassiahi Soura.

L’étude, qui révèle des inégalités en matière de santé, veut être un outil d’interpellation et de plaidoyer auprès des décideurs afin que des actions soient initiées en vue de résoudre ces problèmes.

JTB
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Vos commentaires

  • Le 22 avril 2019 à 10:55, par Abdoul wahab KIENDREBEOGO En réponse à : Situation sanitaire à Ouagadougou : SOS pour les enfants des quartiers non-lotis

    Bonjour j’ai trouvé ce rapport très interressant et pourrait guider des décisions futures des autorités municipales. Par ailleurs je suis statisticien a la Mairie de Ouaga et nous accordons beaucoup d’intérêt aux études menées sur le territoire communal. A cet effet j’aimerais savoir les démarches a entreprendre pour entrer en contact avec les auteurs de ce rapport. Merci.

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