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Royaume d’Arabie Saoudite : Changement de roi sur fond de continuité

Publié le jeudi 4 août 2005 à 07h57min

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Le Roi d’Arabie Saoudite, Fahd Ibn Abdelaziz, décédé à l’aube de lundi dernier à l’âge de 84 ans, a rejoint "sa dernière demeure" mardi dernier à Ryad, devant une nuée d’émissaires et des chefs d’Etat du monde entier. Serviteur des Deux Lieux Saints de l’Islam, c’est dans la pure tradition musulmane qu’il a été enterré dans la simplicité, à même le sol.

Son demi-frère lui succède et la politique nationale, économique, pétrolière et internationale du royaume ne devrait pour l’heure, connaître aucun chamboulement.

La dépouille mortelle du roi d’Arabie Saoudite, serviteur des Deux Lieux Saints de l’Islam, a été inhumée lors d’une brève cérémonie au cimetière public de Ryad, la capitale saoudienne. Enveloppée de la dernière abaya de couleur marron (habit traditionnel saoudien) portée par le roi défunt, sa dépouille a été introduite à la mosquée étendue sur un simple brancard en bois hissé sur les épaules de huit fidèles, dont le plus jeune fils du défunt, le prince Abdel Aziz ben Fahd. Plusieurs milliers de fidèles musulmans ont assisté à cette cérémonie, qui a duré quelques minutes et au cours de laquelle le grand mufti, cheikh Abdel Aziz al-Cheikh, a récité les prières rituelles pour le "repos de l’âme du défunt et le pardon de ses offenses", avant son inhumation.

Le regretté serviteur des Deux Lieux Saints de l’Islam faisait partie de ces hommes qui ont marqué une période de l’histoire du Royaume d’Arabie Saoudite par leur gouvernance. Il était convaincu que hisser le Royaume d’Arabie Saoudite au rang des Etats modernes servirait en fait les enfants de toute la Nation.

Sous son règne, le pays a connu une ère de progrès et de prospérité à la faveur de laquelle la terre d’Arabie a atteint le niveau de développement des Etats avant-gardistes. Le pays a connu une mutation profonde à la faveur d’une urbanisation moderne, et de ses terres désertiques, l’eau a jailli générant tant de bien-être et de prospérité au bénéfice de la société toute entière. Le développement de l’Arabie Saoudite, sous son règne, a touché tous les domaines de la vie, notamment la culture, l’éducation, l’information et l’économie faisant du Royaume une destination incontournable pour le monde entier qui a eu à mesurer les qualités nombreuses du défunt et sa générosité. Une générosité qui profitait à l’homme en général, partant de l’importance qu’il représente de par sa nature. Tout en œuvrant pour cette évolution, le défunt était soucieux de préserver les nobles principes du Royaume et son attachement aux valeurs de l’Islam.

Fier de servir les Deux Lieux Saint de l’Islam - la mission qui lui tenait le plus à cœur - le défunt qui préférait le titre de serviteur des Deux Lieux Saints à tout autre honneur, s’est dévoué au service des pèlerins. Il a transformé les Lieux Saints de l’Islam en véritables chefs-d’œuvre sacrés, à la hauteur de leur grandeur. Pour assurer aux pèlerins, qu’ils soient du Burkina, d’Indonésie, des Etats-Unis, d’Afrique du Sud ou d’ailleurs de bonnes conditions d’accomplissement de leurs rites religieux, d’énormes moyens ont été investis par le roi défunt.

De même qu’il était soucieux d’entourer de ses soins tous les hôtes d’Oum El Koura (la Mecque).

Le souvenir du défunt restera pour beaucoup d’analystes, lié à sa magnanimité et à sa bravoure..., au service d’une nation musulmane ouverte sur l’avenir.

La communauté internationale salue la mémoire du défunt

La communauté internationale a, dans son ensemble, exprimé hier sa peine et salué la mémoire du roi d’Arabie saoudite, Fahd Ibn Abdel Aziz.

Le gouvernement espagnol a de son côté décrété pour aujourd’hui un jour de deuil national "en raison des profonds liens historiques d’amitié et de solidarité" existant entre l’Espagne et l’Arabie Saoudite. Le chef de l’Etat espagnol, le roi Juan Carlos, a notamment rappelé les liens "d’affection et d’amitié" qui l’unissaient au défunt roi.

La reine d’Angleterre, Elisabeth II a pour sa part exprimé sa tristesse en apprenant la nouvelle du décès. De son côté, le Premier ministre, Tony Blair a rappelé que le roi Fahd "était un homme d’une grande vision (...), qui a inspiré ses concitoyens pendant un quart de siècle".

Le président américain, George W. Bush, a présenté ses condoléances au roi Abdallah Ibn Abdelaziz, lors d’un entretien téléphonique, a annoncé la Maison Blanche.

Le président Bush "a appelé le roi Abdallah, nouvel "élu" du trône, pour lui présenter ses condoléances après le décès du roi Fahd", a déclaré à la presse le porte-parole de la Maison Blanche, Scott Mclellan. M. Bush a également félicité le roi Abdallah pour son "accession au trône" d’Arabie Saoudite, apprend-t-on selon des sources américaines. La France a également exprimé sa "profonde tristesse", soulignant que le Roi Fahd, qui "fut avant tout soucieux de la sécurité de son peuple", fut "le garant de l’intégrité de son pays et le défenseur de la stabilité régionale".

La Jordanie a décrété un deuil de 40 jours tandis que le Liban, la Syrie, le Maroc, le Yémen, l’Irak, l’Egypte et la Palestine notamment ont décidé un deuil de trois jours.

En Afrique comme en Asie, les mêmes réactions ont été enregistrées. Le président sud-africain, Thabo Mbeki, a exprimé son "énorme tristesse" à l’annonce de la mort du roi Fahd qui était un "bon ami" a-t-il indiqué. Le Pakistan a décidé d’observer une semaine de deuil national en hommage au roi Fahd, a annoncé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. Le roi était "un grand homme d’Etat qui a travaillé avec conviction à la paix mondiale, un soutien dévoué aux causes de la communauté musulmane et un ami sincère du Pakistan", a-t-il ajouté. Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Anann, le patron des Nations unies a exprimé sa "tristesse" à l’annonce de la mort du roi Fahd Ibn Abdelaziz d’Arabie saoudite, le qualifiant de "vrai ami" de l’ONU.

"Le roi (Fahd) était un vrai ami des Nations unies depuis le début, en assistant, en 1945, à l’inauguration de l’Organisation en tant que membre de la délégation saoudienne", a déclaré Kofi Anann, dans un communiqué diffusé par son porte-parole. On se souviendra de lui non seulement avec une "profonde affection et loyauté" parmi la population du royaume mais aussi "avec un profond respect au sein des communautés musulmane, arabe et mondiale", a souligné Kofi Anann.

Pas d’impact sur les prix du pétrole

La mort du roi Fahd d’Arabie saoudite devrait avoir peu d’impact sur les prix du pétrole car elle ne change rien à la politique d’offre du pays, premier producteur mondial de brut, estiment des analystes. Hier matin, le baril de brut a franchi les 61 dollars à New York à la suite de l’annonce du décès du roi Fahd, relevaient les analystes de la maison de courtage Sucden.

Sur un marché déjà très fébrile en raison de craintes liées aux capacités de raffinage, la triste nouvelle a provoqué une petite poussée, typique des réactions aux facteurs d’incertitude, mais les analystes avaient vite fait de relativiser la portée de cette nouvelle.

Le décès du roi ne remet pas en question le rôle du ministre du Pétrole depuis 1995, Ali Nouaïmi, une figure importante de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).

"Le nouveau roi Abdulhah a été un gestionnaire efficace des affaires saoudiennes depuis 1995", date à laquelle Fahd a souffert d’une embolie pulmonaire, "et peu de choses devraient donc changer", prévoyaient les analystes de Sucden.

"La politique pétrolière ne devrait pas être affectée le moins du monde", jugeait pour sa part un courtier londonien ayant requis l’anonymat.

L’Arabie saoudite dispose de réserves de pétrole estimées à 261,2 milliards de barils, soit plus du quart des réserves mondiales. Sa production actuelle est de quelque 9,5 millions de barils/jour (mbj) et le royaume affirme aussi disposer d’une capacité de production additionnelle de 1,5 mbj.

Confirmant les intuitions des courtiers, l’Arabie saoudite a rapidement rassuré les marchés sur le maintien de sa politique de stabilisation des prix.

"Les prix du brut sont en hausse lundi matin", résumait Kévin Norrish, économiste à la Banque Barclays Capital.

El Hadj Ibrahiman SAKANDE (ibra.sak@caramail.com)


Le Prince héritier Abdallah nouveau roi

Le Prince héritier Abdallah Ibn Abdelaziz, a été officiellement désigné Roi d’Arabie Saoudite. Né en 1923 à Ryad, le nouveau roi est le 13e fils du roi Abdel Aziz, fondateur du royaume. Il a été nommé en 1962 en tant que commandant de la garde nationale. Il devient deuxième vice-Premier ministre en 1975 et prince héritier en 1982. Il fut également à l’origine de la création de l’académie militaire roi Khaled, qu’il inaugura en 1982 au nom du Roi Fahd Ibn Abdelaziz.

Il "dirigeait" le royaume depuis le 29 novembre 1995 date à laquelle le roi Fahd a été victime d’une embolie cérébrale. Depuis juin 2000, il préside un Conseil de 18 membres, comprenant les personnalités les plus influentes de la famille royale. Le ministre de la Défense, Sultan ben Abdel Aziz, a été désigné prince héritier. Le nouveau roi d’Arabie Saoudite, Abdallah Ibn Abdelaziz, a maintenu le gouvernement saoudien dans ses fonctions.

"Tous les membres de l’actuel Conseil des ministres sont maintenus dans leurs fonctions, sous notre présidence", indique le premier décret royal rendu public à Ryad par le Roi Abdallah, après son accession au trône.

Le nouveau Prince héritier, Sultan Ibn Abdelaziz, qui gardera ses fonctions de ministre de la Défense et de l’Aviation, occupera également le poste de "vice-président du Conseil des ministres".

I. SAKANDE

Sidwaya

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