En cette matinée du samedi 16 mars 2019, les candidats au concours « Lecture pour tous d’ici à 2020 », en compagnie de leurs parents, ont pris d’assaut la cours du lycée Nelson-Mandela. Parmi eux, Edina Bado, élève en classe de CM2 à l’école Saints-Anges. Pour s’assurer de sa réussite, elle a mis toutes les chances de son côté. « Avant le jour de la composition, j’ai fait des exercices de français, calcul, les études de textes, les opérations et calcul et la dictée avec l’aide de ma maman », a-t-elle confié. Comme elle, Adiatou Guillaume Farue, élève à l’Ecole privée Le Manguier, est confiant. « Je ne suis pas à 100% sûr de ma réussite mais je vais tout donner, parce que j’ai quand même bien préparé ce concours ». Pour l’édition 2019, les épreuves écrites portent sur des matières telles que le calcul et le français, et non la rédaction et le dessin comme l’année précédente.

Sentant la peur au ventre des candidats, les surveillants n’ont pas manqué de leur prodiguer des conseils et de leur souhaiter « une bonne chance ». La journée a commencé par l’épreuve de calcul, la « bête noire » de certains élèves. L’opération et le problème sont respectivement notés sur 20, pour ce qui concerne les élèves du CM1 et du CM2. Ils ont eu 30 et 45 mn pour ces disciplines. S’agissant des candidats du CE2, l’opération est notée sur 10. Après une pause de quelques minutes, ils ont planché sur le sujet de l’épreuve de français. La dictée est notée sur 10, l’épreuve de questions sur 20 pour les élèves du CM1 et du CM2. A la faveur de ce concours, ce sont environ 40 enseignants qui ont été mobilisés. Dans l’ensemble, le processus s’est bien déroulé. C’est le constat que nous avons fait lors de notre passage au lycée Nelson-Mandela.

Améliorer le rendement des élèves

Comme le précise le promoteur, Frédéric Bancé, le concours « Lecture pour tous d’ici à 2020 » a été initié en 2009 à la suite d’un constat amer : « Les enfants ne lisent pas. Et comme ils ne lisent pas, nous avons décidé d’initier ce concours pour les amener à s’améliorer au niveau scolaire ». Au départ, ledit concours avait pour cible les élèves du secondaire mais depuis 2015, le promoteur a décidé de se focaliser sur les élèves du primaire. « Nous avons constaté qu’au secondaire, les enfants ont peur de se mesurer aux uns les autres », a-t-il justifié. Il rappelle par ailleurs que lors des éditions écoulées, les élèves ont compéti autour d’un roman. « On proposait un roman aux enfants pour lire et après on les évaluait pour s’assurer qu’ils ont bien lu ».

« Le concours a besoin de sponsors »

Au titre du bilan, M. Bancé s’est réjoui des acquis engrangés. « Depuis 2009, nous avons pu former 10 000 enfants », dit-il fièrement. Toutefois, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Ils sont confrontés à des difficultés d’ordre financier. « Je lance un SOS parce que ce n’est pas facile d’organiser un tel concours. Moi je ne pense pas qu’il y ait une autre chose plus intéressante que d’aider la jeunesse à se former pour être les futurs dirigeants du pays. Si nous avons un accompagnement, peut-être que nous allons prendre Nelson [ndlr : le lycée Nelson-Mandela], Zinda [ndlr : le lycée Philippe-Zinda-Kaboré] et autres établissements. Pour aller dans les écoles, ça coûte. Et puis, nous donnons des prix à la fin de l’édition. Nous demandons à ce que les autorités et tous ceux qui pensent qu’éduquer un enfant, c’est bâtir une nation, de nous accompagner », a ainsi plaidé le promoteur du concours.

Des parents d’élèves saluent l’initiative

Venu accompagner sa fille, Marchance Zonsèga a loué l’initiative et indiqué qu’elle permet aux enfants d’avoir l’esprit de compétitivité et d’excellence. « Avec leur niveau et leur jeune âge, si on leur permet d’avoir l’esprit d’excellence dans la tête, on pourra avoir de bons résultats pour le pays. Des moyens sont mis à la disposition de ma fille pour lui permettre d’être dans de bonnes conditions de réussite. En plus de notre soutien, ma fillette a un répétiteur qui l’encadre à la maison », ajoute-t-il. Autre son de cloche du côté de Moustapha Zébré, parent d’un garçonnet en classe de CM1.

« Dès qu’il m’a amené la fiche d’inscription, j’ai accepté et j’ai appelé les organisateurs pour les féliciter. Chaque soir quand il rentre à la maison, je l’invite à réviser tout ce qu’ils ont fait à l’école pour être prêt aujourd’hui. Je suis arrivé depuis 8h avec lui. On a pu retrouver sa classe avec quelques petites difficultés. Il s’est bien installé et ils ont même commencé les épreuves », a relaté M. Zébré. Il poursuit en ajoutant que « l’initiative permet aux enfants du CM1 d’avoir une idée sur la compétition et ce qui les attend quand ils seront au CM2 ».

La proclamation des résultats du concours est fixée au 13 avril prochain. En vue d’immortaliser l’évènement, il est prévu une cérémonie au cours de laquelle les dix meilleurs élèves seront primés. La « crème des crèmes » repartira avec un vélo, des ouvrages plus un trophée. Le deuxième recevra un téléphone portable et des ouvrages. Quant aux huit autres lauréats, leur prix est uniquement composé d’ouvrages.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net