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Algérie : La rue ne veut plus d’Abdelaziz Bouteflika

Publié le lundi 11 mars 2019 à 15h42min

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Algérie : La rue ne veut plus d’Abdelaziz Bouteflika

La candidature d’Abdelaziz Bouteflika à l’élection présidentielle algérienne d’avril prochain provoque d’importantes manifestations dans le pays. La rue conteste. Ils sont nombreux (universitaires, étudiants, commerçants, avocats…) à battre le pavé dans les différentes villes d’Algérie et même dans d’autres pays, pour dire non au 5e mandat de leur président. Car Abdelaziz Bouteflika est malade et se déplace sur un fauteuil roulant.

En Algérie, la rue n’est pas d’accord avec la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à l’élection présidentielle du 18 avril prochain. L’homme qui est à la tête de ce pays du Maghreb depuis 1999 tente de remplier pour un 5e mandat. Pourtant, il ne jouit plus depuis des années de toutes ses facultés physiques. Victime d’un accident vasculaire cérébral sévère depuis 2013, il se déplace aujourd’hui sur un fauteuil roulant. Il a également élu domicile dans les centres de santé, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays. Rien que le dimanche 10 mars au soir, Abdelaziz Bouteflika a regagné son pays, après deux semaines d’hospitalisation en Suisse.

La contestation touche plusieurs pans de la société. Les intellectuels universitaires, les étudiants, les avocats, les commerçants… s’opposent à la nouvelle candidature de leur président. Mais dans le camp d’en face, peu de réaction. Seulement le chef d’état-major de l’armée essaie de calmer le jeu. Le général Ahmed Gaïd Salah a assuré que l’armée « s’enorgueillit de son appartenance à ce peuple brave et authentique, et partage avec lui les mêmes valeurs et principes ».

Aujourd’hui, ces manifestations rappellent les mauvais souvenirs d’une certaine époque de l’histoire de l’Algérie. Dans la vie de ce pays, son évolution a déjà entraîné des vagues de violences et de terrorisme pendant une décennie. Ces conflits, selon les estimations, ont coûté la vie à entre 60 000 et 200 000 personnes avec des milliers de disparus et un million de personnes déplacées.

Il y a donc un grand risque qui plane encore sur ce pays de 2,382 millions de km². Mais cette fois, les choses ont changé, mais en pire. Une instabilité dans ce pays va entraîner également la montée en puissance des groupes djihadistes. On le voit déjà avec le désagrègement de la Libye. Certains pays d’Afrique comme le Mali, le Niger, la Tunisie, le Burkina Faso auront du mal à contenir les terroristes.

Mais Bouteflika, apparemment, minimise les grandes manifestations qui sont organisées dans son pays. Il ne connaît certainement pas l’histoire du Burkina Faso. Blaise Compaoré pourrait pourtant lui donner de bons conseils... Mais même si le Burkina Faso est trop loin de l’Algérie, ce pays est tout proche de la Tunisie de Ben Ali.

Aujourd’hui, c’est presqu’une insulte de dire que parmi les 41,32 millions d’Algériens, il n’existe aucune personnalité que le Front de libération nationale, le parti au pouvoir, peut proposer comme candidat. Le président lui-même doit savoir qu’il a plus besoin de soins que de pouvoir. Ses partisans, dans leur volonté inouïe de l’imposer, oublient aussi que leur champion n’est pas éternel.

Néanmoins, on retient aussi que l’homme a les mêmes droits que tout autre Algérien. Par conséquent, même si la loi l’autorise à se représenter, la rue pourrait avoir le dernier mot. Si c’est la personne de Bouteflika qui dérange les manifestants, ils n’ont qu’à faire comme les Sénégalais. Eux, ils ont chassé Abdoulaye Wade par les urnes. Tout ce beau monde qui manifeste peut donc envoyer le président se soigner à travers les urnes. En attendant, les deux parties doivent tout faire pour préserver l’unité nationale et la stabilité du pays.

Dimitri Ouédraogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 11 mars 2019 à 16:53, par Amadoum En réponse à : Algérie : La rue ne veut plus d’Abdelaziz Bouteflika

    Quelle situation triste !
    Apres avoir servi son pays toutes ces annees le president Bouteflika risque de sortir par la petite porte de ll’histoire de l’Algerie.

  • Le 11 mars 2019 à 18:17, par ACHILLE De TAPSOBA En réponse à : Algérie : La rue ne veut plus d’Abdelaziz Bouteflika

    Merci à Mr Dimitri OUEDRAOGO pour cet article épatant. Bouteflika vient de rénoncer au 5e mandat selon les dernières informations. C’est mieux pour lui et ses partisans car le peuple a le dernier mot. Nul est indispensable. Une minorité ne peut pas confisquer le pouvoir pour des intérêts inavoués et vicieux. Il y a des personnes malsaines se cachant derrière cette candidature qui profitent cyniquement pour piller les richesses du pays.
    Bravo au peuple algérien qui a su Bouteflika contraindre à rester sur son fauteuil roulant en attendant ses derniers jours. Pour les seigneurs africains (présidents) leurs règnes sont immortels. Une nouvelle ère va souffler en Algérie. On conjugue négativement Bouteflika dans le passé. Une fois bravo au peuple algérien qui a mis à un empire Bouteflika comme le BRAVE PEUPLE qui a honnorablement balayé en 2014 une monarchie de 27 ans de règne des frères Compaore.

    Vive l’Afrique
    Que le SEIGNEUR bénisse l’Afrique que Nous aimons tant. Amen.

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