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Christiane Coulibaly : La reine de la mangue séchée

Publié le vendredi 8 mars 2019 à 14h15min

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Christiane Coulibaly : La reine de la mangue séchée

Christiane Coulibaly, la cinquantaine rayonnante et mère de trois enfants, est à la tête d’une entreprise florissante de séchage de mangue à Toussiana, dans l’ouest du Burkina, à 420 km de Ouagadougou. En 2017, son entreprise a produit et vendu 250 tonnes de mangue séchée. Elle emploie 20 personnes à temps plein dont huit femmes et 850 saisonniers dont cinquante hommes.

Pourtant, la directrice générale de Tensya (unité de transformation de la mangue fraiche en mangue séchée), revient de loin. « Après mon certificat d’études primaires et une dizaine d’années de mariage difficile en Côte d’Ivoire, je suis rentrée au Burkina en 1982, sans formation et sans ressources financières ».
C’est d’une voix étreinte par l’émotion qu’elle parle de ce passé douloureux.
Revenue chez elle à Toussiana, ce bourg situé à 60 km de Bobo Dioulasso, au cœur du bassin de production de la mangue, elle ne rechigne pas à la tâche : travaux champêtres, cuisinière dans une école, animatrice dans une association…

Les années passent et cette femme, à l’énergie débordante, commence à s’ennuyer. L’occasion lui est offerte, en 1987, de découvrir autre chose. Elle se retrouve à Ouahigouya pour un stage d’un mois dans l’unité de séchage de mangue des groupements naam. C’est le déclic ! « Les femmes de Ouahigouya faisaient plus de 400 km pour venir chercher à Orodara , Toussiana et Banfora la mangue à sécher », se souvient-elle avec émerveillement. « Je me suis dit alors pourquoi moi qui dors avec les mangues je ne ferais pas la même chose. »

De retour à Toussiana, elle n’a qu’une obsession : monter une unité de séchage de la mangue. « J’ai appris le métier à Ouahigouya mais je n’avais pas les ressources nécessaires pour commencer. »

Cet obstacle de taille n’est pourtant pas fait pour décourager cette battante qui en a vu d’autres. A force de travail et d’abnégation, elle obtient, en 1993, un appui de 44 000 francs CFA d’une organisation non gouvernementale. Ce financement lui permet d’acheter son premier séchoir solaire en forme de coquillage, plus adapté au séchage des légumes que des fruits. Peu importe ! Trois ans plus tard elle passe à six séchoirs. « On se moquait de moi à cause de la mauvaise qualité des mangues séchées ».

Sans céder au découragement, cette dame, qui ne lâche rien, cherche plutôt à améliorer la qualité de ses produits. Elle obtient en 1996 un prêt d’un million de francs CFA auprès de la coopération allemande. Avec ce financement, elle s’équipe en séchoirs à gaz de type Attesta.

En 2008 son chemin croise celui du Programme d’appui aux filières agro sylvo pastorales (PAFASP). Cette rencontre confère à son unité une dimension quasi industrielle. « L’accompagnement du PAFASP a été déterminant dans le développement de mon unité se séchage », reconnait –elle.
Outre les formations et l’accompagnement pour l’obtention des certificats nécessaires pour l’export de la mangue séchée, le PAFASP a surtout subventionné l’acquisition par son entreprise de deux séchoirs tunnels en 2011 et 2014 pour un montant cumulé de 43 millions de francs CFA.

L’introduction du séchoir tunnel, une technologie venue d’Afrique du Sud, a apporté une véritable révolution au sein de son entreprise. Ce séchoir a notamment permis de réduire la pénibilité du travail, d’améliorer la qualité du produit fini et d’augmenter de façon significative les quantités produites. L’Attesta produit 20kg /24 h de mangue séchée tandis que le tunnel en produit 250 kg/24h. Au vu des performances du tunnel, Christiane Coulibaly a acquis sur fonds propres, en 2015 et 2016 quatre autres séchoirs tunnel.

« Je produisais à peine 50 tonnes de mangue séchée par campagne. Depuis l’acquisition du tunnel, j’ai produit 65 tonnes en 2012 et 250 tonnes en 2016 », se réjouit Mme Coulibay, la cinquantaine rayonnante. Elle a renforcé son parc de séchoirs portant leur nombre à 12 avec des séchoirs tunnel de nouvelle génération.
Ce nouveau type de séchoir a un temps de séchage de 16h contre 24 pour l’ancienne génération et utilise une chaudière avec comme combustible des coques d’anacardes et des noyaux de mangue, réduisant ainsi de façon significative la facture énergétique de l’entreprise.[ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Adama SAVADOGO (Collaborateur)
Lefaso.net

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