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Portrait de femme : Jeanne Koulidiaty, père et mère « sans enfant »

Publié le vendredi 8 mars 2019 à 14h16min

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Portrait de femme : Jeanne Koulidiaty, père et  mère « sans enfant »

Une vie utile, sans artifice ni calcul, au service des plus vulnérables. Ainsi, se résume l’histoire de Jeanne Koulidiaty, cette dame qui redonne espoir aux jeunes filles et orphelins chez elle, dans la province de la Tapoa. Dans le cadre de la journée internationale du 8 Mars, nous sommes allés à la rencontre de ce « refuge » caché dans l’Est du Burkina profond. Découverte.

Il est des femmes que le travail n’épouvante guère et dont le cœur ne prend aucune ride. Au diable le sablier ! A Diapaga, à environ 450 kilomètres de Ouagadougou, la capitale burkinabè, Jeanne Koulidiaty, 53 ans, loin des crépitements de flashs, est une mère pour beaucoup d’enfants en difficultés qu’elle ne connait ni d’Adam ni d’Eve. Environ une quinzaine. Ses proches ne tarissent pas de qualificatifs pour définir cette amazone qui accueille à bras ouverts les orphelins et victimes de mariage forcé et leur donne une nouvelle chance : travailleuse, joviale, directe, sociable et surtout humaine.

Humaine au point qu’il est difficile de s’imaginer, en rentrant dans sa cour pleine de garnements, que les dieux de la fertilité ne l’ont jamais visitée. « Je n’ai jamais eu d’enfants. Ce n’est pas un choix. J’étais malade. Tant que je ne le dis pas, personne ne peut le savoir », nous dit-elle le regard profond, avec un brin de sourire au coin des lèvres.

Mère malgré elle

Parmi ces jeunes qui ont retrouvé l’envie de vivre grâce à notre amazone, il y a cette fille mariée de force à l’âge de 13 ans. C’était il y a quatre ans de cela. « Un mois après son arrivée chez moi, ses parents ont débarqué avec son époux. Ils étaient venus la chercher. La fille leur a dit de s’en aller. Sa mère toute confuse n’en revenait pas. Elle lui a rappelé que c’est elle qui l’a mise au monde. La fille a répondu ‘’non’’ et a répondu en disant que ‘’si tu m’avais mise au monde, tu aurais pris ma défense quand mon mari me battait. Mais tu ne l’as pas fait. Aujourd’hui, je ne te reconnais plus. Va- t’en ! ».

Jeanne Koulidiaty se souvient de cet épisode qui l’a ébranlée. Mais à force de courage et de persévérance, la jeune fille suit aujourd’hui une formation en couture et fait désormais la fierté de ses parents.

Son défunt père, sa source d’inspiration

Lorsqu’une adolescente est en difficultés, Jeanne Koulidiaty prend toujours le soin d’avertir les services de l’action sociale avant de l’héberger. Cet engagement pour les causes perdues, Jeanne le tient de son père, Georges Koulidiaty, vétérinaire de profession et polygame. « Le vieux, c’était mon pote sûr. Il m’aimait bien. Il était ma force », nous confie l’amazone qui a dû abandonner les bancs de l’école en classe de 5e, en 1983, pour rester au chevet de sa mère souffrante.

« Quand ma mère est tombée malade, je ne pouvais pas supporter qu’elle ne puisse pas faire la cuisine et soit la risée de ses quatre autres coépouses. J’ai donc arrêté l’école. Mon papa m’avait remis mes frais de scolarité pour mon inscription mais je les ai utilisés pour acheter du sucre et plein d’autres choses pour vendre le zoom koom (boisson de petit mil), afin de me faire quelques économies », raconte celle qui pratique également l’élevage des cochons, tout comme son père avant elle.

Si Jeanne arrive à apporter son soutien aux personnes vulnérables, c’est aussi grâce à ses talents de cordon bleu qui séduisent les papilles des habitants, dans le restaurant qu’elle exploite dans l’enceinte de l’ex-centre populaire des loisirs. Elle y emploie une dizaine de jeunes.

« Souvent, je suis en désaccord avec mon frère. Il ne comprend pas que je puisse venir en aide à tant de personnes dans ce restaurant. Quand quelqu’un expose son problème, si j’ai de l’argent, je lui en donne. Même s’il m’arrive souvent de refuser sur- le -champ, je rappelle aussitôt la personne pour lui remettre l’argent. Il m’arrive de prendre de l’argent aussi avec ma mère pour le remettre aux gens ».

Pour l’accès des femmes à la terre

Femme leader, Jeanne Koulidiaty en est assurément une. Déléguée adjointe des femmes CDR sous la révolution, elle a par ailleurs géré l’huile Cathwell dans toute la Tapoa. Qui l’eût cru ! Jeanne a aussi fait ses armes en politique aux côtés de son ex-mari, Ouoba Gérard qui fut député sous la bannière de l’ODP/MT (Organisation pour la démocratie populaire/Mouvement du travail).

Elle a été élue conseiller municipal pendant deux mandats successifs avant de s’éloigner de la chose politique pour se consacrer à ses activités de développement. Présidente de la coordination provinciale des femmes de la Tapoa, elle s’investit corps et âme pour une autonomisation de la femme rurale. Fortement impliquée dans le projet « Un monde sans faim – les droits fonciers de la femme en Afrique de l’Ouest » de la Fondation Konrad Adenauer, elle organise des séances de sensibilisation à travers des théâtres fora.

Sortir de l’ombre

Dans le cadre des activités commémoratives de la journée internationale de la femme, célébrée chaque 8 mars, les femmes de la Tapoa conduites par Jeanne Koulidiaty ont prévu une opération de salubrité à la mairie, au Haut-commissariat, à la direction provinciale de l’action sociale et à la maison de la femme.[ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 7 mars 2019 à 18:55, par Icilondres En réponse à : Portrait de femme : Jeanne Koulidiaty, père et mère « sans enfant »

    Merci GRANDE DAME AU GRAND CŒUR ; "TOUT ce que vous faites aux plus petits d’entre vous, c’est à moi vous le faites". Puisse Christ vous bénir en ce temps de pénitences.

  • Le 7 mars 2019 à 19:54, par le fils du pauvre En réponse à : Portrait de femme : Jeanne Koulidiaty, père et mère « sans enfant »

    Voilà une patriote, qui sans étiquette politique apporte sa modeste contribution au développement du pays. Je propose qu’elle décorée avec agrafe Action sociale à l’occasion du 8 mars. Bravo dame Kouldiaty !

  • Le 7 mars 2019 à 20:59, par La vérité En réponse à : Portrait de femme : Jeanne Koulidiaty, père et mère « sans enfant »

    Bravo dame Koulidiaty. Vous êtes une source d’inspiration. Dieu vous le rendra au centuple. Je suis d’accord avec l’internaute "le fils du pauvre" qu’on la décore. Voici des gens qui aiment leur patrie. A bas les mercenaires terroristes qui ne propereront jamais ni sur terre ni au ciel.

  • Le 8 mars 2019 à 03:45, par Ouagadougou En réponse à : Portrait de femme : Jeanne Koulidiaty, père et mère « sans enfant »

    Bonne fête du 08 mars à toutes les femmes (mais aussi à tous les hommes). Félicitations au journaliste qui a eu l’initiative de ce reportage et à ses responsables qui lui ont permis de la faire. Bravo à Madame KOULDIATY pour cette générosité et ce don de soi pour servir une cause sociale si noble. Vous êtes une vraie mère. La vraie grandeur, ce n’est pas celle qui se réserve pour les occasions d’exception, mais celle qui s’exprime tous les jours par les renoncements méconnus, les sacrifices sans bruit, le dévouement ignoré.

    Puissions-nous nous en inspirer, chacun(e) de nous, pour construire ce lien social si vital au devenir heureux de notre pays.

  • Le 8 mars 2019 à 08:53, par Sayouba Traoré En réponse à : Portrait de femme : Jeanne Koulidiaty, père et mère « sans enfant »

    Chers collègues, il faut absolument que je rende visite à cette dame, micro et camera au poing.

    • Le 9 mars 2019 à 07:20, par LAÏCO En réponse à : Portrait de femme : Jeanne Koulidiaty, père et mère « sans enfant »

      Sayouba Traoré ,c’est une gourmatché , c’est donc votre esclave !
      Au lieu de la rejoindre à Diapaga avec caméra et micro , vous devrez la convoquer à Paris pour qu’elle s’explique !
      Plus sérieusement je pense que cette Dame n’a rien à envier à Aissa Doumara la Camerounaise qui passe en boucle sur France 24 à l’occasion de la journée de la femme . Dieu va la décorer !

  • Le 8 mars 2019 à 16:10, par SOMĖ En réponse à : Portrait de femme : Jeanne Koulidiaty, père et mère « sans enfant »

    Dites moi chers compatriotes quels sont les faits et Œuvres de ces messieurs qui étalent à la moindre occasion "chevalier de ceci cela" etc. Que valent aujourd’hui les décorations de la chancellerie au Burkina en dehors du copinage ?
    Mme kouldiaty à des médailles qui surpassent vos médailles
    SOME

  • Le 8 mars 2019 à 17:09, par Petit Minitaire En réponse à : Portrait de femme : Jeanne Koulidiaty, père et mère « sans enfant »

    Ça, c’est vrai mama africaine authentique même quoi. Je sais que dans Burkina, quelqu’un comme toi Jeanne, ne peut pas gagner médaille de chancelier de l’ordre X, Y, Z. Encore moins une allocation du budget social national pour aider des va-nu-pieds qui votent pas pendant election. Mais, ce n’est pas grave même si on ne regarde les gens qui ne travaillent pour les pauvres. Vous avez l’amour vrai des plus petits et c’est plus importants que les médailles de reconnaissance qu’on distribue souvent m’importe comment. Bonne fête de journée internationale des femmes, toi, une Mami Faso. Merci aussi au journaliste de Fasonet pour cet article exemplaire.

  • Le 8 mars 2019 à 17:41, par COULIDIATI SERAPHIN PALAMANGA OUSSEINI En réponse à : Portrait de femme : Jeanne Koulidiaty, père et mère « sans enfant »

    Que DIEU te bénisse TANTI et te donne la force d’être une lumière pour nous tes enfants,je remercie également le seigneur de nous avoir donner ce cadeau du ciel,

  • Le 8 mars 2019 à 19:28, par saando En réponse à : Portrait de femme : Jeanne Koulidiaty, père et mère « sans enfant »

    bcp de courage a cette dame . que DIEU l a recompense au centuple de ses bien fait.bravo au fasonet

  • Le 9 mars 2019 à 20:20, par Mimi guire En réponse à : Portrait de femme : Jeanne Koulidiaty, père et mère « sans enfant »

    Merci bien pour tout ce que vous pour nos jeunes soeurs et puis dieu vous donner toute la consécration nécessaire dont vous aurez besoin pour voir ministre sur terre. Merci bien tantie

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