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50 ans du FESPACO : « Il y a une crise de la pensée du développement de l’Afrique », déclare Aminata Dramane Traoré

Publié le jeudi 28 février 2019 à 22h30min

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50 ans du FESPACO : « Il y a une crise de la pensée du développement de l’Afrique », déclare Aminata Dramane Traoré

Dans le cadre des 50 ans du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), la chercheuse en sociologie, par ailleurs, ancienne ministre malienne de la Culture, Aminata Dramane Traoré, a été invitée à faire un témoignage sur le festival, au sortir du colloque international de cette 26e édition. Un témoignage qui a pris l’allure d’un « coup de gueule ».

« Quand on dit que le colloque a contribué à l’émergence d’une conscience collective, je n’en suis pas tellement sûre. En tout cas, quand je regarde l’état des lieux, parce que la question fondamentale de l’image de l’Afrique produite par elle-même pour contrer celle qu’on nous renvoie de nous-mêmes, c’est une question centrale qui nous interpelle aujourd’hui plus que jamais.

En tant que membre du jury de la dernière édition, je me suis dit qu’il y a un potentiel extraordinaire de créativité, de transformation de l’Afrique conformément à nos intérêts. Mais est-ce que nous ne sommes pas en train de perdre cette opportunité précisément parce que nous nous fourvoyons dans la question du marché exactement comme les décideurs ? Il y a une crise de la pensée du développement de l’Afrique. Le débat sur la culture est-elle une marchandise comme une autre ? Nous avons eu ce débat ; il y a de vrais problèmes, de problèmes d’une gravité sans précédents. Aujourd’hui, il est requis de nous de les prendre à bras le corps.

(…) Les cinéastes, les écrivains et tous ceux qui ont aujourd’hui besoin de sous pour faire quoi que ce soit, doivent s’aligner. J’ai compris que lorsqu’on écrit un scénario, vous pouvez être amenés à réécrire votre scénario parce que le bailleur de fonds ne veut pas que vous touchiez aux questions qui fâchent. Ces questions sont bien entendues le retour en force des anciennes puissances coloniales au nom de la croissance de nos ressources naturelles. C’est cela le fin fond du débat, on est piégé par ça. Quand les cinéastes se voient contraints à penser en termes de marché d’abord, comment se vendre, alors on se fourvoie ».

Propos recueillis par Cryspin Masneang Laoundiki
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