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50 ans du FESPACO : Vers des états généraux des archives en Afrique ?

Publié le mercredi 27 février 2019 à 12h30min

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50 ans du FESPACO : Vers des états généraux des archives en Afrique ?

Ouvert le lundi dernier, le colloque international de la 26e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) s’est achevé le mardi 26 février 2019. Après deux jours d’échanges, des recommandations ont été formulées afin de promouvoir davantage le cinéma africain. Nous vous proposons quelques-unes d’entre elles.

« Confronter notre mémoire et forger l’avenir d’un cinéma panafricain dans son essence, son économie et sa diversité ». C’est sous ce thème principal que les professionnels du cinéma ont échangé à l’occasion de la 26e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) qui, par ailleurs, coïncide avec les 50 ans du festival.

Ce thème a été « zoomé » par les acteurs de la chaîne cinématographique. En effet, le thème a fait l’objet de trois ateliers à savoir « Confronter notre mémoire, « Forger l’avenir et pérenniser le FESPACO » et « Les nouvelles bases économiques ». En présence du coordonnateur de ce colloque, Gaston Kaboré, les rapporteurs ont procédé à la restitution des travaux.

« Confronter notre mémoire »

Selon Pr Aboubacar Sanogo, rapporteur du premier atelier, les participants ont fait savoir que le FESPACO sert de point de repère aux afro-descendants. Pour être plus précis, l’intervenant a rappelé l’arrivée officielle de la diaspora africaine au FESPACO en 1985.

« Que la pensée revienne au sein du FESPACO comme point central des conversations ». Un participant a fait constater que les débats d’idées manquent au FESPACO, contrairement aux années 90. Mais comment repenser l’histoire du cinéma africain à la lumière du présent ? Cette interrogation a fait l’objet d’un sous-thème sur lequel les professionnels du cinéma se sont longuement attardés. De ces débats, il faut retenir que le développement des technologies oblige désormais à repenser le cinéma africain.

Un autre aspect, c’est la dépendance économique de l’industrie cinématographique. Cette dépendance, selon un participant, tue le rêve du cinéma africain. Tout en suggérant de se défaire de la dépendance économique, l’intervenant a aussi proposé de se défaire de la dépendance politique.

La question de l’archivage est revenue lors des échanges. Il était question de chercher à savoir comment préserver, avoir accès et permettre de repenser l’histoire du cinéma africain. Face à ce défi, la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI) a proposé d’organiser les états généraux des archives en Afrique, puis de créer une association des archives africaines, qui va servir de lobby pour la question du patrimoine cinématographique africaine.

« Forger l’avenir et pérenniser le FESPACO »

« Chaque génération doit découvrir sa mission et la remplir ». C’est sur cette note qu’un intervenant a rappelé que le défi pour la jeunesse aujourd’hui, c’est de s’inspirer de l’héritage légué, rapporte Félicien Oké.

Tout en rappelant que la clé du succès du cinéma africain tient à trois facteurs importants (une bonne école de cinéma, une bonne volute critique et un bon festival), un participant a déclaré que le FESPACO a porté la voix des peuples africains hors du continent. Mais comment ce festival peut-il garder l’énergie de ses pionniers sans tomber dans la sociologie du cinéma ? A cette question, le même intervenant demande à ce festival, pour les 50 ans à venir, de reconquérir le capital confiance énorme qu’il a su installer. Toutefois, il a proposé de corriger le manque d’engouement des médias internationaux pour le FESPACO.

En ce qui concerne la pérennisation du FESPACO, Félicien Oké a indiqué qu’il a été suggéré la mise à jour des bases de données sur le site web officiel du FESPACO. Ce grand festival du cinéma africain n’a que moins de 2 000 followers sur les réseaux sociaux, donc on a proposé d’impliquer la jeunesse pour accroître ce chiffre.
Au cours des échanges, il a également été question de généraliser le FESPACO. C’est pourquoi les participants ont suggéré de « le délocaliser dans les villes du Burkina pour les mettre [les films] au contact des populations rurales. »

« De nouvelles bases économiques »

Pour ce dernier atelier, la reprise du partenariat avec Royal Air Maroc est considérée comme la preuve d’un soutien public, nous informe Hadjaratou Djarassouba, rapporteuse du troisième atelier.

Au cours des échanges, « la nécessité d’utiliser uniquement les films nouveaux au sein du festival a été soulignée à plusieurs reprises. »

Pour la question du financement du cinéma africain, les participants ont souligné que l’Etat a un rôle précis à jouer, de peur qu’il se charge de tout et que cela change le contenu des films.

Un réalisateur nigérian a partagé l’expérience de son pays en invitant les autres à utiliser leurs propres moyens. Selon lui, les gens disent que « le cinéma nigérian n’est pas de qualité ; pourtant, c’est [un] cinéma qui rayonne hors de ses frontières. »

Dans la foulée, Félicien Oké a indiqué que tout ce qui a été rapporté n’est qu’un condensé des interventions. Les rapporteurs ont pris le soin d’enregistrer toutes les interventions, donc ils vont les retranscrire intégralement plus tard.

Cryspin Masneang Laoundiki
LeFaso.net

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Vos commentaires

  • Le 28 février 2019 à 08:10, par HUMBERT Lucien En réponse à : 50 ans du FESPACO : Vers des états généraux des archives en Afrique ?

    article qui mérite une réflexion de fond et un suivi.
    Il fait écho d’une certaine manière au propos du film HAKILITAN.
    Tout est dit dans : « Confronter notre mémoire et forger l’avenir d’un cinéma panafricain dans son essence, son économie et sa diversité »

    La mémoire à penser pour inventer l’avenir ou rester dans le passé ?
    En dépit des idées soustendues dans l’affiche de cette édition du FESPACO, des réactions émotionnelles à certains films ont exprimé avec une violence radicale un rejet de la différence : différence d’inclination, différence d’écritures (qui devraient être "endogènes" ou" indigènes ?"). La technologie du cinéma étant importée au départ il est bien question d’une appropriation endogène, me semble-t-il. Et cette appropriation doit être professionnelle (endogènement parlant) et pas seulement dictée par une enquête d’opinion populaire, me semble-t-il.

    La question des afro-descendants qui irriguent le Monde ?

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