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Procès du putsch : « On a été invectivé, menacé », témoigne le Colonel-major Alassane Moné

Publié le mercredi 27 février 2019 à 13h17min

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Procès du putsch : « On a été invectivé, menacé », témoigne le Colonel-major Alassane Moné

Le Colonel-major Alassane Moné, à la demande du Parquet militaire, est revenu sur l’épisode de la rencontre entre la délégation des sages avec les éléments du RSP au camp Naaba-Koom. Rappelons que cette délégation était composée du témoin lui-même, du chef-d’Etat major général des armées, le Général Pingrenoma Zagré, de l’ancien président Jean Baptiste Ouédraogo et de Monseigneur Paul Ouédraogo, archevêque de Bobo-Dioulasso.

« Il a fallu même que nous soyons escortés entre le ministère de la Défense et le camp. Arrivés, la situation était électrique. Le ton avec lequel nous avons été accueillis défiait toute insolence. On a été invectivé, menacé. Ils nous ont demandé ce qu’on est venu chercher. Ils nous ont dit qu’on était en connexion avec les forces spéciales françaises et que si on les attaquait, ils mourraient avec les otages ».

A la question du parquet de savoir quelle a été l’attitude du Général Gilbert Diendéré au moment des menaces, le témoin a déclaré que les membres de la délégation s’attendait à ce que le Général les soutienne en intervenant pour dissuader les hommes mais « il est resté silencieux de bout en bout. Ça été difficile ».

Toujours à la question du ministère public de savoir qui sont ceux qui ont proféré des menaces à l’encontre des membres de la délégation, le Colonel-major Moné Alassane a relevé que même si des officiers (les capitaines Dao Abdoulaye et Zoumbri Oussène) ont pris la parole pour s’insurger contre la manipulation et la provocation du Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, les sous-officiers ont été les plus menaçants. Et il a cité notamment l’Adjudant-chef Nébié Moussa dit « Rambo », l’Adjudant Nion Jean Florent et le Sergent-chef Koussoubé Roger dit « Le Touareg ».

Appelé à la barre pour se prononcer sur les déclarations du témoin, le Sergent-chef Koussoubé Roger s’est dit étonné que l’ancien SG du ministère de la défense ait mentionné son nom alors qu’il n’était pas dans la salle de réunion. Il a pris pour témoins le Général Diendéré et d’autres officiers du corps. « Je ne sais même pas ce qu’ils se sont dits là bas. Je ne sais pas si c’est à cause du nom « Touareg » qu’on m’a donné, qu’on m’ajoute partout... ».

A sa suite l’Adjudant Nion Jean Florent a déclaré que le témoin ne le connaît pas et ne peut d’ailleurs pas voir ceux qui ont proféré des menaces puisqu’ils ne sont pas dans le box des accusés. A la demande du parquet de connaître l’identité de ces soldats, l’accusé a déclaré qu’il lui serait incapable aujourd’hui, quatre ans après les faits, de donner des noms au risque de se tromper.

Quand à l’Adjudant-chef Nébié Moussa, il a reconnu avoir pris la parole mais n’a pas tenu des propos discourtois et menaçants.

Le Capitaine Zoumbri Oussène, lui, s’est excusé à la barre d’avoir pris la parole à la rencontre. Il a fait remarquer qu’il était absent au début des échanges et n’était pas au courant qu’il y avait un blocage au niveau du ministère de la Défense. « Je m’excuses d’avoir posé des questions ce jour-là, car tout ce qui m’arrive découle de cela ».

Après lui, le Capitaine Dao Abdoulaye a rappelé que le Colonel-major Moné Alassane est comme un père pour lui et ses camarades de la Promotion 1992 du Prytanée militaire de Kadiogo qu’il commandait à l’époque. « J’ai pris la parole à la rencontre pour demander au collège des sages de nous aider à régler le problème rapidement ».

Enfin le Général Gilbert Diendéré s’est réjoui que le témoin ait confirmé, qu’à la date du 16 septembre, il n’était pas question de coup d’Etat. Toutefois il a maintenu que c’est bel et bien lui qui a présidé la rencontre du 17 septembre.

Pourtant le Colonel-major Moné est catégorique : c’est le Général Pingrenoma Zagré qui a présidé ladite réunion car c’est lui qui l’a convoqué, qui a introduit la rencontre, qui a distribué la parole, qui a conclu les débats et qui a levé la séance. « Même si le Général Diendéré a tenu le crachoir pendant longtemps, ce n’est pas lui qui a conduit les débats », maintient le témoin.

A l’audience de ce mercredi 27 février, le lieutenant Jacques Limon, directeur de cabinet du ministre de la Défense au moment des faits, a été rappelé à la barre pendant le témoignage du Colonel-major Moné Alassane.

Notons qu’à sa première comparution l’homme s’en était pris au rapport d’expertise téléphonique de M. Younoussa Sanfo et avait révélé qu’il est dans le box des accusés parce qu’il a refusé de faire signer un marché public de 347 millions de francs CFA qui comportait, selon lui, des irrégularités. Il aurait reçu la visite de l’expert Sanfo, du directeur de la justice militaire, le Colonel Sita Sangaré, et le juge d’instruction de l’époque.

Le Colonel major Moné Alassane a déclaré qu’il n’a jamais vu et parlé à l’expert Sanfo et n’était pas au courant des tractations entre lui et le lieutenant, en dehors de la version que lui avait donnée l’accusé.

Ce dernier s’est emporté contre le parquet. « Quand vous avez des gens ainsi, c’est énervant à la fin. Je me sens harcelé et je dois me défendre. Le parquet dit que j’ai magouillé pour me faire décorer. On me dit que je suis complice d’un complice. Pourquoi l’Etat doit payer du matériel à l’expert pour faire son travail. Soit il est expert, ou il ne l’est pas ».

En guise de réaction, le parquet militaire a fait remarquer à l’accusé qu’il doit avoir un minimum de considération à son égard car il représente la société. « Véritablement, je n’ai pas encaissé vos mots ‘´des gens ainsi...’´ J’ai été toujours été courtois avec tout le monde », a déclaré l’accusation.

Le lieutenant Limon a retiré ses mots.

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Vos commentaires

  • Le 27 février 2019 à 13:33, par HUG En réponse à : Procès du putsch : « On a été invectivé, menacé », témoigne le Colonel-major Alassane Moné

    Franchement on ne comprend plus rien, on ne sait plus que dit la vérité. Ah la justice des blancs est très compliqué. On ne comprend plus rien

  • Le 27 février 2019 à 14:52, par caca En réponse à : Procès du putsch : « On a été invectivé, menacé », témoigne le Colonel-major Alassane Moné

    Il faut comprendre ce procès à la manière burkinabé et n’est pas chercher une rationalité dans les dépositions des témoins. On n’a pas besoin d’être un magistrat expérimenté pour comprendre le deal des témoins et le parquet militaire. Comment comprendre qu’un responsable de l’armée vient accuser les prévenus qu’il n’est même pas capable d’identifié ? Les témoins se sont concertés pour venir chargés le Gal Diendéré et sa troupe, parce qu’ils croient que c’est fini pour lui. La stratégie des témoins est quand même solide dans la mesure où qu’il fallait jouer de la sagesse afin de libérer les otages. Mais on peut quand même déceler une sorte de complicité avec les putschistes, étant donné que l’attaque des soldats de l’intérieur n’a été commandé par cette CEMGA. C’est évident que vous avez dit non au Gal Diéndéré, mais est resté mou dans la réaction. Dans votre ligne de déposition vous ne faites même une mention d’une réunion que vous aurez organiser pour préparer une riposte.

  • Le 27 février 2019 à 15:03, par Kilich En réponse à : Procès du putsch : « On a été invectivé, menacé », témoigne le Colonel-major Alassane Moné

    Je crois que ce procès est terminé.
    Pour les "je demande pardon" au tribunal, attendez la journée de la réconciliation.

  • Le 27 février 2019 à 15:13, par Amadoum En réponse à : Procès du putsch : « On a été invectivé, menacé », témoigne le Colonel-major Alassane Moné

    C’est ca aussi la justice des blancs, comme dit HUG. Si vous etes sideres par ce qui se passe, attendez qu’a la fin du proces qu’on vous dise que pour une question de "technicalite" (un mot ou acte de trop ou de moins), tout le proces est a l’eau. Ces magistrats qui sont alles a l’ecole du blanc ou la poursuite de la verite n’est pas necessairement ce qui est attendu a la fin d’un proces, mais plutot qui a la commande de la langue de Moliere.

    Comment peut-on apaiser les coeurs de cette maniere ?

  • Le 27 février 2019 à 16:27, par Manuel En réponse à : Procès du putsch : « On a été invectivé, menacé », témoigne le Colonel-major Alassane Moné

    Bonjour des coeurs de qui parlez vous ?
    De ceux qui sont morts et ceux de leurs familles, ou bien de ceux qui sont devant la justice ?
    Réconciliation, réconciliation ! Les combattants n ont rien contre personne, mais croire que nous allons retourner à la réconciliation modèle Blaise compaore , réveillez vous les gars, ce temps est parti à Abidjan.
    Un conseil : rejoignez le là-bas pour l aider à réconcilier Soro et ADO, les monstres qu’il a créés
    Gloire éternelle au peuple burkinabè

  • Le 27 février 2019 à 16:40, par Dedegueba Sanon En réponse à : Procès du putsch : « On a été invectivé, menacé », témoigne le Colonel-major Alassane Moné

    Admettons que la hiérarchie ait eu un louvoiement complice, selon Golf et stratégique selon cette hiérarchie, que gagnons nous en nous focalisant sur ce que moi je considère comme un détail dans ce procès ? Et je me répète être juste impliqué parce qu’on n’a pas ouvertement dit non, ou même qu’on ait fait semblant de cautionner sous contrainte, et être carrément à la tête du putsch, laquelle des deux postures est la plus condamnable ?
    De toute façon ce n’est pas à Golf de déterminer si oui ou non la posture de cette hiérarchie vis à vis du putsch fait d’elle une complice ou pas. Les juges ont l’intelligence pour apprécier.
    Maintenant l’attitude de Golf vis à vis de cette hiérarchie, fait douter de sa bonne foi surtout qu’ailleurs sur les implications d’autres acteurs du putsch,Golf refuse de parler ou de dire la vérité.
    J’en arrive à me demander sur ce qu’il y aurait comme contentieux entre lui et le Grl ZAGRE, au point où ce dernier se croit obliger de dire qu’il n’a pas fait un témoignage accablant contre Golf. A l’opposé pourquoi Golf tient à l’implication du Grl ZAGRE ?
    Une histoire de "promo", sans doute. J’espère qu’en classe ils n’étaient pas des rivaux ?
    Ne nous éloignez pas du but du jugement, chers Généraux...

  • Le 27 février 2019 à 17:58, par Yako En réponse à : Procès du putsch : « On a été invectivé, menacé », témoigne le Colonel-major Alassane Moné

    Le colonel Mone semble dire la verite visiblement c’est un good man qui n’a de probleme avec personne .On peut en deduire que le putsch est la la consequence directe de l’incapacite et de la hierarchie militaire et de Mr Kafando a faire raisonner le sous-colonel Zida pas seulement
    a cause de l’animosite entre lui et les elements du rsp mais aussi le detournement de deniers publics mainte fois signale a Michel Kafando.L’absence du Lieutenant-Colonel Zida au proces meme comme temoin pose un serieux probleme du droit.Peut etre que les accuses sont condamnes avant l’instruction.

    • Le 28 février 2019 à 08:18, par Zot En réponse à : Procès du putsch : « On a été invectivé, menacé », témoigne le Colonel-major Alassane Moné

      C’est de quel sale problème de droit tu parles ici ? C’est le procès du putch pas celui de Zida. Pourquoi tu ne demandes pas la présence du président Kafando et des autres ministres ? Et si Zida était mort lors de ce putch est-ce pour autant que le procès ne devrait pas avoir lieu ? Même si vous êtes contre Zida vous devriez attendre la fin de la transition pour lui régler ses comptes mais pas faire un coup d’état car en ce moment c’est au peuple que vous allez rendre compte.

  • Le 28 février 2019 à 07:08, par LE VILAIN En réponse à : Procès du putsch : « On a été invectivé, menacé », témoigne le Colonel-major Alassane Moné

    Je suis parfaitement d’accord avec tous ceux qui croient que tous ces hauts gradéq sont complices avec mon Général. ZAGRE est le vrai taupe dans cette histoire. Seulement ils ont changé position avec leurs camarades qui sont assis avec les robes noires. Oui parce que deux ont leurs noms situés lors du procès.

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