La chasse à l’Etalon d’or de Yennenga est ouverte. Le Burkina Faso est rentré dans la compétition avec le film « Hakilitan » ou mémoire en fuite. Il est l’œuvre du réalisateur Issaka Konaté. Pendant 75 minutes, le jury et les cinéphiles ont visionné des images faites de fiction et d’interviews. Le film parle de la mémoire collective filmique. Celle-ci a frôlé une destruction totale lors des inondations du 1er septembre 2009 à Ouagadougou. Il évoque donc l’envahissement de la cinémathèque africaine par les eaux. L’histoire est jouée par un professeur amnésique dont la vie remonte par bribes à la surface.

Le film est diversement apprécié par les uns et les autres. Certains cinéphiles n’ont pas pu cerner tous les contours du film. D’autres par contre disent avoir compris. C’est le cas de Oumar Sanogo de l’UEMOA. Pour lui, c’est un très beau film. Il donne selon lui beaucoup de morale aux uns et aux autres en ce qui concerne les comportements dans la vie humaine d’aujourd’hui. Il dit être touché par ce film. Il y est dit que de tout temps c’est le verbe qui fait le mal. C’est pourquoi, comme le dit l’adage, on doit remuer la langue sept fois dans la bouche avant de parler.

Pour le réalisateur, le film était un genre documentaire au départ en 2009. C’est par la suite que la fiction s’est invitée dans le projet. Pour lui, son œuvre est capricieuse et fragile. Il demande de la disponibilité pour la recevoir. Il faut de la patience. Dans le film, il y a le passé et le présent. Il critique aussi le fait que la mémoire des hommes se retrouve aujourd’hui sur Internet. Les mémoires sont confiées aux androïdes, croit-il savoir. Il estime qu’il a fait son long métrage pour l’œuvre elle-même. Mais, a-t-il conclu, s’il y a un prix, c’est toujours un plus. Pour le moment, si le prix est attribué en fonction du thème, Hakilitan est bien parti.

Dimitri Ouédraogo
Lefaso.net