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Dédougou : Marche meeting contre l’impunité et la stigmatisation des communautés

Publié le lundi 25 février 2019 à 00h23min

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Dédougou : Marche meeting contre l’impunité et la stigmatisation des communautés

Après Ouagadougou, Bobo et Dori, la cité de Bankuy a été retenue le samedi 23 février 2019 par le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communauté (CISC) pour abriter la marche de protestation contre les tueries de Yirgou. Une grande mobilisation qui a connu l’adhésion des différentes communautés de la région de la Boucle du Mouhoun et des environnants.

La population de Dédougou n’a pas marchandé sa participation à cette marche du Collectif pour dire non aux exactions subies par les populations de Yirgou le 1er janvier 2019. C’est ensemble comme un seul homme que les marcheurs ont pris d’assaut les artères de la ville de Dédougou pour dénoncer les assassinats ciblés dans la commune de Barsalogho. Le désarroi se lisait sur les visages des marcheurs sous le chaud soleil de l’harmattan. Enturbannés, écharpes au cou ou en boubous, c’est ainsi qu’on pouvait identifier la majorité de ceux qui sont sortis pour crier leur ras le bol. Ce fut à travers des cris intérieurs, silencieux et par la gestuelle exprimant le refus de l’injustice subis par les populations du village de Yirgou que les marcheurs ont pris la direction du gouvernorat de la région de la Boucle du Mouhoun.

Entrecoupée par des pauses, la marche, selon certains manifestants, est légendaire au regard de la mobilisation dans la ville de Dédougou. C’est ce qu’a laissé entendre Issouf Boly, maïeuticien au CHR de Dédougou : « Je pense que vue la mobilisation, c’est plus qu’une joie. Les gens sont sortis manifester leur désarroi par rapport à ce qui s’est passé à Yirgou. Je pense que c’est une première à Dédougou de voir cette population qui a bravé le soleil et le vent. Les gens sont en train de prendre conscience de ce qui s’est passé à Yirgou car sans la communauté, il n y a pas de vie, nous vivons en interrelation, nous vivons sous la dépendance des autres, sans cette cohésion sociale le Burkina n’a pas d’avenir. »
C’est à 9h 45 mn que les marcheurs sont arrivés au gouvernorat.

Là, le haut- commissaire a reçu le Collectif en l’absence du gouverneur en mission. Un message a été livré par le porte-parole du jour, Hassane Barry, chef de canton de Oury. Dans ce message destiné au président du Faso, on retient l’extrait suivant : « Les cris et les hurlements des femmes, des enfants, des vieillards et des hommes de Yirgou, en ce début janvier ont déchiré le cœur et la conscience des habitants de la région de la Boucle du Mouhoun. C’est avec consternation et stupeur que nous avons appris et vu les images de ce qui s’est passé effectivement à Yirgou et environ en ce début du mois de janvier. » Voilà ce qui a motivé les populations de la région de la Boucle du Mouhoun à sortir pour dire non à ce que le Collectif qualifie de massacres et d’extermination des bras valides de la communauté fulbé de la zone de Yirgou.

Au gouvernorat, c’est la colère que ruminait cette foule, les bras en l’air, pour désapprouver la stigmatisation de la communauté fulbé en particulier et de toute communauté dans l’avenir. Pour le collectif, c’est la toute première fois que le Pays des hommes intègres vit un tel massacre où 210 personnes sont tuées durant des jours du fait de leur appartenance ethnique sans que l’autorité n’intervienne, malgré l’alerte donnée dès le début.

La condamnation était le maître mot dans les différentes interventions de cette marche meeting. Du représentant des communautés vivant dans la région de la boucle du Mouhoun, au représentant du chef de canton de Dédougou, des religieux, de la coordination régionale et nationale. C’est à l’unisson que les populations réclament de vive voix la justice pour les victimes décédées, la restitution des biens disparus, la prise en charge totale et gratuite des blessés, le retour des déplacés de Yirgou dans leurs domiciles respectifs.

Les marcheurs ont repris le même itinéraire pour rejoindre la place ‘’Melon gare ‘’. Parmi eux, très endurant, un des marcheurs qui est visiblement septuagénaire et qui a suivi le rythme de la marche malgré l’âge. Cette présence atypique réconforte les marcheurs et plus encore M. Barry qui déclare : « Les groupes ethniques ont des relations séculaires mais avec ces tueries, les auteurs ont brisé tous les totems. » Après ces interventions traduites en langues dioula et fulfulde, le secrétaire général du Collectif, Dr Diallo Daouda, a fait le bilan actualisé de la situation. Le Collectif a dénombré 210 morts et 160 000 déplacés. La somme de 3millions de FCFA a été mobilisée pour l’achat de médicaments. Pour l’heure, M.Diallo annonce qu’aucune arrestation n’a été enregistrée.

D. Lawali

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Vos commentaires

  • Le 25 février 2019 à 10:03, par Un Burkinabê En réponse à : Dédougou : Marche meeting contre l’impunité et la stigmatisation des communautés

    Tout ça c’est de l’hypocrisie. La 1ère sémonce contre les peulhs a eu lieu à Dédougou pendant la Révolution. Il a fallut que le Président Sankara joue au médiateur pour apaiser la situation. La Boucle du Mouhoun est une des régions les plus riches du Faso mais aussi la plus pauvre en infrastructures routières, marchandes, socio-économiques, communicationnelles. Ces insuffisances tuent plus de 200 personnes (toutes ethnies confondues) par an dans cette région de la Boucle du Mouhoun et ce depuis les 27 années de dictature de Blaise. La route de Solenzo est impraticable, les populations de Balavé, Tansilla et Sami arrivent à rejoindre difficilement Solenzo, Toma et Tougan ont des problémes similaires de routes, n’en parlons pas du pont situé entre Nouna et Sanaba qui est en très mauvais état pendant la saison pluvieuse. Les Balés n’ont aucune bonne route en dehors de la RN No1. Très peu de barrages hydrauliques dans la région avec l’ensablement à grande échelle du fleuve Mouhoun. C’est sur ces sujets que nous devons fortement nous mobiliser. Blaise Compaoré et son CDP (je souhaite que ce parti soit dissout au verdict du push du CND) ont trahi les populations de cette partie de notre pays en ne respectant aucune promesse tenue à part la construction de la route Bobo-Dédougou et Koudougou-Dédougou-Nouna-Frontière du Mali (400km de goudron au total).
    Loin de moi l’idée de dire que nous devons être indifférent à Yirgou. Je dis que les organisateurs de la marche auraient dû commencer par ce qui aurait un impact significatif sur la qualité de vie des populations de la région de la Boucle.

  • Le 25 février 2019 à 11:19, par SID PAWALEMDE En réponse à : Dédougou : Marche meeting contre l’impunité et la stigmatisation des communautés

    A Yirgou, aucun peulh n’a été tué. Ce ne sont que des djihadistes qui ont été tués, donc il ne faudra pas crier à la stigmatisation. Tout comme à Kabonga et à la Kompienga, on a tué des djihadistes qui ont pour nom de famille Diao mais on n’a pas tué de Peulhs même si ce sont des Diao, alors ne confondons pas les choses. A l’attention de ce collectif qui brandit que "les auteurs ont brisé tous les totems" moi je dirai non mais que ce sont ceux qui après avoir criblé de bals le chef de Yirou ont choisit de dégainer un couteau et d’égorger le chef comme un mouton qui ont brisé tous les totems. Le Burkina ne connait pas çà. Qui les a apprit qu’on égorge une personne même morte par bals. Fermez votre bouche M. Boly car ce qui s’est passé à Yirgou vous dépasse. C’est un conseil.

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