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Campagne cotonnière 2005-2006 : Objectif, 600 000 tonnes pour la SOFITEX

Publié le lundi 1er août 2005 à 08h04min

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Le directeur général de la Société burkinabè des fibres textiles (SOFITEX), Célestin Tiendrébéogo a effectué du 21 au 25 juillet 2005 une tournée dans les régions cotonnières de Koudougou, Diébougou et Houndé pour mesurer la physionomie de la campagne 2005/2006.

Un périple d’environ 1 500 km en zone rurale a permis d’observer le stade de développement des plants et de discuter avec les cotonculteurs pour appréhender leurs difficultés actuelles. Dans l’ensemble, la campagne s’annonce bien. La SOFITEX espère atteindre seule dans sa zone, 600 000 tonnes d’or blanc soit la production nationale de la campagne écoulée réalisée à trois avec Faso Coton et SOCOMA.

Les paysans de la zone cotonnière de la Société burkinabè des fibres textiles (SOFITEX) ne désarment pas dans la production de l’or blanc malgré la baisse du prix du kilogramme de coton (de 215 à 175 F CFA) et la hausse de celui du sac d’engrais, Urée et NPK (de 12 500 à 12 950 F CFA) pour la campagne 2005-2006. Face à ces facteurs limitant leurs revenus, les cotonculteurs ont pris le taureau par les cornes et ont accru les surfaces de leurs exploitations pour maintenir leur profit.

L’on observe une hausse des superficies de coton dans toutes les régions par rapport à l’année dernière : Koudougou, 52 000 hectares (ha) contre 47 000 ha, Diébougou : 32 500 ha contre 25 000 ha et Houndé, 81 000 ha contre 72 900 ha. Les chefs de ces différentes régions respectivement Abdoul Paulin Rouamba, Abdoulaye Koumaré et Arsène Somda ont tous confié que la campagne cotonnière 2005-2006 s’annonce bien dans l’ensemble. Les cotonculteurs ne rencontrent pas de problèmes majeurs pour l’instant.

La pénurie d’intrants due à l’augmentation des surfaces a été résolue. Aucune attaque parasitaire n’a été signalée. "Globalement la physionomie de la campagne se présente comme souhaitée. Elle est précoce dans certaines zones et tardive dans d’autres. Toutefois elle est très avancée cette année dans toutes les régions par rapport à l’année dernière", ont indiqué les techniciens de terrain. Si toutes les conditions pluviométriques sont remplies et les techniques culturales respectées, la SOFITEX pourra battre cette année dans sa seule zone la production nationale de l’année dernière à savoir six cent (600) mille tonnes.

La tournée du directeur général (DG), Célestin Tiendrébéogo du 21 au 25 juillet 2005 dans les zones cotonnières de Sapouy, Léo, Cassou, Dano, Koper, Diébougou, Koumbia, Houndé, Pompoï et Safané s’inscrit dans la réalisation de cet objectif de production. Un périple d’environ 1 500 km a conduit une forte délégation de techniciens et d’agents de terrain dans une centaine d’exploitations cotonnières pour constater l’évolution de la campagne et recueillir les difficultés des producteurs. Les paysans de ces localités ont réaffirmé aux premiers responsables de la SOFITEX leur volonté de faire de l’or blanc, le moteur de l’économie nationale. Nombre d’entre eux ont procédé à l’extension de leurs superficies cultivables et acquis des équipements agricoles pour atteindre de meilleurs rendements.

Les plants connaissent un développement tardif à Koundi dans le département de Cassou (Sissili). L’heure est au sarclage. A Nankar, département de Zambo (Ioba), les paysans procèdent à la mise des engrais. Ailleurs dans le champ de Oumarou Kaboré dans le village de Lam, département de Léo, le coton est au stade de floraison. A Wikoun dans le département de Béréba (Tuy), Lonkou Bihoun exploite activement son champ de 45 ha avec deux tracteurs.

Il espère une production au-delà des 66 tonnes de l’année dernière. "Ni la baisse du prix du kilogramme ni la hausse de celui du sac d’engrais ne nous découragent pas. Cela est lié à un phénomène mondial. Nous faisons tout pour maintenir le Burkina Faso au premier rang des pays producteurs et aussi nos revenus de l’an dernier en augmentant nos superficies", ont expliqué les producteurs. Tout au long de la tournée, Célestin Tiendrébéogo et le directeur du développement de la production cotonnière, Georges Yaméogo ont recommandé aux cotonculteurs le respect de toutes les étapes de culture pour permettre des récoltes rapides afin d’éviter les éventuelles difficultés d’enlèvement. "Dès le 15 octobre, il faut que les récoltes commencent", a souhaité le DG de la SOFITEX. Toutefois, Célestin Tiendrébéogo reste conscient que la hausse de la production demande de nouveaux investissements.

Lors de la rencontre de Cassou avec les cotonculteurs, ceux-ci n’ont exprimé qu’une seule doléance : la construction d’une usine d’égrenage à Léo. "La couverture optimale des zones cotonnières en usine est une préoccupation de la SOFITEX", leur a signifié M. Tiendrébéogo. Il a indiqué que des concertations sont engagées avec le pool bancaire et l’Agence française de développement (AFD) pour doter à court terme les localités à fort rendement d’usines d’égrenage. Cependant la ruée vers l’or blanc ne doit pas empêcher la production céréalière.

L’autosuffisance alimentaire d’abord...

Dans ses adresses aux cotonculteurs, le DG de la SOFITEX n’a cessé de leur rappeler "qu’il faut manger avant de cultiver du coton". Dans leur politique de vulgarisation de la cotonculture, les techniciens de terrain encouragent la rotation des cultures. Un conseil de gestion agricole et familial est institué dans chaque village par la SOFITEX pour promouvoir l’autosuffisance alimentaire.

"Nous conseillons aux paysans qu’avant de produire du coton, il faut cultiver d’abord les céréales pour nourrir sa famille et constitué un stock de sécurité alimentaire toute l’année", a expliqué Emile Ouédraogo, correspondant coton de Dano-Koper.

Cette approche permet au producteur de connaître ses besoins en céréales et de prévoir ses revenus de l’or blanc pour la construction d’habitat moderne, l’achat d’engins à moteurs et l’acquisition d’équipements agricoles performants. La rotation des cultures vise à apporter aux céréales l’engrais du champ de coton précédent. Cette technique aide à accroître la production céréalière. Pour ce faire, les agents de terrain demandent aux paysans l’utilisation de la fumure organique pour atténuer le coût de l’engrais minéral.

Dans toutes les exploitations visitées, les cotonculteurs essaient au mieux d’équilibrer leur surface entre culture de coton et de céréales. "Tout grand producteur de coton est aussi un meilleur cultivateur de céréales et un bon éleveur. Ces activités vont de paire. J’ai entendu parler de la faim cette année mais je ne l’ai pas connue", a soutenu François Tani, vice-président de l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB). Sur son exploitation à Wally dans le département de Koumbia (Tuy), il cultive 28 ha de coton et 15 ha de céréales. L’année dernière, M. Tani a réalisé 46,870 tonnes de coton et récolté 504 sacs de maïs.

Les zones cotonnières sont aussi les localités excédentaires en céréales", a ajouté Georges Yaméogo, directeur du développement de la production cotonnière à la SOFITEX. Selon un correspondant coton, il ne peut y avoir de concurrence entre coton et céréales car il est permis au cotonculteur d’utiliser une partie des intrants fournis par la SOFITEX pour la production céréalière.

Jolivet Emmaüs


Un "paysan" à la tête de la SOFITEX

Dans les exploitations de coton, le directeur général de la SOFITEX n’hésite pas à troquer ses habits de gestionnaires et de premier responsable contre ceux d’un agronome et de paysan. Il engage des débats de fond avec les paysans. Il maîtrise son sujet et sait ce qu’il dit en théorie et en pratique au grand étonnement des paysans. Du semis à la cueillette, Célestin Tiendrébéogo rappelle aux cotonculteurs toutes les bonnes méthodes pour accroître leur rendement.

Le DG n’hésite pas à mesurer l’écart entre les plants ou prendre la calebasse d’engrais pour enfouir lui-même l’intrant dans la terre. L’école de reconversion de l’ex-ministre du Budget en cotonculteur aguerri se trouve dans une exploitation à Karangasso Vigué, véritable bastion de l’or blanc dans la province du Houet. Depuis 1999, Célestin Tiendrébéogo y cultive 21 ha de coton, 15 ha de maïs, 5 ha de niébé (haricot) et 2 ha de riz avec ses deux tracteurs et ses bœufs de labour.

Pendant la campagne agricole 2003-2004, il a récolté environ 15 tonnes de coton et 200 sacs de maïs. Lorsque Célestin Tiendrébéogo parle de l’or blanc, on oublie si vite qu’il a été jadis ministre du Budget du Burkina Faso. C’est un véritable "paysan" qui cherche à établir des échanges constructifs et fructueux avec ses collègues cotonculteurs.

J.E.


Les Peulhs rivalisent avec les Bobos à Kari

Non contents que les Bobos excellent dans leur domaine de prédilection l’élevage, les Peulhs, parents à plaisanterie des premiers, se sont lancés eux aussi dans la cotonculture. A Kari, village Bwaba dans la province du Tuy, département de Houndé, les Peulhs possèdent de vastes exploitations d’or blanc en plus d’importants parcs de bétail. Les Peulhs ont décidé d’attaquer les Bobos sur leur propre base : le coton, longtemps considéré comme le secteur privilégié des Bobos. Leur groupement de producteurs de coton (CPC-camp peulh) d’une soixantaine de membres s’illustre comme l’un des meilleurs de la zone. L’un de ses acteurs, Kalifou Barry espère fructifier ses richesses avec ses 17 ha de coton. Il s’investit également dans la culture des céréales : 3 ha de sorgho et 1,5 ha de maïs. Il utilise la fumure organique issue de son parc d’une centaine de têtes de bovins pour accroître son rendement agricole. La culture de l’or blanc attire tout le monde dans son rayon de richesse. Si les Peulhs ont accepté rivaliser avec leurs parents à plaisanterie sur ce terrain-là, ils refusent de les affronter sur un autre : le dolo.

J.E.


Coton et appauvrissement des sols

Lors de la tournée du DG de la SOFITEX dans les régions cotonnières, la question de l’appauvrissement des sols a été longuement évoquée. Accusés d’appauvrir les terres arables, les responsables de la SOFITEX s’inscrivent en faux contre les tenants de telles thèses dont le seul but est "de décourager la culture de l’or blanc au Burkina Faso". Pour Célestin Tiendrébéogo, c’est un faux débat entretenu par des "profanes" en matière d’environnement, d’agronomie et de techniques culturales. "Ceux qui nous accusent d’appauvrir le sol n’ont pas d’arguments solides. Quand il mène un débat sur la question, il n’y invite pas l’INERA, la seule structure spécialisée sur ce sujet au Burkina Faso", a-t-il confié.

M. Tiendrébéogo rappelle aux détracteurs que le coton n’a été introduit ici qu’en 1924 alors qu’il a fait son apparition en 2000 avant Jésus Christ en Egypte. Pourtant les terres de ce pays demeurent fertiles, la culture de l’or blanc y est toujours pratiquée bien que le Nil ne dépose plus ses limons sur ces sols depuis la construction du barrage d’Assouan.

"Une terre qui ne bénéficie pas d’un apport continuel en éléments nutritifs va forcément s’appauvrir", a indiqué Célestin Tiendrébéogo. Un système de rotation des cultures, conseillé par la SOFITEX permet aux cotoncultueurs d’avoir de meilleur rendement de céréales. "Un bon producteur de coton ne peut pas avoir faim. Ses céréales profitent des engrais du champ antérieur de coton. Les contonculteurs sont aussi les meilleurs en céréales", a ajouté François Tani, vice-président de l’UNPCB.

Pour le DG de la SOFITEX, l’une des rares institutions agricoles au Burkina Faso se soucie de l’environnement : "Nous employons 120 cadres ingénieurs en Eaux et Forêts, en agronomie et en ressources animales". Une classification de l’INERA des cultures appauvrissant le sol situerait le coton loin derrière l’igname, le pois sucré et le maïs. "Nous ne voulons pas créer la polémique mais que le débat soit mené par des spécialistes" a souhaité Célestin Tiendrébéogo.

J.E.


Le coton, source de modernité et de modernisme

"Les cotonculteurs d’aujourd’hui ne sont pas ceux des années 1960". C’est en ces termes que le DG de la SOFITEX a signifié aux journalistes le bien-être social et matériel que la culture de l’or blanc entraîne dans les zones rurales. Les revenus tirés du coton permettent aux paysans d’acquérir des équipements agricoles modernes, d’améliorer leur habitat, de scolariser leurs enfants, de se garantir des soins médicaux primaires, de s’acheter des engins à moteur et surtout d’entrer dans l’ère des technologies de l’information.

A Pirkou, dans le département de Koper, Célestin Somda s’est construit une villa avec douche interne en pleine campagne, tandis qu’à Gombeledougou, Boureima Zallé cultive son champ avec un portable en poche n’hésitant pas à contacter l’agent coton en cas de difficulté. La délégation a même été escorté à Kari (Tuy) par une dizaine de cotonculteurs roulant chacun à bord d’une Mercedes 100.

Les zones cotonnières de Dano, Dissin, Ouessa (Ioba) et Bourra (Sissili), Koumbia, Pâ, Sébédougou, Goumbelédougou (Tuy) sont couvertes en téléphonie mobile. 2 500 cotonculteurs de Karangasso Vigué (localité ayant reçu 5 milliards de F CFA en 2005 pour son or blanc) ont adressé une requête à l’UNPCB afin que l’Union intervienne pour l’installation de Celtel dans leur département.

"L’argent se trouve désormais en campagne", ont reconnu les journalistes.

J.E.

Sidwaya

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