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Procès du putsch du CND : Un acteur de cinéma et un cacique de l’ex-parti au pouvoir à la barre

Publié le jeudi 31 janvier 2019 à 01h32min

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Procès du putsch du CND : Un acteur de cinéma et un cacique de l’ex-parti au pouvoir à la barre

Ce mercredi 30 janvier 2019 était le troisième jour de l’audition des témoins. Deux témoins se sont prêtés à cet exercice devant la barre du tribunal militaire, à savoir le comédien Rasmané Ouédraogo et Achille Tapsoba, premier vice-président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), l’ex-parti au pouvoir.

Bien connu des cinéphiles sous les surnoms « Raso » ou « Ladji », Rasmané Ouédraogo était loin des caméras et des plateaux de tournage en cette matinée du 30 janvier 2019. Appelé à la barre en qualité de témoin et non pour ses talents de comédien, Raso affirme avoir filmé, depuis sa résidence, des éléments de l’ex-RSP en train de molester des civils dans la rue à l’aide de cordelettes et de ceinturons lors des évènements du putsch. Une vidéo qu’il a balancée sur les réseaux sociaux.

Suite au témoignage du comédien, le président du tribunal a invité le témoin Harouna Mandé à passer à la barre. Ce dernier étant absent, c’est finalement le 1er vice-président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Achille Tapsoba, qui est invité à la barre. Accusé au début, celui-là même qui a bénéficié d’un non-lieu et cité comme témoin affirme que le 16 septembre 2015, le secrétariat permanent de son parti a tenu une réunion à son siège à Ouagadougou. L’ordre du jour concernait la question des listes électorales qu’il fallait compléter. La réunion a pris fin entre 13h et 14h.

Selon toujours le témoin, c’est au cours de cette réunion que le président du parti, Eddie Komboïgo, a ramené un petit carton dans lequel se trouvaient 15 millions de francs CFA. Cette somme devait servir à lancer la campagne pour les élections qui débutaient officiellement le 20 septembre 2015. C’est ainsi que sur instruction de son président, il a procédé à une répartition et il a été décidé que la région du Centre devait prendre 10 millions de francs CFA.

Et c’est ce que Salifou Sawadogo, en son temps 4e vice-président du parti, a pris. Le témoin insiste sur le fait que c’est peu après la fin de la réunion qu’il a appris, ainsi que ces camarades au siège, qu’il y avait un problème à la présidence du Faso. Il dit avoir quitté le siège avant 19h pour son domicile.

Son camarade de parti, Salifou Sawadogo, n’est pas de cet avis. L’accusé affirme qu’après la réunion du matin, lui, Achille Tapsoba et Anicet Pooda, secrétaire général du parti, se sont rendus au jardin Yennenga pour se restaurer. C’est après que Zambédé Théodore Sawadogo du CDP est venu et Faiçal Nanéma (accusé dans ce procès) a échangé avec eux. C’est à cet endroit qu’ils ont appris que les autorités étaient mises aux arrêts. Ce qui les a poussés à anticiper une réunion informelle.

C’est au cours de cette réunion informelle, à laquelle Achille Tapsoba, Eddie Komboigo, Léonce Koné, Fatoumata Diendéré (épouse du général Diendéré) et bien d’autres camarades ont pris part, que la question de la sécurisation des domiciles a été soulevée. Surtout que la situation était confuse et qu’en 2014, lors de l’insurrection populaire, beaucoup de camarades avaient perdu leurs maisons suite aux incendies.

La décision étant prise, le président du parti, Eddie Komboïgo, décide d’aller faire un retrait en banque et revient plus tard avec 15 millions de francs CFA (dans un carton) et 10 millions de francs CFA lui ont été remis. Après avoir reçu ce montant, l’accusé dit avoir joint au téléphone Noël Sourwema afin qu’il convoque, le même soir, ses sections pour une importante information.

Ni l’accusé Léonce Koné, encore moins le témoin, ne corroborent les dires de leur camarade politique. Aussi, au cours de cette audition, il a été question d’une somme de 20 millions de francs CFA que Moïse Traoré Nignan, militant du CDP, aurait remise à Salifou Sawadogo pendant les évènements du coup d’Etat. Léonce Koné reconnaît que ces 20 millions de francs CFA proviennent des 50 millions venus de la Côte d’Ivoire voisine.

Marcus Kouaman
(kmagju@gmail.com)
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 31 janvier 2019 à 02:26, par Lool En réponse à : Procès du putsch du CND : Un acteur de cinéma et un cacique de l’ex-parti au pouvoir à la barre

    Avec ce récit, c’est la totale. Le CDP parti putschiste a organisé en main le soutien du CND. Alors mes chers juges quelle preuve attendez vous encore pour juger le CDP et prononcer sa dissolution ? Qu’attendez vous encore ? Je suis certain que si le coup du CND avait marché, le sang des patriotes burkinabé allait coulé encore en abondance. ET le président RMCK, Simon Compaoré, Sherif Sy, Maitre Bénéwendé ne seraient plus de ce monde encore. Ils seraient maintenant deux mètres sous terre. Alors ! Alors ! Votre pitié pour le CDP qui consiste à le laisser en vie, et à mener tranquillement ses activités est indécente. Et certains prétendent que Dieu et nos ancêtres ont abandonnés les autorités actuelles. Si tel est le cas, Dieu et nos ancêtres sont-ils injustes ? En laissant tranquillement les criminels grilleurs d’être humains en paix pour mettre le malheur sur les hommes de paix. Allez y comprendre !!!

  • Le 31 janvier 2019 à 07:53, par lemaitre En réponse à : Procès du putsch du CND : Un acteur de cinéma et un cacique de l’ex-parti au pouvoir à la barre

    si les témoins et les accusés se contredisent de la sorte,je ne pense pas que ce procès finirait aussitôt.il faudrait que les juges soient professionnels à ce niveau.

  • Le 31 janvier 2019 à 08:36, par boudson En réponse à : Procès du putsch du CND : Un acteur de cinéma et un cacique de l’ex-parti au pouvoir à la barre

    BJR LES CHOSES COMMENCENT A S’ÉCLAIRCIR AVEC LES TÉMOINS. TOUT VA SE SAVOIR SUR LES ÉVÈNEMENTS DU PUTSCH MANQUE DU 16 SEPTEMBRE 2015.QUE DIEU SAUVE LE BURKINA FASO

  • Le 31 janvier 2019 à 09:13, par Seydou En réponse à : Procès du putsch du CND : Un acteur de cinéma et un cacique de l’ex-parti au pouvoir à la barre

    Le CDP est bel et bien impliqué dans le coup d’état. Ce parti devait être dissout et tous ses biens confisqués. Tout ça, c’est la faute du CNT et de ZIDA. Ils ont manqué de fermeté. Ils ont laissé le CDP fuire avec des milliards volés au Burkina qu’il a été placé en Côte d’Ivoire et au TOGO. C’est avec cet argent caché dehors que le CDP continue aujourd’hui de nous narguer avec arrogance. Voyez comment il a organisé son congrès, jusqu’à donner gratuitement du carburant à tous ceux qui prétendaient se rendre sur les lieux du congrès.

    Mais, tout ça va se régler, ne vous en faites pas. On ne peut pas se moquer éternellement et impunément d’un peuple.

  • Le 31 janvier 2019 à 09:23, par caca En réponse à : Procès du putsch du CND : Un acteur de cinéma et un cacique de l’ex-parti au pouvoir à la barre

    Jusqu’à présent malgré quelques témoignages à charge du parquet militaire, les preuves irréfutables demeurent éphémères. A lire les comptes rendus des journalistes, le parquet militaire ne dispose toujours pas les tangibles de la cause des 13 morts. Ce que Mr Raso dit dans son témoignage se résume à un maintien de l’ordre par les RSP. Puisse durant leur mission il n’y a pas eu de mort filmée.
    Le parquet militaire, je comprends bien votre mission de faire la lumière sur ce procès et d’en tirer les conclusions pour permettre à la nouvelle génération de vivre pacifiquement. Mais il y a redondance dans les dépositions. Le parquet militaire ne doit pas perdre le sens de morale dans ce procès. Parce que les acteurs concernant n’ont pas voulu se présenter. La CPI est un modèle pour vous aider à prendre une décision et renvoyer les prévenus à une justice transitionnelle. Personnellement,ça ne me gêne pas de voir les membres de l’ex-RSP en liberté dans les rues de Ouagadougou. La crainte serait un faux procès malgré les morts. Il faudrait que les juges quittent le jugement d’opinion des citoyens pour être professionnels.

  • Le 31 janvier 2019 à 09:51, par LY En réponse à : Procès du putsch du CND : Un acteur de cinéma et un cacique de l’ex-parti au pouvoir à la barre

    Internaute caca. Je pense que vous n’avez pas vu la vidéo dont on parle. Est-ce ainsi le maintient de l’ordre dans un Etat de républicain ?
    Revoyez la vidéo s’il vous plait. Si cette vidéo n’était pas d’intérêt, croyez-vous qu’on aurait cité "RASO" comme témoin ?
    Quant à la procédure, peut-être que vous êtes un spécialiste en matière de droit, mais je crois que s’il y avait vice de procédure les avocats de la défense l’aurait souligné. Soyons tous patients et respectons nos lois. C’est cela aussi le civisme. L’incivisme verbal consiste à ce que chacun parle allègrement de ce qu’il ne maîtrise pas et connait mieux que les professionnels.

    • Le 31 janvier 2019 à 10:45, par caca En réponse à : Procès du putsch du CND : Un acteur de cinéma et un cacique de l’ex-parti au pouvoir à la barre

      Ah Internaute Ly, je comprends très bien votre souci, mais ce que je dis n’est pas une contradiction de la vérité. Raso a fait bien le travail d’un citoyen en filmant, mais la vidéo seule n’apporte pas de preuve sur la responsabilité de ceux qui sont au palais de justice. La vidéo mets en lumière que certains RSP ont maintenus l’ordre avec extravagance. Et cette manière du maintien de l’ordre ça se discute. Le Rsp a fait des blesses dans cette vidéo mais pas de morts. N’oubliez pas que nous sommes au pénal ou les accusés ont droit à une défense malgré les faits. Je dis bien faute de preuve la CPI a acquitté Laurent Gbagbo et son ministre malgré les 3000 morts. L’accusation avait également des vidéos. Dans ce procès, il est difficile pour le parquet de prouver la culpabilité des prévenus. Je tiens à féliciter le tribunal car c’est le premier du genre, et le même d’expérience des juges sont essentiels. Dans ce procès, on ne cherche pas l’application de la loi du talion, mais une justice respectant le droit des accusés. Le problème dans ce procès est une question politique et sociale par rapport le coup de force du RSP et les victimes. Quand je relis le témoignage des témoins du CDP comme pour MR Achille, il y a d’autres personnes que Mr Sawadogo cite dans sa défense que le tribunal devait interroger. Mr Sawadogo risque une peine à mort dont il utilise tous ses moyens pour s’échapper et nos textes juridiques les permettent. Le problème dans notre justice est la fixation que certains se font par rapport aux généraux qu’ils veulent voir une condamnation à mort. Cette justice d’opinion influence les débats. ça fait mal, mais c’est aussi ça la justice administrative des hommes.

      • Le 6 février 2019 à 13:45, par ciceron IIeme du nom sur cette toile En réponse à : Procès du putsch du CND : Un acteur de cinéma et un cacique de l’ex-parti au pouvoir à la barre

        Mon cher caca. Au risque de me tromper, je pense que tu dois revoir ta source par rapport aux peines qu’encoureraient tes champions. La peine de mort est-elle toujours de mise dans notre arsenal penal ? Juste une quete d’eclairage de ma modeste part..
        Attention a ce que vous avancez tres souvent,quand surtout ca concerne des sujets peu "ordinaires.
        Aimablement ciceron IIEME

  • Le 31 janvier 2019 à 12:13, par Alexio En réponse à : Procès du putsch du CND : Un acteur de cinéma et un cacique de l’ex-parti au pouvoir à la barre

    Est-ce on a besoin d etre un expert en droit pour eluder les commanditaires de ce putsch avorter du CND ? La collusion du CDP est connu d avance. Ou bien a qui profitera la reussite de ce coup d Etat manque ? Les memes barons du regime decu.

    La tristesse de toute cabale est la manipulation de notre armee dite republicaine pour des fins politiques, pour proteger leurs interets egoistes du favoritisme sosial de l Ex- dictature decue.

    La notion de l Etat, d une armee republicaine denaturee par ce petit groupe de gens assoiffes du pouvoir au detriment des millions de Burkinabe qui n arrivent pas a boucler les 2$ par jours.

    Ouelle la provenance de toutes ses sommes distribuees pour beurrer nos soldats pour le putsch le plus idiot du monde ?

    Aujourdhui des soldats devant la barre qui ont peur de dire la verite pour le risque prendre les consequences qui s en suivrons ne meritent pas notre armee nationale.

    Comment des soldats de ce gabarit pourrait s offrir la vie devant les feux d armes de l ennemie ?

    Le CDP et ses complices politiques en sont la Source de cette cabale honteuse pour notre nation.

  • Le 31 janvier 2019 à 13:24, par LY En réponse à : Procès du putsch du CND : Un acteur de cinéma et un cacique de l’ex-parti au pouvoir à la barre

    Merci internaute caca pour cette explication. Je comprends mieux maintenant votre analyse.

  • Le 1er février 2019 à 16:53, par citoyen revolté En réponse à : Procès du putsch du CND : Un acteur de cinéma et un cacique de l’ex-parti au pouvoir à la barre

    Depuis le debut, je ne doutais pas de l’implication de certains parti politique dans cette sale besogne du RSP, tout ces témoignages viennent me reconforter dans ma conviction. n’en déplaise à qui veut l’entendre et comprendre ceci. meme les attaques du pays aujourd’hui y trouve ces racines dans cette histoire du coup d’état raté. j’en prend pour preuve, le commando qui a attaqué le detachement militaire de Kompienbiga à pour chef Mr Bassolé. je vais pas trop rentré dans les details, mais celui qui veut peut comprendre. Mais Dieu est au controle, ils seront vaincu

  • Le 5 février 2019 à 08:45, par Sid Naaba En réponse à : Procès du putsch du CND : Un acteur de cinéma et un cacique de l’ex-parti au pouvoir à la barre

    Il n’appart Pas aux éléments du RSP de faire le maintien de l’ordre. La Gendarmerie et la police sont chargées de cela et il existe un ordre d’intervention.

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