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Moussa Thiombiano alias Django, responsable des Koglwéogo de l’Est : « Le ministère de la Sécurité n’a pas joué son rôle … »

Publié le mardi 22 janvier 2019 à 00h30min

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Moussa Thiombiano alias Django, responsable des Koglwéogo de l’Est : « Le ministère de la Sécurité n’a pas joué son rôle … »

Dans un entretien que nous avons réalisé le vendredi 18 janvier 2019 avec lui, Moussa Thiombiano alias Django, responsable régional des groupes d’autodéfense Koglwéogo de l’Est du Burkina (érigés en Association Tiikuubiodoguu en gulmacéma, qui signifie « Gardons notre cité », revient notamment sur les dérives des Koglwéogo dans certaines localités du pays des Hommes intègres, ayant provoqué des crises.

Lefaso.net : Quel commentaire faites-vous des différentes crises qui ont impliqué les Koglwéogo dans certaines localités du Burkina Faso, surtout le cas de Yirgou ?

Moussa Thiombiano (M.T.) : Ce qui s’est passé à Yirgou et dans d’autres localités du pays est vraiment déplorable. Aujourd’hui, c’est la pluie qui nous bat et nous, nous sommes en train de nous battre nous-mêmes et cela est une triste réalité. Cela fait maintenant plus de trois années que les Koglwéogo ont vu le jour, mais le ministère de la Sécurité n’a pas joué son rôle qui était d’encadrer les différents groupes d’autodéfense Koglwéogo, en désignant au moins un responsable dans chaque région et province.

Ce dernier allait aider à la sensibilisation. Mais à partir du moment où les choses n’ont pas été ainsi dès le départ, cela est difficile et sera difficile. Faites la remarque vous-même : aujourd’hui, il y a un manque de contrôle dans nos groupes parce qu’on ne devait pas accepter tout le monde comme Koglwéogo au départ. Il se pourrait que des gens aient pris des ennemis comme des Koglwéogo sans le savoir, mais si cela avait été fait avec un contrôle bien suivi, cela allait sauver beaucoup de choses.

Il faut que le ministère de la Sécurité joue son rôle aujourd’hui, parce qu’au temps du ministre Simon Compaoré, un décret avait été pris, demandant aux Koglwéogo de s’ériger en association afin d’obtenir un récépissé. Lequel décret d’ailleurs allait encadrer les choses et faciliter un bon suivi. Mais hélas ! Où en est-on aujourd’hui avec ce décret ? Aujourd’hui, il faut une rencontre de haut niveau avec les différents responsables Koglwéogo afin de revoir les choses pour éviter ce qui s’est passé à Yirgou et dans d’autres localités du pays et cela pourra nous sauver de l’ethnicité car il n’est jamais tard pour arranger.

Mais quel est votre avis sur toutes ces dérives que des Koglwéogo ont commises au Burkina Faso ? Pensez-vous qu’ils doivent répondre devant la justice ?

A mon humble avis, nul n’est au-dessus de la loi et il est souhaitable que le droit soit dit dans toutes les dérives des Koglwéogo. De nos jours, on parle de l’incivisme grandissant. C’est parce que la justice ne fait pas assez ou communique moins au profit des justiciables. Les hommes de tenue n’iront jamais arrêter quelqu’un sans prononcer le terme « au nom de la loi ».

Mais certaines personnes pensent que les Forces de défense et de sécurité (FDS) sont leurs ennemies, alors qu’elles exécutent la loi. J’insiste et je répète, il faut continuer la sensibilisation sur toute l’étendue du territoire afin que chaque Burkinabè puisse connaitre ses devoirs et ses droits, car le respect est mutuel et il faut qu’on se respecte.

Quelle est votre opinion par rapport à ceux qui exigent la dissolution pure et simple des Koglwéogo ?

(Rires) Cela ne devrait pas être d’actualité car il y en a qui continuent d’être jaloux. Certes, le début des Koglwéogo a été difficile parce qu’il y a eu des gens qui se sont dit qu’ils étaient venus les remplacer, alors qu’ils sont là, il y a de cela 50 ans. Les Koglwéogo ont trouvé nécessaire de venir en appui parce que les populations ont tellement subi le courroux des braqueurs.

Je puis vous rassurer qu’au moment où le braquage dictait sa loi dans la région de l’Est, les gens ne pouvaient pas effectuer paisiblement les voyages dans les pays frontaliers avec la région de l’Est du Burkina. Les braqueurs étaient nos frères et il fallait les Koglwéogo pour qu’on puisse découvrir que c’était nos propres frères avec qui nous vivons quotidiennement, qui nous traumatisaient.

Je pense que la venue des Koglwéogo a contribué à diminuer le grand banditisme au Burkina. Que les autorités nous encadrent avec sincérité et nous montrent le chemin à suivre. Les FDS ont une mission claire qui leur a été assignée. Donc nous aussi, nos missions doivent être régies par un texte. Je ne suis pas d’accord qu’on tue les gens mais quand nous envoyons quelqu’un avec toutes les preuves palpables, au moins, que nos rapports puissent être pris en compte.

Pourquoi les Koglwéogo sont restés indifférents sur les différentes attaques dans la région de l’Est ? Pourtant les députés de l’Est (semble-t-il) ont sollicité votre concours pour aider les FDS sur la question ?

Je confirme que nos représentants à l’hémicycle sont venus nous voir sur la question. Mais je leur ai dit qu’il ne fallait pas attendre jusqu’à ce temps avant de venir nous voir. Nous leur avons aussi dit que nous sommes prêts à collaborer mais est-ce qu’on est sûr que c’est une autre force qui nous frappe ?

Nous avons estimé qu’il était souhaitable que nous puissions trouver un cadre d’échanges afin de trouver une solution. Dire que je suis resté indifférent à cette situation, je dis non. Je souhaite que beaucoup de choses nous accompagnent, que nos ancêtres nous accompagnent à retrouver la paix. Je ne peux pas tout dire sur certaines choses car on n’a pas besoin de les dire ouvertement.

Avez-vous reçu des coups de fil anonymes d’individus vous menaçant de représailles si vous vous mêlez à ces questions d’attaques ?

Je confirme, mais Django reçoit des appels de partout, même de l’extérieur du Burkina. Je suis libre de moi-même. Seulement, il y a eu manque de temps d’échanges entre les uns et les autres, donc je ne veux pas trop m’étaler là-dessus. Je le répète, il n’est toujours pas tard ; moi Django, je suis vieux quand même ! Seulement, je déplore que ce soit nos enfants qui n’ont même pas goûté à la vie, qui payent ce lourd tribut aujourd’hui.

Il y a deux ans de cela, lors d’un entretien accordé à notre journal (Lefaso.net) sur l’attaque d’un détachement militaire à Nassoumbou, vous disiez : « Grâce à nos ancêtres, si on nous sollicite sur ses questions (attaques terroristes) nous allons réagir »... Maintenant le phénomène est dans votre région, que comptez-vous faire ?
Très bien, mais excusez-moi. La guerre entre le Burkina et le Mali n’a pas concerné uniquement les forces armées ; même des volontaires (civils) étaient de la partie.[ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Entretien réalisé par S.S.
Lefaso.net

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