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Agriculture : Projecteurs sur les « exploitations familiales », à travers une assise nationale à Ouagadougou

Publié le vendredi 18 janvier 2019 à 00h16min

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Agriculture : Projecteurs sur les « exploitations familiales », à travers une assise nationale à Ouagadougou

La transformation des exploitations familiales au Burkina Faso est passée à la loupe par l’ensemble des acteurs, à travers un Forum national qui réunit à Ouagadougou, environ 200 participants venus d’horizons divers. Cette rencontre de réflexions, qui se tient les 17 et 18 janvier 2019, a pour objectif principal de susciter une meilleure prise en compte des préoccupations des exploitants familiaux dans les processus d’élaboration et de mise en œuvre des politiques publiques. Ouverte dans la matinée de jeudi, 17 janvier 2019, cette assise est placée sous la présidence du Premier ministre et le co-parrainage du ministre de l’Agriculture et des Aménagements hydrauliques et du représentant résident de la FAO (Organisation mondiale pour l’alimentation et l’agriculture).

Il ressort de données que l’économie du Burkina repose essentiellement sur le secteur primaire (agriculture), tous sous-secteurs confondus (agro-sylvo-pastoraux, halieutiques et fauniques). Ce secteur contribue à plus de 31% à la formation du produit intérieur brut, assure l’autosuffisance alimentaire de la population dans les années de bonne pluviométrie et emploie plus de 86% des actifs du pays. Il ressort aussi que les exploitations familiales constituent le socle de l’agriculture et offrent une voie royale au Burkina pour se développer ; des statistiques attestent à titre d’exemple que la production céréalière nationale en 2016/2017, chiffrée à 4 567 0066 tonnes, est imputable à 99% aux exploitations familiales.

Cependant, malgré les bonnes performances qu’elles affichent depuis toujours, il demeure une mauvaise perception sur les exploitations familiales elles-mêmes et sur leurs capacités à relever les défis incombant à l’agriculture. En effet, il existe actuellement une absence de consensus sur les capacités des exploitations familiales à relever tous les défis qui incombent à l’agriculture, en particulier celui de la sécurité alimentaire et nutritionnelle du Burkina.

« Le doute sur leurs capacités est d’autant plus grand que certains décideurs ont tendance à privilégier d’autres types d’agricultures (ex : l’agrobusiness) ou à faire recours à des importations massives de produits agricoles et agroalimentaires pour parvenir à la sécurité alimentaire du pays », apprend-on des termes de référence.

La directrice-pays de la SNV, Jeanette De Regt

Les exploitations familiales demeurent confrontées à d’énormes contraintes qui limitent considérablement leurs performances et leur tendance à se transformer et à se développer. Ces carcans sont relatifs, entre autres, à de la dépendance quasi-totale de l’agriculture à la pluviométrie, aux effets pervers des aléas et du changement climatique, aux difficultés d’accès aux intrants à bonne date et leur mauvaise qualité, aux difficultés d’accès aux équipements améliorés et adaptés, aux préoccupations relatives à l’accès aux marchés et à la commercialisation des produits agricoles.

« Si on a 86% de la population qui est dans un secteur et qui n’arrive pas à se nourrir, ce n’est pas intéressant »

Environ 200 participants prennent part à cette assise

Fort de cette réalité, des organisations nationales, régionales ouest-africaines multiplient les initiatives de concertation et de plaidoyer en vue de favoriser une meilleure prise en compte des exploitations familiales dans les politiques agricoles et leur transformation. C’est dans cette dynamique de réflexion autour de cette importante question qu’a été initié ce forum dont l’objectif principal est de favoriser l’atteinte des objectifs de sécurité alimentaire et nutritionnelle durable du pays.

De façon spécifique, cette assise vise à partager des expériences et acquis en matière de transformation des exploitations familiales entre participants, faire une analyse du contexte actuel des exploitations familiales. Il s’agit également de faire des recommandations pertinentes pour favoriser la transformation effective des exploitations familiales et d’élaborer une feuille de route pour la mise en œuvre des recommandations.

Le ministre de l’Agriculture et des Aménagements Hydrauliques, Jacob Ouédraogo,

Pour le co-parrain, le ministre de l’Agriculture et des Aménagements hydrauliques, Jacob Ouédraogo, représentant le président, le Premier ministre, les exploitations familiales sont au cœur des politiques agricoles du gouvernement. Les exploitations familiales ont, depuis toujours, été la base de la production agricole. « Donc, le plaidoyer que ce forum fait auprès des autorités publiques est justifié », estime le ministre, rassurant que les autorités ont pris la mesure de la question.

Photo de famille à l’issue de la cérémonie d’ouverture du Forum

D’où l’appui du gouvernement aux exploitants familiaux à travers des intrants, notamment des semences, des engrais et certaines mécanisations (distribution de charrues et d’animaux de trait). Le département en charge de l’agriculture appuie également ces producteurs avec du matériel, surtout dans la production en saison sèche et l’encadrement technique.

La directrice-pays de la SNV (Organisation néerlandaise de développement, http://www.snv.org/fr/pays/burkina-faso), Jeanette de Regt, s’est félicitée de l’engagement des organisations de la société civile autour du sujet. Elle apprécie également l’accompagnement des autorités du programme « Voix pour le changement », officiellement lancé en mars 2017 (http://lefaso.net/spip.php?article77717).

Le président de la Confédération paysanne du Faso, Bassiaka Dao

Pour le président de la Confédération paysanne du Faso, Bassiaka Dao, au regard de leur rôle, les exploitations nécessitent d’être modernisées. Il recommande de mettre l’accent sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle ; « parce que, si on a 86% de la population qui est dans un secteur et qui n’arrive pas à se nourrir, ce n’est pas intéressant ». C’est pourquoi il pense qu’en modernisant les exploitations, on va arriver à une production assez stable qui va permettre à ceux qui sont dans le domaine de sortir de la pauvreté et de créer des emplois.

OL
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Encadré :

Quelques communications :

- « Transformation des exploitations familiales : concept, enjeux et contenu, Etat des lieux et perspectives au Burkina Faso »
- « Potentiel des Exploitations familiales pour assurer une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable au Burkina Faso »

- « Etat des lieux des instruments et mesures de politiques mis en œuvre pour faciliter l’accès des EF aux intrants (semences, engrais ?) »

- « Etat des lieux des instruments et mesures de politiques mis en œuvre pour faciliter l’accès des EF aux équipements agricoles adaptés »

- « Etat des lieux des instruments et mesures de politiques mis en œuvre pour faciliter l’accès des EF au conseil agricole »
- « Analyse des investissements publics en faveur de la transformation des exploitations familiales »

« Etat des lieux des instruments et mesures de politiques mis en œuvre pour assurer le financement des exploitations familiales »

- « Rôle du secteur Privé dans l’accélération de la transformation des EF au Burkina Faso »
- « Orientations et mesures incitatives en cours pour promouvoir l’Agriculture durable et la transition agro écologique au Burkina Faso ».

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