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Procès du putsch du CND : Cinq accusés reviendront à la barre

Publié le jeudi 17 janvier 2019 à 00h40min

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Procès du putsch du CND : Cinq accusés reviendront à la barre

Le Tribunal militaire de Ouagadougou n’en a pas fini avec les accusés. Cinq d’entre eux devront repasser à la barre pour un interrogatoire complémentaire. Ainsi en a décidé, le président Seidou Ouédraogo, à l’audience de ce mercredi 16 janvier 2019. Qui sont ces accusés ?

Débuté fin juin 2018, l’interrogatoire des accusés dans le procès du putsch manqué de septembre 2015 a pris fin avec le passage du Général Djibrill Bassolé. Excepté le Sergent Badoum Lamoussa, tous les 72 autres accusés avaient terminé leur audition. Ou presque. Eh bien ! Le Président du tribunal, Seidou Ouédraogo a annoncé, ce 16 janvier, une deuxième phase d’interrogatoire de cinq accusés.

Il s’agit de l’Adjudant-chef major Badiel Eloi, de l’Adjudant Nion Jean Florent, du Sergent-chef Koussoubé Roger dit « le Touareg », du Sergent-chef Zerbo Laoko Mohamed et du Caporal Dah Sami. Pourquoi cette décision ? Seul le Président pourra y répondre mais Me Séraphin Somé de la partie civile, estime que ces cinq accusés sont les pièces maitresses du coup d’Etat sur le plan opérationnel et ils pourraient clarifier certaines choses surtout, après le passage du Général Gilbert Diendéré. Voici une brève présentation des accusés :

Sergent-chef Zerbo Laoko Mohamed : Ancien membre de la sécurité de l’ancien Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, il avait fui en Côte d’Ivoire au lendemain du coup d’Etat. Condamné à trois ans de prison ferme pour « désertion à l’étranger en temps de paix » dans le dossier de l’attaque de la poudrière de Yimdi, il est aujourd’hui poursuivi pour attentat à la sureté de l’Etat, meurtres, coups et blessures volontaires, dégradation volontaire aggravée de biens. Premier à passer à la barre du Tribunal militaire, le Commando a déclaré avoir reçu l’ordre de surveiller le côté ouest du palais présidentiel mais pas d’arrêter les autorités de la Transition.

Il a nié également avoir tiré une roquette sur le studio ABAZON, mais reconnait avoir effectué une mission à Zorgho où la radio Laafi a été incendiée. L’accusé y était avec le Sergent-Chef Sanou Ali et ses hommes, mais a nié avoir participé au saccage et à l’incendie de la radio. Lors de sa comparution, la question de la légalité des ordres a été âprement discutée : « Je n’ai pas reçu la formation de vérifier la légalité des ordres avant de les exécuter. Dans l’armée on doit exécuter sans murmurer. Moi-même en tant que Sergent-chef, je ne vais pas tolérer qu’un subalterne discute mes ordres », avait-il déclaré.

Adjudant-chef major Badiel Eloi : Son nom est revenu à plusieurs reprises lors des auditions de sous-officiers et soldats de rang. Il aurait donné l’ordre à l’adjudant-chef Moussa Nébié dit « Rambo » et à l’adjudant Jean Florent Nion de procéder à l’arrestation du président de la Transition. Mais l’accusé s’est offusqué à la barre de voir ses subordonnés l’accabler.

Inculpé pour attentat à la sureté de l’Etat, meurtres, coups et blessures volontaire, il a plaidé coupable pour l’attentat à la sureté de l’Etat. Il reconnait avoir agi sur instruction du Général Gilbert Diendéré via son émissaire, le Sergent-chef Roger Koussoubé dit « le Touareg ». Il a déclaré que si cela était à refaire, il n’aurait jamais obéi à l’ordre d’arrêter les autorités.

Caporal Dah Sami : Voilà un nom qui faisait trembler les officiers supérieurs du Régiment de sécurité présidentielle, à en croire les dires de certains accusés. Poursuivi pour attentat à la sûreté de l’Etat, meurtres, destruction volontaire aggravée de biens, coups et blessures volontaires, il était chargé de la sécurité rapprochée du général Diendéré.

Il a déclaré avoir su qu’il n’y avait coup d’Etat que le 21 septembre 2015, jour de son arrestation. Le procureur militaire n’y croit pas et a avancé que l’accusé a même joué un rôle d’agent double. Il en veut pour preuve les messages téléphoniques (sms) échangés entre lui et le capitaine Gaston Kaboré, un proche du Premier ministre Zida. Le Caporal Dah Sami reconnaît enfin avoir reçu la somme de 500 000 F CFA de la part du Sergent-chef Roger Koussoubé.

Adjudant Nion Jean Florent : Poursuivi pour attentat à la sûreté de l’Etat, meurtres, coup et blessures, incitation à commettre des actes contraires à la discipline militaire, il est le premier à avoir « partiellement » reconnu les faits. Il a fait irruption dans la salle du conseil des ministres mais confie que c’est le Général Diendéré qui a fait faire le coup d’État.

Il a été félicité par l’accusation et la partie civile qui ont noté une cohérence parfaite de ses propos avec ses déclarations pendant les enquêtes : « c’est un homme qui a le sens de l’honneur, un vrai commando qui assume ses actes ». Cependant, le parquet a noté qu’une victime a identifié l’adjudant dans un groupe de militaires qui l’ont copieusement battue avec une barre de fer. Nion Jean Florent a démenti et a demandé une confrontation avec ladite victime.

Sergent-chef Koussoubé Roger dit « le Touareg » : Il est le premier accusé à avoir parlé de l’existence de trois camps au sein du RSP : « Ceux qui sont restés fidèles au corps, les pro-Zida et ceux qui répondaient aux ordres du Général Djibrill Bassolé ». Selon l’accusé, le Major Badiel Eloi, qui a réparti les tâches pour procéder à l’arrestation des membres du gouvernement, et l’Adjudant Nion Jean Florent faisaient partie du dernier camp, alors que lui est resté fidèle au corps.

Même s’il rendait compte au Premier ministre Yacouba Isaac Zida des faits et gestes de ses frères d’armes, le Sergent-chef Koussoubé a clarifié qu’il n’était pas dans son camp. La partie civile et même certains avocats de la défense l’ont qualifié « d’agent double » puisqu’il a reçu, de la part de Zida, la somme de 8 millions de F CFA en deux tranches.

Notons également que l’accusé a déclaré qu’il serait prêt à dire tout ce qu’il savait s’il obtenait l’assurance que sa famille serait mise en sécurité. Le Parquet avait suggéré alors au président du Tribunal d’ordonner un huis clos, conformément à l’article 107 du code de justice militaire. Mais le huis clos n’a pas eu lieu.

Rendez-vous est pris le lundi 21 janvier 2019 pour la suite des hostilités.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 16 janvier 2019 à 21:07, par caca En réponse à : Procès du putsch du CND : 5 accusés reviendront à la barre

    Je pense qu’après ce deux interrogatoire, un contre interrogatoire entre les subalternes et les officiers pourront jaillir la vérité. Je vous rappelle que les juges de la CPI n’ont pas trouvés une culpabilité du président Laurent Gbagbo malgré les 3000 morts post électorale. Ces soldats ont commis des actes contraires à une discipline de l’armée ayant coûtés la vie des innocents que d’autres hommes politiques ont utilisés comme un bouclier humain. Le général Diendéré n’a pas nié sa responsabilité, mais rejette toute idée d’être celui qui a organisé, préparé et exécuté le coup. Je répète toujours, il y a des crimes que la justice punitive ne peut jamais régler.

  • Le 16 janvier 2019 à 21:42, par Nabayouga En réponse à : Procès du putsch du CND : 5 accusés reviendront à la barre

    C’est étonnant mais tous ceux qui font partie du 3 ème groupe cest a dire le camp du scélérat genetal d’opérette bassolet sont d’une même région , d’une même ethnie. C’est en passant.
    Quant on accuse les uns et les autres de ceci ou cela , on doit ette irréprochable.

  • Le 17 janvier 2019 à 00:10, par Nabiiga En réponse à : Procès du putsch du CND : 5 accusés reviendront à la barre

    ...oui, en effet, qu’ils reviennent mettre à mal ce que les supérieurs qui les avaient mis dans ce pétrin dans un premier temps, ont dit à la barre. On attend vivement des éclatements et des crépitements lorsque ces derniers vont réapparaitre et oui, qu’ils reviennent et vite

  • Le 17 janvier 2019 à 11:34, par Un Burkinabê En réponse à : Procès du putsch du CND : Cinq accusés reviendront à la barre

    Je ne sais pas pourquoi on continue de gaspiller l’argent et le temps des juges sur ce machin de procès ? C’est un cas de flagrant delit où tous les acteurs sont connus puisqu’ils n’avaient jamais mis dans leur plan le revirement de la situation. S’il vous plaît, visionnez les vidéo qui ont circulées et dites les sentences. Mettez fin au procès et envoyer les juges militaires au travail tel que les biens mal-acquis.

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