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Burkina Faso : Le bilan 2018 et les perspectives 2019 de quelques personnalités

Publié le vendredi 4 janvier 2019 à 00h27min

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Burkina Faso : Le bilan 2018  et les perspectives 2019  de quelques personnalités

2018 a été une année éprouvante pour le Burkina, avec en sus ces nombreuses attaques terroristes et leur cortège de victimes. L’impact de ce phénomène sur des secteurs-clés de la vie nationale s’est vite ressenti et c’est dans cette situation que les Burkinabè sont entrés dans 2019. A travers ce « carnet de bilan 2018 et des perspectives 2019 », des leaders d’opinion jettent un regard rétrospectif et portent des analyses sur ce que pourrait être l’année 2019 (à noter que certains propos ont été recueillis avant le discours de nouvel an du président du Faso, intervenants 3 et 4, tandis que les autres l’ont été après celui-ci).

Lassané Savadogo, secrétaire exécutif du MPP

On peut dire que c’est un bilan contrasté, parce que d’un côté, c’est une année qui a été très éprouvante pour notre pays, en termes de sécurité. Nous avons dû assister à un développement de l’insécurité, dans sa forme la plus vile, que sont des attentats terroristes qui ont endeuillé beaucoup de familles burkinabè, et qui continuent à constituer une véritable source de préoccupation pour le pays, étant entendu qu’une des missions de l’Etat, c’est d’assurer la sécurité de sa population et de ses Biens à l’intérieur de son territoire.

Il va sans dire que ne pas arriver à le faire, assister à un accroissement du phénomène de l’insécurité, cela finit par poser des questions sur l’effectivité de l’Etat, sa capacité à trouver des réponses aux préoccupations de ses populations. En tant que tel, nous devons, obligatoirement, trouver des moyens pour conjuguer au passé ce phénomène. Il y a également la question du front social, qui a été également très difficile pour notre pays (les grèves se sont succédé aux marches, aux meetings…).

Bien entendu, tout cela n’est pas de nature à assurer la stabilité, la cohésion sociale et à optimiser nos performances en matière de développement économique, en termes de mobilisation de ressources notamment, qu’on devrait consacrer aux projets de développement, et également dans l’exécution même des projets de développement.

Donc, de ce point de vue également, on peut considérer que c’est une difficulté, que nous avons eu à gérer au cours de l’année 2018. Mais à côté également, on constate que malgré les difficultés, le pays n’a pas fait que résister, nous avons continué à avancer (nous aurions pu avancer plus rapidement et de manière beaucoup plus visible, si le phénomène de l’insécurité n’était là, si le front social n’avait pas connu cette ébullition-là).

En dépit de ces difficultés, tout le monde reconnaît que le pays continu à avancer dans tous les domaines, dans le cadre de mise en œuvre du Plan national de développement économique et social (PNDES), qui est la traduction, au niveau de l’Etat, du programme du président du Faso. Ces avancées ont été confortées cette année par une bonne pluviométrie, avec des excédents enregistrés sur le plan agricole.

Je pense également que le taux de croissance est sorti en hausse pour l’année 2017, et nous aurons en perspectives un bon taux pour l’année 2018. Bien entendu, notre objectif, c’est d’aller vraiment vers un taux de croissance beaucoup plus robuste, à deux chiffres ; c’est cela qui va nous permettre d’accélérer notre marche vers le développement, en trouvant des solutions appropriées aux préoccupations de nos populations.

En termes de perspectives 2019, et dans le message du président du Faso à l’occasion du nouvel an, c’est suffisamment clair : il faut arriver à venir au bout des attentats terroristes. Quelle que soit leur origine, quelle que soit leur source, quels que soient leurs auteurs. Et les dispositions sont prises au niveau de l’Etat pour que ce soit géré de la manière la plus efficace possible. Il y a également la mobilisation sociale que nous devons pouvoir réussir, afin de faire face à certains projets majeurs de la nation.

Et cette mobilisation nécessite qu’au niveau du front social, nous puissions trouver des solutions qui ne sont pas forcément celles des grèves, des sit-in… Je pense qu’avec le dialogue, comme cela ressort du discours du Chef de l’Etat, nous devons pouvoir être à mesure de trouver des solutions aux problèmes des travailleurs, sans qu’ils soient obligés de recourir forcement à la grève.

Le président du Faso en a appelé à une trêve sociale ; c’est une annonce, je pense qu’après cela, le gouvernement va prendre des initiatives en direction donc du monde du travail, dans le sens de mener des concertations et de trouver les voies et moyens de rendre possible cette trêve sociale. Si nous parvenons à rendre effective cette trêve sociale pour l’année 2019, je pense que cela va nous permettre de faire des avancées très importantes, non seulement en termes de stabilité sociale, mais aussi et surtout en termes de mobilisation des ressources et d’exécution des projets pour le plus grand bonheur de nos populations.

Dr Ablassé Ouédraogo, Président de Le Faso Autrement

L’année 2018 s’est terminée comme elle a commencé ; la crise multidimensionnelle jamais égalée que vit le Burkina Faso a connu une accentuation et un approfondissement au cours de l’année. Pour me faire comprendre aisément, je prendrai l’exemple sur l’insécurité croissante et galopante. Le 5 janvier 2018, la gendarmerie de Kelbo, dans la province du Soum, région du Sahel, a été attaquée.

Le 27 décembre 2018, à Toeni, dans la région de la Boucle du Mouhoun, une embuscade tendue à nos gendarmes a fait dix morts. Et au cours de 2018, le vendredi 2 mars, aux environs de 10 h, l’Etat-major général des Armées, c’est-à-dire le cœur du système de défense du Burkina Faso a été attaqué, en pleine journée, en même temps avec l’Ambassade de France.

Si je me résume, ces dates historiques indiquent clairement que le Burkina Faso ne contrôle plus son système de sécurité. Et comme nous le savons tous, un Etat ne peut prospérer, et un pays ne peut se développer que s’il y a une sécurité qui est garantie. Naturellement, qu’il faut en plus de la paix sociale, la stabilité, la confiance entre les populations et entre les populations et leurs amis de l’extérieur.

Au Burkina Faso, l’année 2018 peut être caractérisée comme une année d’échecs pour le régime Roch Kaboré. Nous n’avons cessé de le dire : Roch Kaboré qui s’était présenté comme la solution, la réponse, est devenu le problème réel de notre pays. Tout simplement parce que, malgré toutes ces situations, qui exigent des réponses conséquentes et fortes pour renverser la tendance, le gouvernement actuel est dans la dynamique de la banalisation des difficultés vécues au quotidien ; dans la dynamique de la banalisation du terrorisme et de ses conséquences.

On accepte de vivre et de faire avec. Si bien que, comme pour cacher leur incapacité à juguler le phénomène, ils (dirigeants, ndlr) font penser, au niveau de la population, comme si nous étions dans une situation normale. Les morts sur le terrain sont devenus des faits divers.

Cela démontre aussi une certaine inconscience par rapport à la gravité de la situation. Mais, ce qui est gênant et surtout inacceptable, c’est qu’il n’y a pas de volonté politique qui indique qu’il y a de nouvelles perspectives. Roch Kaboré et son gouvernement dirigent dans le populisme et dans la démagogie. Malheureusement, tout cela va les rattraper très vite.

Donc, sans être excessif, l’année 2018 se termine avec le Burkina Faso dans le trou. Et j’en veux pour preuve, cette décision du Conseil des Ministres du 31 décembre 2018, venue très tardivement, de mettre en place l’Etat d’urgence dans six régions et quatorze Provinces du Burkina Faso. C’est vraiment trop tard et c’est même le médecin après la mort.

Si je veux parler de perspectives, l’année 2019 débute dans la douleur avec les tueries de Yirgou à Barsalgo dans le Sanmantenga, et je ne veux pas être un oiseau de mauvaise augure, va être pire que l’année écoulée ; tout simplement parce qu’avec cette mesure de mettre en place l’état d’urgence, il est clair que l’économie va continuer de s’effondrer car il sera difficile voire impossible de trouver des investisseurs « baroudeurs » et conséquents qui accepteront de venir au Burkina Faso dans un tel environnement pour relancer les activités dans ce secteur. Ne dit-on pas que l’argent a peur du bruit ?

Au plan de la sécurité, cela confirme, aux yeux de nos ennemis, que nous avons perdu le contrôle de notre sécurité, et que nous n’avons pas de solution. Psychologiquement, ils prennent le dessus sur nous. Et cela confirme également ce que, nous avons toujours dit, notre pays est devenu le ventre mou de l’espace sahélo-sahélien dans la lutte contre le terrorisme et le grand banditisme ; c’est le maillon faible du G5 Sahel. Le Burkina Faso est devenu comme le fromage, le gruyère ; on rentre, on tape et on ressort.

Tout cela m’emmène à me poser des questions sur l’avenir du Burkina Faso ; parce que, dans cette situation d’insécurité tentaculaire et débordante, de nombreux enfants ne vont plus l’école et n’ont plus droit à l’éducation. L’on parle de plus de 400 mille enfants qui ne vont pas à l’école. Ça indique clairement que l’avenir du Burkina Faso est compromis sous la gouvernance du Président Roch Kaboré.

Dans une situation comme celle-là, je voudrais me poser la question sur l’avenir du Président Kaboré. Nous l’avons déjà dit : s’il ne change pas son fusil d’épaule, c’est qu’il doit jeter l’éponge. Et les faits nous donnent raison. Le 27 décembre 2018, dix gendarmes ont été tués, et jusqu’aujourd’hui, aucune décision de sanction n’est tombée ; on fait semblant comme si tout va bien. Cette façon de gouverner ne donne pas confiance aux populations.

Et si je réfléchis plus loin, en me basant sur l’adage de nos ancêtres qui dit que quand vous portez une charge qui vous dépasse, vous finissez pas la jeter à terre, là où vous ne voulez pas, je me demande s’il n’est pas temps pour le Président Kaboré de s’inspirer de cet adage.

Tout cela, pour dire que s’il aime vraiment son pays, s’il est vraiment patriote, il devrait tirer les conséquences de cette situation catastrophique, qui émane tout simplement d’une gouvernance calamiteuse et chaotique. En clair, je dirai que le Président Kaboré devrait se référer à la Constitution en vigueur et réfléchir à une possibilité de démission « volontaire », pour incapacité et incompétence à gouverner le pays, pour permettre au Burkina Faso de continuer sur la voie de son redressement et de son développement.

De toute façon, avec près de 300 morts enregistrés à ce jour à cause de l’insécurité, se posera, tôt ou tard, le problème de justice et de responsabilité ; le Président Kaboré et son gouvernement devront répondre de cette situation. On dit que le Burkina Faso est un pays de droit, chacun répond de ce qu’il fait. Il y a manifestement non-assistance à population et à Forces de Défense et de Sécurité en danger et trahison du serment de défendre le territoire et de protéger les citoyens.

Avec cette ligne que je viens d’indiquer-là, il sera difficile pour les gouvernants actuels de pouvoir y échapper. Donc, pour moi, la perspective 2019, c’est que le Burkina Faso va continuer à s’enfoncer dans la souffrance. La situation économique et sociale va continuer de se dégrader et la « rochosité » sera encore plus pesante sur la vie quotidienne des populations.

La preuve flagrante, c’est que dans son message de nouvel an, le Chef de l’Etat n’a pas fait mention une seule fois du PNDES (Plan national de développement économique et social, ndlr). Cela revient à dire que lui-même, il n’y croit plus. Ce qui confirme également ce que nous avions dit, au moment où se terminait la réunion à Paris (la conférence des bailleurs de Fonds sur le financement du PNDES, tenue à Paris en début décembre 2016, ndlr) : le PNDES est un leurre, c’est un outil qui va entraîner le Burkina Faso dans une situation de décroissance pendant sa période d’exécution, et nous y sommes !

Pour se sortir de cette situation de crise paralysante, il est impératif que les Burkinabè s’asseyent ensemble, se parlent, s’écoutent et se pardonnent dans le cadre d’un dialogue national inclusif afin de dessiner un destin commun pour les futures générations de notre pays. Pour ce faire, le Président du Faso, garant constitutionnel de l’unité nationale, a tous les leviers entre les mains pour lancer le processus de la réconciliation nationale, devenue une impérieuse nécessité à cette étape de l’histoire de notre pays.

Insistons sur le fait que la justice, qui doit permettre l’apaisement des cœurs et le renforcement du vivre ensemble des Burkinabè, est placée au cœur de la réconciliation nationale. En cela, la justice transitionnelle est la voie royale pour réaliser ce noble objectif pour préserver l’existence et donner un avenir au Burkina Faso.

L’heure est grave pour le Burkina Faso qui est en danger, et le Président du Faso doit prendre ses responsabilités, prendre son courage et se départir de tout populisme et de toute démagogie en prenant en compte l’intérêt supérieur de la Nation, pour engager sans délai le processus de la réconciliation nationale. Le pays a besoin de toutes ses filles et de tous ses fils, y compris ceux qui sont actuellement en exil, pour relever le défi de réussir la lutte contre le terrorisme et l’insécurité ainsi que de la relance du Burkina Faso.
Dieu bénisse le Burkina Faso !


Geoffroy Vaha, chef de Desk Economie de Wat FM et 3TV

Ce qu’on peut remarquer déjà, c’est que 2018 a été une année difficile. Quand vous avez, dans une année, plus de 130 attaques (terroristes), ça devient difficile parce que ça fragilise le tissu économique et impacte sur les décisions à prendre. Quand on voit comment on sort de 2018 avec un budget 2019 taxé de « pro-pauvre », on se rend tout de suite compte de ce qu’a été l’année. 2018 a été une année de vrais calculs, avec le FMI qui a donné des injonctions (même s’il faut souligner que ce sont des choix qui avaient déjà été annoncés depuis un moment).

C’est le cas avec la question de la rationalisation par exemple, qui fait des gorges chaudes ; parce qu’en même temps que vous dites que les salaires sont insoutenables et que, par conséquent, on ne peut continuer à faire des augmentations (à concéder ceci ou cela), vous êtes obligés de renflouer les caisses de l’Etat. Donc, on a une pression fiscale dont l’objectif est de passer la barre de 20%. Ce qui veut dire que ce sera encore plus difficile à supporter pour le citoyen lambda. A cela, vient s’ajouter la question du carburant.

Tout cela montre que 2019 sera vraiment un peu intenable. Qui dit pression fiscale accrue, augmentation du prix du carburant, dit forcement que le niveau général des prix va connaître une hausse. Donc, le pouvoir d’achat va baisser. Ce qui veut également dire que les gens vont demander un peu plus d’augmentation. Donc, il y a forcément une fronde sociale en perspectives. En résumé, quand on observe, on se rend compte que 2018 n’a pas été facile, mais que 2019 risque d’être encore plus difficile.

Et puis, observez que le déficit budgétaire est maintenu à 3%, alors qu’on est à 37, 5% de notre PIB (produit intérieur brut) en termes de dette. Ce qui veut dire que les gouvernants n’ont pas les coudées franches. C’est le Burkinabè qui sera vraiment obligé de serrer la ceinture. C’est de façon responsable, on n’a pas le choix que faire procéder ainsi. Mais en même temps, il y a obligation pour les autorités de donner le la en termes d’exemples. Avez-vous vu comment la question des rémunérations des ministres a cristallisé les attentions ! C’est dire que le Burkinabè comprend qu’il faut consentir un sacrifice, mais il faut que ce soit dans un effort d’ensemble.

C’est donc une année 2018 qui a été difficile, mais pour laquelle, à mon avis, on a eu un gouvernement qui a fait des choix courageux. Quand on a vu par exemple le branlebas au niveau du ministère de l’économie, des Finances et du développement (MINEFID), le ministre était obligé d’opérer certains choix. Vous savez que vous ne pouvez pas être avec des bailleurs de Fonds et consentir des primes à des agents sans tenir compte de certaines conditions.

Quand on prend au niveau des Fonds communs, apprendre que 55 milliards ont été partagés, les bailleurs se demandent où est-ce qu’on va, pendant qu’on n’a pas assez de ressources. En plus, avec plus de la moitié des ressources qui va dans les salaires, ils ne vont pas vous financer. Ça, c’est une réalité. C’est donc un choix courageux que le ministre a fait à ce niveau et elle a assumé.

Quand on voit aussi la manière avec laquelle le ministre de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale s’est appuyé sur les textes pour inviter les agents à travailler, ça n’a pas été facile, mais ils sont parvenus à l’essentiel. Quand vous regardez le budget 2019, il est clair que la question de l’investissement va nous rattraper ; quand vous êtes embourbés, il faut vous donner les moyens de quitter cette boue et cela se fait par l’investissement.

L’enjeu de 2019, c’est aussi la franchise dans le discours entre l’exécutif et ceux appelés partenaires sociaux (parce qu’on a l’impression que ce ne sont plus des gens qui sont côte-à-côte, mais plutôt face-à-face). L’exécutif doit savoir être franc dans son discours, et les populations prêtes à consentir l’effort (avec la pression fiscale accrue).

Bernard Bougma, chef de Desk politique de Wat FM et 3TV

On retient que le premier trimestre (de 2018) a connu des mouvements sociaux qui ont été très durs. Les choses ne se sont desserrées qu’après l’avis du Conseil d’Etat sur la légalité des sit-in et l’occupation des lieux de travail ou de leurs abords immédiats pendant les sit-in. Cet avis a contribué à contenir, un tant soit peu, cette fronde qui couvait (et qui couve toujours).

Pour moi, le défi pour 2019 pour le gouvernement, face notamment aux partenaires sociaux, c’est de pouvoir trouver des hommes capables d’expliquer les défis réels (parce qu’effectivement, il y a des défis réels). Nous venons de recevoir le ministre de la Fonction publique, professeur Seyni Ouédraogo, qui a dressé une cartographie d’une situation qui est réelle. Le Burkina recrutait chaque année des fonctionnaires, parce que les salaires étaient bas (ce qui permettait de recruter assez).

Mais aujourd’hui, les Burkinabè ont exigé des salaires plus importants (le ministre a pris l’image de la Côte d’Ivoire et du Sénégal). Dans ces conditions, que faut-il faire ? Demander que dans le même temps, on recrute encore beaucoup de demandeurs d’emploi par an, ça va être encore plus difficile. Il y a donc un choix à faire entre les effectifs et les salaires à servir.

Mais, pour que le Burkinabè puisse comprendre qu’on a diminué le nombre de fonctionnaires à recruter (parce que l’Etat est en même temps le plus gros pourvoyeur d’emplois) pour améliorer le traitement salarial, il faut savoir expliquer. Il faut arriver à faire comprendre que, ce n’est pas parce qu’on ne veut pas donner de l’emploi aux enfants du Burkina, mais tout simplement parce qu’il y a une réalité aujourd’hui sur le terrain, différente de l’ancienne donne. Il faut trouver des hommes qui sachent expliquer cela, avec le tact qui sied, et sans passion.

Sinon, ça ne va pas être compris, et en face, on trouvera des gens qui vont dire qu’ils ne sont pas d’accord. L’autre défi, c’est par rapport à la fronde sociale, mais liée aux questions de salaire (et aux Fonds communs). Au niveau des Fonds communs, vous avez des Burkinabè qui sont d’accord sur le principe de révision, mais qui s’interrogent sur le comment résoudre la question des prêts contractés sur la base de ces Fonds communs. Le défi, c’est comment expliquer aux Burkinabè que le prêt, c’est d’abord un engagement entre un individu et une banque.

Dire ensuite que, sur cette question, l’Etat donne des mesures d’accompagnement aux contractants implique quoi, au juste ? Doit-on comprendre que l’Etat paie ces prêts ou offre-t-il des facilités de paiement ? Dans ce cas aussi, les autres fonctionnaires pourraient dire qu’ils ont, eux aussi, contracté des prêts, quand bien même ils n’ont pas de Fonds communs.

D’où la nécessité de savoir communiquer sur cette question pour ne pas jeter les gens en pâture (parce que ce sont les mêmes Burkinabè, c’est-à-dire l’Etat, qui ont permis qu’on prenne des prêts sur la base de ces Fonds communs). Donc, il y a un défi lié à la qualité de la communication au niveau du gouvernement.

Un autre défi, c’est celui lié à l’exemple qui doit venir d’en haut, par rapport à la réduction du train de vie de l’Etat, par rapport à la prestation des ministres sur tous les plans (leurs comportements, l’image qu’ils renvoient à la société…).
Il s’agit, en outre, de savoir donner une réponse au problème d’insécurité. Il n’est plus besoin de trouver des boucs émissaires ; on est tapé, mais qu’est-ce qu’on fait pour ne pas être tapé. C’est, là, la réponse et c’est cela l’essentiel.
Pour moi, 2019, je l’aborde avec ces défis-là en tête. C’est sur ces chapitres que nous attendons le gouvernement.

Propos recueillis par O.L
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 4 janvier 2019 à 01:41, par LAGUI ADAMA En réponse à : Burkina Faso : Carnet de bilan 2018 et des perspectives 2019 !

    Pour par ma part je dirais qu’Allah a exaucé nos prières car les imposteurs, ennemis du PEUPLE et de son Excellence Blaise Qu’Allah le bénisse et protège sont mis à NU aux yeux du monde entier Vive la DÉMOCRATIE Vive le PEUPLE Vive le RESPECT INCONDITIONNEL DE LA CONSTITUTION Vive le CDP Qu’Allah bénisse et protège son Excellence Blaise et sa noble famille

  • Le 4 janvier 2019 à 04:55, par Mafoi En réponse à : Burkina Faso : Carnet de bilan 2018 et des perspectives 2019 !

    Ablassé dans ses ablasseries oublie que tout ce qui est excessif est insignifiant.Dans ses délires,l’unique solution à nous proposer comme d’ailleurs ses amis de ce cfop,c’est l’organisation d’un forum de réconciliation nationale avec le retour des filles et des fils qui sont en exil.A ce sujet d’ailleurs,est-ce que Ablassé peut nous fournir une liste de ces exilés et pourquoi ils ont décidé de s’exiler car à ce que je sache,un Burkinabè ne s’exilent pas,ils s’absentent.Donc on n’a jamais empêché à un Burkinabè de rentrer dans le pays.Ceci pour dire que les Ablassé et autres jouent à un jeu très dangereux.Si le but final de vos actes barbares est de voir un jour bilaise kouassi né compaoré et son petit frère accueillis triomphalement sur le sol burkinabè avec votre gazeux forum de réconciliation nationale,il n’en sera rien,même pas en rêve malgré ton souhait à peine contenu que le Burkina Faso s’enfonce en 2019.Peut-être mais il ne sera jamais enterré.Des pays plus pauvres que le Burkina en ont vu pire mais ils se sont relevés.
    La patrie ou la mort,nous vaincrons !

  • Le 4 janvier 2019 à 08:06, par Succes En réponse à : Burkina Faso : Carnet de bilan 2018 et des perspectives 2019 !

    Chapeau particulièrement aux journalistes Geoffroy Vaha et Bernard Bougma pour la pertinence de leur analyse. Merci à Fasonet pour avoir donner la parole à ces différents leaders.

  • Le 4 janvier 2019 à 11:15, par HUG En réponse à : Burkina Faso : Le bilan 2018 et les perspectives 2019 de quelques personnalités

    Merci. L’analyse des journalistes est très pertinent. j’ai connus Bernard Bougma à la cité patte d’oie quand nous étions étudiant dans les années 2003. C’est quelqu’un qui a un franc parlé. C’est lors du coup d’Etat de julbert et acolytes que j ’ai encore découvert qu’il était aussi courageux. Franchement, je suis syndicaliste mais certains exagèrent. Quand on dit de recruter avec le bac dans certains corps, il faut avouer avec force que l’objectif visé est d’avoir beaucoup d’argent mais on va faire du tord à beaucoup d’enfants que l’on met au monde. Je parie que si au début on recrutait les fonctionnaires avec les diplômes que certains syndicats exigent maintenant beaucoup de personnes n’allaient pas être fonctionnaire. On dit que c’est pour bien faire le travail qu’il faut rehausser le niveau du recrutement mais c’est un faux débat. Je m’explique quand on dit qu’on recrute des fonctionnaires avec le niveau BEPC je parie que la majorité de ceux qui postulent ont au moins un niveau terminal voire plus. Quand on recrute avec le niveau BAC la majorité des postulants ont au moins le DEUG II ou plus. Quand on recrute avec un niveau CEPE la majorité de ceux qui postulent ont au moins le BEPC voire plus. Si c’était un soucis d’efficacité qui justifie le rehaussement du niveau de recrutement dans la fonction publique on pouvait aussi conserver les mêmes diplômes et accentuer le renforcement de capacité des fonctionnaires sur le terrain. Pourquoi ces syndicats n’ont proposer cette possibilité. Cela aussi est faisable oui ou non ?. En conclusion, je pense qu’il fallait conserver les mêmes diplômes pour le recrutement des fonctionnaires car cela allait permettre de lutter contre le chômage. On fera du tord à nos enfants.

  • Le 4 janvier 2019 à 13:19, par le wang En réponse à : Burkina Faso : Le bilan 2018 et les perspectives 2019 de quelques personnalités

    J’apprécie vraiment toutes les analyses qui sont faites ici, que je trouve sincères et objectives, même si chacun y allé de ses mots (bonnet blanc = blanc bonnet). Et je voudrais de façon particulière dire toute mon admiration d’un patriote, un visionnaire et surtout un volontarisme que j’ai nommé Ablassé OUEDRAOGO. J’ai longtemps été un des flingueurs de l’homme avant de me rendre compte depuis un moment que c’est l’homme qu’il faut écouter. C’est pour le bien du BURKINA FASO.

  • Le 4 janvier 2019 à 18:38, par le citoyen En réponse à : Burkina Faso : Le bilan 2018 et les perspectives 2019 de quelques personnalités

    Il faut vraiment avoir le courage de se dire les choses en face, c’est indispensable pour la survie de notre pays. Rien ne va dans ce pays encore. L’ultime recours pour Roch, c’est de faire appel à tout le monde pour asseoir et recomposer les choses, il faut laisser tomber la politique et mettre les compétences qu’il faut da,s le futur gouvernement. Je partage ENTIEREMENT l’avis de ABLASSE OUEDRAOGO, même s’il l’a dit crûment.

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