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Un marteau pour tuer un moustique qui se cache : pourquoi les terroristes survivent à la mobilisation militaire internationale contre eux ?

Publié le mercredi 2 janvier 2019 à 23h04min

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Un marteau pour tuer un moustique qui se cache : pourquoi les terroristes survivent à la mobilisation militaire internationale contre eux ?

Cette tribune a un double objectif : apprécier à sa juste valeur l’augmentation du budget militaire par le gouvernement burkinabè pour faire face à la menace terroriste et inviter à approfondir la réflexion sur la crise pour s’attaquer aux conflits qui la sous-tendent, en explorant une gamme compréhensive d’approches pour la résoudre.

C’est pénible, c’est douloureux de voir un nombre croissant de nos frères tombés sous les balles des terroristes qui croient combattre pour Allah. L’état d’urgence décrété par le gouvernement burkinabè après un conseil de ministres extraordinaire, alors que le monde s’apprêtait à célébrer le Nouvel an, indique bien le niveau de gravité que la crise a atteint. Mais pour affronter cette crise, nous devons garder le moral haut et regarder l’avenir avec sérénité, lucidité et optimisme.

Toute crise, quelle que soit sa gravité, est aussi une opportunité pour se réformer, s’amender et se repositionner pour un meilleur avenir. Face à un ennemi qui avance et sème la mort et la terreur sur son passage, il est contreproductif de passer le temps à se soupçonner et à s’accuser mutuellement ; il faut s’unir, au-delà des clivages politiques, pour combattre et vaincre l’ennemi par tous les moyens requis.

Tout est loin d’être sombre au Burkina. Il y a bien des zones d’ombre, des points faibles dans l’administration actuelle du pays. Mais toute évaluation objective et équilibrée du gouvernement doit aussi reconnaître des progrès importants faits par le gouvernement et le peuple burkinabè en l’espace de quelques années.

Au milieu de contraintes budgétaires, le gouvernement a fait des efforts louables, bien qu’insuffisants jusque-là, pour faire face à la menace terroriste croissante aussi bien dans les limites des frontières du Burkina qu’en dehors du pays, en collaboration aussi avec des partenaires internationaux comme la France et les USA et d’autres pays de la sous-région dans le cadre du G5-Sahel.

Ces efforts et partenariats ont été surtout faits dans le domaine militaire (renforcement des capacités techniques et opérationnelles, coopération dans le renseignement et le partage d’informations, conduite d’opérations militaires conjointes surtout à la frontière avec le Mali). Même si des efforts non-militaires ont été aussi faits, — nous pensons au Programme d’urgence pour le Sahel (PUS), aux projets PDEV II, Voix pour la Paix, et Partenariats pour la paix financés par l’USAID ; et d’autres financés par l’Union européenne et la Coopération danoise — force est de constater qu’il y a un grand déséquilibre dans l’allocation des ressources pour la lutte contre le terrorisme.

Ce déséquilibre ne s’explique pas seulement par la cherté de l’équipement militaire : un seul avion de combat de qualité coûte plus de 100 millions de dollars (un pactole au Burkina où le budget de l’Etat est chroniquement déficitaire).
Cela s’explique aussi par une analyse et une compréhension partielle de la crise terroriste que beaucoup semblent réduire à un problème sécuritaire qui peut être résolu simplement par un accroissement de capacités militaires.

S’il est vrai que les forces de défense et de sécurité de l’Etat ont besoin de ressources et d’équipement adéquat pour pouvoir efficacement nous protéger et se protéger dans l’exécution de leur mission —l’équipement actuel est désuet—, il est aussi vrai que le terrorisme, surtout celui avec des revendications « jihadistes », ne peut se résoudre seulement par des moyens militaires déployés dans le cadre d’une doctrine militaire traditionnelle inadaptée pour le type de guerre asymétrique que nous livrent les terroristes.

Ceux qui nous attaquent somme comme des moustiques qui se cachent et qui apparaissent pour piquer et être tués ou pour retourner à leur cachette. Dans les attaques terroristes que nous avons connues, leurs armes se réduisaient à des kalachnikovs, à des engins explosifs non-improvisés, et à leurs propres corps, mus par une compensation financière et la conviction de se battre pour une cause juste. En toute vraisemblance, ils sont donc moins bien équipés et entraînés que nos forces de défense et de sécurité.

Mais leur force réside dans leur capacité à opérer et à rester dans le secret, le plus souvent avec la complicité d’amis, de parents et d’autres connaissances. Si nos Etats augmentent leurs budgets militaires — cela est justifiable et nécessaire — en réponse à la guerre que nous imposent les groupes terroristes, il est fort probable que ces derniers changent aussi leurs modes opératoires, car ils font eux aussi des choix rationnels et stratégiques suivant ce qui leur apparaît financièrement et militairement faisable.

En outre, une analyse plus complète de la crise terroriste —à laquelle nous nous attelons ailleurs—montre bien que le terrorisme n’est pas seulement le résultat de la défaillance de l’appareil sécuritaire des Etats mais aussi de facteurs politiques, socio-économiques, identitaires et religieux auxquels il faut également s’attaquer par des initiatives non-militaires.

A la base du terrorisme, il s’agit des conflits, aux niveaux local et international, qui opposent les groupes terroristes et ceux qu’ils considèrent comme leurs ennemis (les puissances occidentales et les Etats alliés qui les combattent). Il importe donc d’ajouter à la mobilisation des moyens militaires et au renforcement des capacités militaires des Etats des initiatives civiles pour réduire et gérer les conflits qui motivent le recours au terrorisme par certains individus et groupes pour obtenir gain de cause.

A ce sujet, une gamme d’options et d’approches existent qu’il faut explorer, évaluer et sélectionner dans le cadre d’une stratégie cohérente assortie de plans d’actions de lutte contre l’extrémisme violent pour prévenir et réduire la violence terroriste au Burkina et dans la sous-région. Une telle discussion ne se fait pas dans la presse de peur de révéler à l’adversaire ses armes, ses faiblesses et ses secrets avant la guerre.

M.BERE
SCAR, George Mason University, USA.

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Vos commentaires

  • Le 3 janvier 2019 à 08:03, par Fils En réponse à : Un marteau pour tuer un moustique qui se cache : pourquoi les terroristes survivent à la mobilisation militaire internationale contre eux ?

    "Une telle discussion ne se fait pas dans la presse de peur de révéler à l’adversaire ses armes, ses faiblesses et ses secrets avant la guerre". Sur ce point je suis parfaitement d’accord avec vous. sachez que là où les terroristes ont la peau dure il y avait déjà le grand banditisme notamment l’est et le sahel. Avec l’État d’urgence je crois que si la population adhère il y aura un résultat satisfaisant. Il y’a certains médias internationaux qui sont pires que les terroristes. Ouvrons l’œil

  • Le 3 janvier 2019 à 10:28, par Ami En réponse à : Un marteau pour tuer un moustique qui se cache : pourquoi les terroristes survivent à la mobilisation militaire internationale contre eux ?

    Bonne et heureuse année 2019 à tous mes compatriotes et protection divine pour nos FDS. Il me semble que la lutte contre le terrorisme dépend aussi de notre courage à interroger notre coopération militaire avec les puissances qui sont sur notre sol et à engager notre responsabilité. Nous devrons avoir particulièrement le courage d’interroger la coopération militaire française et même les français sincères doivent nous y aider. Il y a des similitudes troublantes de scénari avec d’autres pays où des soldats sont morts bêtement pour que la France récupère ces dits pays à 1 Franc symbolique : c’est le cas au Mali où la France interdit au Mali d’aller au partout au Mali. c’est aussi le cas en Côte d’Ivoire où la France par sa puissance militaire interdit l’Etat ivoirien d’aller partout en Côte d’Ivoire. Il nous revient également des informations macabres du côté de la Centrafrique, du Rwanda, du Tchad etc. Nous devrons apprendre à nous assumer si nous voulons continuer à exister en tant que nation qui a un avenir pour ses descendants. Nous devons apprendre à nous fixer des repères des jalons sinon nous allons tourner en rond. Il n’est pas juste que ce pour quoi nous devancier ont versé leur sang nous acceptions en toute insouciance. Il n’est pas juste que nous retournions à ce que nos pères ont dépassé du temps des présidents Maurice Yaméogo ; Lamizana etc.

  • Le 3 janvier 2019 à 14:10, par Citoyen En réponse à : Un marteau pour tuer un moustique qui se cache : pourquoi les terroristes survivent à la mobilisation militaire internationale contre eux ?

    chers camarade je vous souhaite une bonne et heureuse année 2019. cette question mérite d’être posée. on nous parle de terroriste qui sont censés être des ennemis communs ; mais où se trouvent ces "têtes de poule" ? ils sont dans quel pays ? on ne le saura jamais. vous voulez que je vous dises, ceux qui nous aident a les chercher sont ceux qui ont mis en place cette organisation terroriste pour servir leurs intérêts égoïstes (intervention de la France en Libye et au mali etc.). alors je vous appelle à la vertu vous et moi et je suis convaincu qu’un jour il vont rendre compte de ces tueries.

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