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« Foire de la démocratie » : Ce que les acteurs politiques ont exprimé … !

Publié le lundi 31 décembre 2018 à 22h49min

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« Foire de la démocratie » : Ce que les acteurs politiques ont exprimé … !

C’est le 28 décembre 2018 au siège du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) sis à Ouaga 2000, que les partis politiques et des acteurs de promotion de la démocratie ont commémoré en différé, la journée de la démocratie 2018. Cette journée qui a été initiée par le CGD.

L’ambiance commence à l’entrée ouest avec le stand du « parti de l’œuf », l’UNIR/PS (Union pour la renaissance/Parti sankariste). Là, Hamidou Kaboré, chargé de la communication politique du parti, qualifie d’abord de « très belle » l’initiative, car elle permet aux jeunes et aux moins jeunes de voir l’offre politique au Burkina. Il en voit en ce cadre, une tribune pour les partis politiques de pouvoir se présenter davantage aux citoyens, et à ces derniers de poser des questions. A en croire le responsable des lieux, ici, les visiteurs s’intéressent à plusieurs aspects du parti, « notamment notre appartenance à la majorité présidentielle, notre participation à la prochaine élection en 2020 et également notre idéologie ».

« C’est une opportunité de permettre à ceux qui veulent nous rejoindre dans le parti de pouvoir le faire. Nous avons d’ailleurs enregistré dans ce sens, quelques contacts de personnes qui sont intéressées, qui ont rempli les fiches, que nous allons recontacter pour les mettre en relation avec nos structures de base », déclare Hamidou Kaboré.

A côté du QG (quartier général) de l’UNIR/PS (majorité présidentielle), trône celui du « parti du lion », l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC, première force politique de l’opposition). Il est animé par les jeunes Kévin Tidiane Traoré, Isabelle Nikiéma et Mariam Dao. Ici également, l’on ‘’vend’’ les atouts et valeurs du parti, notamment le programme de société, les textes fondateurs du parti... « Les préoccupations des visiteurs sont liées à l’idéologie, au programme et surtout la vision du parti ; parce que, l’UPC, c’est corriger ce qui est mal fait, améliorer ce qui est déjà fait », introduit Kévin Tidiane Traoré.

Il apprend aussi que les questions du public sont relatives à la position du parti dans l’opposition politique et à la situation de crise en son sein avec les frondeurs. « On leur fait comprendre que les frondeurs n’ont pas quitté le parti, ils sont toujours militants, sauf qu’ils ont créé à part leur groupe parlementaire (RD, ndlr) », réitère-t-il.
Dans le même esprit, Isabelle Nikiéma se réjouit particulièrement que la gent féminine, les jeunes filles surtout, s’intéresse beaucoup au parti, en termes de perspectives. « Elles demandent aussi comment faire pour y adhérer. Nous leur faisons savoir qu’elles ont une chance parce qu’au niveau du parti, une grande place est aux groupes spécifiques, notamment aux femmes et à la jeune fille. Nous les exhortons donc à franchir le pas », mobilise-t-elle.

Au PDS/METBA, l’on loue un tel esprit qui regroupe dans un même espace, des acteurs politiques d’obédiences diverses. « Très belle ambiance. A l’entame des stands, on constate qu’il y a l’UNIR/PS, après il y a l’UPC… Le hasard a fait qu’il y a une juxtaposition des partis de l’opposition et les partis de la mouvance. Ensuite, il y a le MPP qui est proche du CDP…, on se côtoie, on échange, c’est une bonne chose », décrit le secrétaire général du parti, Elie Syan.

Exprimant sa satisfaction pour l’intérêt accordé au Parti pour la démocratie et le socialisme, Parti des bâtisseurs (PDS/METBA, majorité présidentielle) par les visiteurs, M. Syan note que « nombreux sont ceux qui tentent à mieux connaître le parti, la définition de son sigle et qui demandent à comment faire pour y adhérer. Visiblement, on sent que ça répond beaucoup à l’attente des visiteurs. (…). On a aussi constaté, par exemple, des gens qui n’ont pas de carte d’électeur, et qui nous ont demandé comment faire pour l’obtenir. Et Dieu merci, parmi les acteurs ici réunis, on a la CENI, le Conseil constitutionnel, nous leur dirigeons donc vers ces structures habilitées à donner ce genre d’informations ».

Théophile Dimtoumda, directeur du siège du Nouveau Temps pour la démocratie (NTD, mouvance présidentielle) pense qu’au-delà de tout, « cette journée a permis de fraterniser avec certains partis politiques présents ». Parti de la social-démocratie, le NTD entend défendre les intérêts de la population, lutter contre la corruption, l’injustice et les inégalités sociales. Théophile Dimtoumda se montre satisfait qu’en cette journée, l’engouement autour du parti soit une réalité à travers des questions sur la position du parti dans l’animation de la scène politique.

« Ce sont des questions fréquentes que nous enregistrons », dit-il. Toute chose qui, de son avis, montre que le public est dans un besoin de comprendre (car le Burkina compte certes de nombreux partis politiques, mais très peu animent réellement la vie publique). Le NTD mise aussi sur la jeunesse, car « la population burkinabè est composée, près de 80% de jeunes. Notre président étant jeune, il a aussi jugé bon de rassembler la jeunesse burkinabè autour du programme du président du Faso que nous partageons tous ».

« C’est une très bonne chose, qu’on se soit retrouvé-là, pour cette rencontre-exposition, parce que nous avons la présence de différents partis politiques et cela nous apprend à vivre ensemble, à échanger, à partager. Tout à l’heure, si vous étiez là, vous auriez vu comment on se taquinait avec les voisins (le CDP, ndlr). C’est pour dire que nous sommes de partis différents, mais de même pays. Nous sommes ensemble, il faut donc qu’on vive ensemble et qu’on œuvre ensemble à ce que tout se passe bien pour notre pays. Nous sommes donc là, ensemble, comme si on était d’un même parti », exprime pour sa part Elise Ilboudo, secrétaire national des femmes du MPP.

Parti au pouvoir, le MPP n’échappe pas à des questions sur des préoccupations de l’heure, notamment celles liées au phénomène d’insécurité. Selon les animatrices du stand, des sujets sur l’intégration de la jeunesse dans les sphères décisionnelles, la participation des femmes aux instances de décision, la structuration du parti, la place de la jeunesse et de la femme dans le parti, etc., constituent en outre des centres d’intérêt du public.
En tant que leader des femmes au sein de son parti, Elise Ilboudo, par ailleurs député, soutient que le parti compte beaucoup sur la gent féminine (parce qu’elle constitue l’un des piliers fondamentaux du MPP).

« C’est pour moi, l’occasion donc de demander aux femmes de rester solidaires. Que la cohésion règne au sein de nos bureaux, de nos familles, de tous les militants ; quels que soient les regroupements au sein desquels ils se retrouvent. Qu’on puisse prioriser la cohésion, l’entente et le partage. C’est de dire également que nous savons que les attentes sont nombreuses et que le gouvernement fait tout pour satisfaire les besoins. Mais, il y a toujours beaucoup à faire ; parce que les attentes sont nombreuses. Donc, c’est de garder toujours patience et œuvrer à accompagner notre parti pour lui permettre de voler de victoire en victoire. Je leur demande aussi d’être vigilantes, parce qu’aujourd’hui, la question de la sécurité reste posée, et pour cela, il faut que chacun y mette du sien pour que cette préoccupation trouve une réponse », développe-t-elle, insistant ici sur la nécessité de la sensibilisation, de veille et d’alerte.

Yves Millogo, responsable à la communication du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, ex-parti au pouvoir), mise surtout, en cette journée, sur les nouvelles méthodes de travail du parti. « Ça veut dire qu’aujourd’hui, nous voyons comment le pays est gouverné. Alors, si nous voulons avoir du crédit vis-à-vis des populations, il faut que nous leur proposions quelque chose d’innovateur, qui aille comme un contrat de gouvernance avec elles : du point de vue de leurs besoins, en matière économique, au niveau de la sécurité et surtout de l’éducation. Voyez-vous que tous ces voyants sont au rouge dans la gouvernance actuelle ! », charge M. Millogo. Ce dernier ne masque pas la détermination de son parti de reconquérir le pouvoir d’Etat dès 2020 (pouvoir qu’il a perdu en octobre 2014 suite à l’insurrection populaire).

« Quand les gens nous approchent, ils nous demandent qu’est-ce qu’on a à proposer par rapport au MPP. Nous leur disons de nous faire confiance. Mais avant même de leur proposer quelque chose, il faut que nous établissions avec eux, un contrat de confiance, qui est d’aller à leur écoute, leur expliquer que nous avons évolué en termes de méthodes de gouvernance, d’approche démocratique et surtout d’appréciation de l’évolution sociale au niveau de la société burkinabè », convainc le responsable à la communication du CDP. Se référant au front social, il estime que le pouvoir actuel est en perte de vitesse, dépourvu de toute alternative.

De l’initiative même de cette journée…, M. Millogo affiche satisfaction car, de son avis, elle permet (sous ce format surtout) aux partis politiques de se rencontrer, « de dire que le jeu démocratique est un jeu de débats d’aidées ; ce n’est pas une bagarre entre ennemis. L’atmosphère ici est bon enfant ; puisque, que ce soit au niveau des gens du pouvoir, ce sont des anciens camarades que nous connaissons. Entre eux et nous, il n’y a pas une guerre, il y a seulement un débat d’idées. Nous essayons de les convaincre qu’aujourd’hui, ils n’ont qu’à regarder et apprécier ce qui se passe, en toute honnêteté et de savoir qu’ils sont en perte de vitesse. Nous, nous sommes une solution pour demain ».

Pour lui donc, c’est un débat d’idées qui doit être innovant. « Si la démocratie est enracinée, les autres aspects de la société, tel que l’Etat, peuvent gagner en crédibilité vis-à-vis des populations. La république aussi en sort renforcée, parce que le pilier de la république, c’est la démocratie et l’enracinement de l’Etat. Bien sûr, l’enracinement de l’Etat implique aussi la justice, l’équité sociale », soutient Yves Millogo.

Aux côtés des acteurs politiques, on compte des institutions-phares comme le Conseil constitutionnel et la Commission électorale nationale indépendante (CENI). « C’est l’institution gardienne des droits et libertés des populations, elle veille au contrôle de la constitutionnalité des lois, des conventions, des ordonnances…. Le Conseil constitutionnel est le régulateur de la vie politique », explique l’assistant-juridique au Conseil constitutionnel, Félix Wangrawa, confiant que les préoccupations soulevées à leur stand ont trait surtout à la saisine du Conseil constitutionnel.

L’organisation non-gouvernementale, OXFAM, était parmi les acteurs non-politiques à ce rendez-vous. « Dans un pays, pour appuyer un projet, il faut qu’il soit pris en compte par les politiques, on ne peut mettre en œuvre les programmes sans les politiques », justifie Halidou Kaboré, qui rappelle au passage que l’OXFAM est une structure qui lutte contre la faim et la pauvreté.

« En 2015 par exemple, nous avons essayé de faire la promotion de la femme en lançant une pétition, pour inviter les acteurs à plus d’actions ; on a plaidé pour l’octroi de 10% des terres aux femmes. Si nous lançons une telle pétition, sans le soutien des politiques, nous ne pouvons pas atteindre l’objectif », poursuit-il, précisant que les acteurs politiques s’avèrent donc indispensables dans la mise en œuvre des projets au profit des populations.
A cette ‘’foire des acteurs de la démocratie’’, l’organisation est aussi présente avec une pétition, lancée par les producteurs de lait (de six pays) pour plaider auprès des Chefs d’Etat en faveur du lait local. « L’ambition, c’est d’inviter les autorités de ces pays à plus d’investissements dans le secteur ; accorder plus de moyens aux éleveurs, faciliter leur organisation sur le terrain. Ce qui va non seulement permettre aux acteurs de créer des activités, mais aussi de produire suffisamment de lait local », explique Halidou Kaboré, qui confie que l’importation du lait coûte des milliards aux pays.

Simon Pierre Douamba du CGD

Défi de relevé donc pour le CGD, promoteur de cette journée. Pour Simon Pierre Douamba, chargé du suivi-évaluation, les partis invités sont surtout ceux représentés à l’Assemblée nationale. Par cet espace, il s’agit de permettre aux populations de s’approprier les règles de la démocratie et aux partis politiques de mettre dans leur programme, l’animation permanente de la vie politique en dehors des campagnes. « C’est également montrer ce message qu’on peut être différent, mais uni. On peut ne pas avoir la même idéologie, la vision, mais nous n’avons qu’un seul Burkina », persuade le chargé du suivi-évaluation du CGD, Simon Pierre Douamba.

O.L
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Vos commentaires

  • Le 3 janvier 2019 à 05:23, par biga En réponse à : « Foire de la démocratie » : Ce que les acteurs politiques ont exprimé … !

    c’est la democratie comme cela ? Avec les attaques terroriste repeté vous vivé en democratie comme cela ? J’ai toujours dit sa a mes collegue qui prone les vent de la democratie que l’intention est noble mais il y a des peuple qui ne sont pas prête. Hier on entendue dire que la democratie avait pris un bon en avant au burkina, la communauté international nous avait même feliciter. La minute apres c’était les attaques terroristes ; C’est ca vous appeler democratie ?

  • Le 4 janvier 2019 à 16:45, par Bazèga Fils En réponse à : « Foire de la démocratie » : Ce que les acteurs politiques ont exprimé … !

    J’ai fait un tour à cette foire des partis politiques. dans l’ensemble c’était bien organisé, malgré quelques imperfections. J’ai visité les stands des différents partis politiques. mais celui de l’UPC a marqué particulièrement mon attention, à cause de la maîtrise des jeunes quant à l’idéologie et la vision de leur parti. j’aimerais bien que les jeunes des autres partis suivent leur exemple. J’ai rarement des jeunes de cet âge, qui sont férus de connaissances politiques comme ces jeunes. Surtout le nommé Kévin Traoré ; il m’a édifié lorsqu’il m’a fait la présentation de l’UPC.

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