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Construction d’infrastructures sanitaires au Burkina : Des journalistes s’imprègnent de l’état d’avancement des travaux

Publié le vendredi 28 décembre 2018 à 00h16min

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Construction d’infrastructures sanitaires au Burkina : Des journalistes s’imprègnent de l’état d’avancement des travaux

Le ministère de la Santé a initié, du 18 au 22 décembre 2018, une caravane de presse dans les régions des Hauts-Bassins, la Boucle du Mouhoun et du Centre. Cette tournée de presse avait pour objectif d’informer l’opinion publique du niveau d’avancement des infrastructures de santé en construction et celles rendues opérationnelles.

L’accès des populations aux soins de santé constitue une préoccupation pour le gouvernement actuel. Pour montrer son engagement dans cette politique, il a adopté, en avril 2016, la gratuité de soins de santé des enfants de moins de cinq ans et des femmes enceintes. En plus de cela, de nombreuses infrastructures sanitaires sont réalisées à travers le ministère de la Santé, chargée de la mise en œuvre de cette politique. Cependant, la communication pour permettre aux populations de voir les efforts du gouvernement est insuffisante.

La maternité du CHUR de Dédougou exécutée a 100%

C’est dans le but de rendre visibles ces politiques et actions que la Direction de la communication et de la presse ministérielle (DCPM) a réalisé une sortie régionale avec les organes de presse. Cette sortie avait pour but de montrer les actions mises en œuvre par le gouvernement dans le cadre de la construction d’infrastructures de santé pour une amélioration de l’accès aux soins de santé. En effet, cette tournée régionale a permis de faire un zoom sur plusieurs infrastructures en construction ou opérationnelles dans les régions de la Boucle du Mouhoun, des Hauts-Bassins et du Centre.

Plusieurs infrastructures ont été visitées à cet effet par la caravane, notamment le centre d’hémodialyse de l’hôpital Souro-Sanou de Bobo-Dioulasso, le Centre hospitalier universitaire régional (CHUR) de Dédougou, le centre médical de Tchériba, le centre de cancérologie de Ouagadougou, le centre de médecine traditionnelle, le centre de neurochirurgie et le centre de renforcement des capacités en médecine physique et réadaptation à Ouagadougou.

La visite du CHUR de Dédougou

Le centre d’hémodialyse de Bobo-Dioulasso est construit, équipé et fonctionnel

A Bobo-Dioulasso, la caravane a pu visiter le centre d’hémodialyse de l’hôpital Souro-Sanou, construit, équipé et fonctionnel. En effet, ce troisième centre d’hémodialyse au Burkina Faso, entièrement équipé par l’Etat burkinabè, a été inauguré le 26 avril 2018 par le ministre de la Santé, Pr Nicolas Méda. C’est dans l’optique d’accroître l’offre de soins en néphrologie au Burkina Fao que le service de néphrologie et d’hémodialyse a été créé à l’hôpital Souro-Sanou, le 31 août 2017.

Cette nouvelle unité d’hémodialyse permettra non seulement de sauver de nombreuses vies humaines, mais de soulager des familles qui, malgré « leurs petits moyens », devaient se rendre à Ouagadougou pour les prestations qui peuvent se réaliser dorénavant à Bobo-Dioulasso.

Le centre de renforcement des capacités en médecine physique et réadaptation

Ce service, qui est fonctionnel depuis le 14 novembre 2017 à travers son volet néphrologie clinique, et le 26 mars 2018 pour la partie dialyse, permet de prendre en charge toutes les pathologies rénales (insuffisance rénale aiguë et chronique ainsi que les patients dialysés, syndrome néphrotique, préparation à la greffe rénale et suivi post-greffe).

A en croire le Dr Harouna Doro, médecin néphrologue, le centre dispose de deux unités, d’une unité d’hospitalisation avec une capacité de quinze lits et d’une unité de dialyse avec quinze générateurs également. « Dans notre centre, actuellement, nous dialysons, de façon chronique (de façon régulière), 90 malades à raison de deux séances de 4 heures par semaine, et de temps en temps, nous dialysons des cas aigus qui viennent des autres unités de soins. Et depuis l’ouverture du centre, nous avons eu à faire à 45 de ces cas-là. La dialyse chronique se fait par forfait de 500 000 F CFA pour le moment, pour toute la vie », a-t-il expliqué.

Harouna Doro, médecin néphrologue

Toutefois, il a souligné que l’insuffisance rénale constitue un véritable problème de santé publique au Burkina Faso. En effet, selon Dramane Paré, président de l’Association burkinabè des dialysés et insuffisants rénaux, en 2005 le centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo enregistrait 25 dialysés. Aujourd’hui, le nombre est passé à plus de 300 patients qui souffrent d’insuffisance rénale, sans compter ceux des autres centres.

Pour Adama Ouédraogo, représentant des malades dialysés de Bobo-Dioulasso, la construction de ce centre a apporté beaucoup de changements dans la vie des malades. Le centre permet aux patients d’être aux côtés de leurs familles pour leurs séances d’hémodialyse. « A Ouagadougou, la dialyse se faisait une fois dans la semaine et ici nous bénéficions de la dialyse deux fois dans la semaine et c’est formidable. Nous avons commencé à dialyser ici depuis mars 2018, et nous étions seulement à 20 patients venus de Ouagadougou, et présentement nous sommes au nombre de 90 malades dialysés en plus de 45 dialysés aigus. C’est une maladie qui s’accroît de jour en jour et c’est inquiétant », a laissé entendre le représentant des malades dialysés de Bobo-Dioulasso.

Adama Ouédraogo, représentant des malades dialysés de Bobo

Cependant, un certain nombre de préoccupations ont été soulevées par le Dr Doro. Il s’agit notamment de garantir la sécurité du personnel et des patients à travers la clôture des lieux, et le renforcement du centre avec du matériel médical dans le futur, au regard du nombre des malades qui s’accroît de jour en jour.

Etant donné que la dialyse ne corrige pas toutes les fonctions rénales et que les moyens des Burkinabè sont limités pour y faire face, le docteur a souhaité que chacun met l’accent sur la prévention de la maladie par le dépistage.

A Dédougou, les travaux de construction du CHUR évoluent très bien

Après la ville de Bobo-Dioulasso, la caravane s’est rendue à Dédougou, dans la Boucle du Mouhoun. Là, c’est le chantier de construction du nouveau Centre hospitalier universitaire régional (CHUR) de Dédougou qui a été visité. Selon Aboubacar Sanou, coordonnateur du projet de construction et d’équipement du centre, le projet a été créé en 2014 et les travaux ont commencé précisément le 1er décembre de la même année. A l’en croire, les crises que le pays a connues en 2014 et 2015, ont contribué au retard des travaux sur ce chantier.

« Ce n’est qu’en 2017 qu’une nouvelle équipe a pris les rênes de ce chantier. Et aujourd’hui, il y a eu beaucoup d’avancées sur le chantier. La maternité a un taux d’exécution de 100% et les autres infrastructures sont en construction. Aujourd’hui, nous pouvons dire que les travaux évoluent très bien et nous sommes sûrs qu’en décembre 2019, nous pourrons ouvrir le pool mère-enfant. En ce qui concerne la finition totale de l’hôpital, nous espérons finir en 2020, au plus tard 2021 », a-t-il indiqué.

La construction de ce CHUR s’inscrit dans le cadre du projet de construction des trois CHUR, à Dédougou, Gaoua et Fada, financé par le gouvernement burkinabè. Selon Aboubacar Sanou, le coût de réalisation de chaque CHUR est estimé à environ 35 milliards de francs CFA. C’est pourquoi il note une satisfaction totale par rapport à ce projet. « Les difficultés ne sont pas très nombreuses. L’Etat a fourni beaucoup d’efforts, les difficultés sont surtout liées à la défaillance de certaines entreprises. Mais nous avons pu gérer ces difficultés et les entreprises ont repris de plus belle et les travaux avancent », a noté ce dernier.

L’acquisition du terrain pour la construction de ce nouveau centre a engendré la délocalisation de certaines populations qui ont accepté, dans une démarche citoyenne, d’être relocalisées sur un autre site. A en croire le coordinateur du projet, certaines préoccupations de ces populations ont été satisfaites, notamment en matière d’eau potable, d’infrastructures sanitaires et scolaires.

Les journalistes visitent le centre d’hémodialyse de Bobo

La transformation du CSPS de Tchériba en centre médical connaît des difficultés

Dans le processus de transformation des Centres de santé et de promotion sociale (CSPS) en Centre médicaux (CM) initié par le gouvernement burkinabè, celui de Tchériba a été retenu. Cependant, l’infrastructure est toujours en chantier et le délai d’exécution est dépassé. Selon Moussa Ouissnama, infirmier-chef de poste du CSPS de Tchériba, ce retard s’explique par le manque de financement. Toutefois, il a noté que les entrepreneurs sont à pied d’œuvre pour finir les travaux au bon moment.

Ce CSPS date de 1979, et dans le processus de sa transformation en CM, il y aura beaucoup de changements. Toute chose qui va soulager les populations.
Ainsi, dans la transformation, l’infirmier-chef de poste souhaiterait la construction d’une nouvelle maternité, « car celle existante est dépassée et ne répond plus aux normes », ainsi qu’un autre dispensaire ; car il estime qu’avec une population de 17 342, les anciens bâtiments ne peuvent plus contenir les malades. Il a par ailleurs évoqué le besoin d’un incinérateur pour le centre.

Le centre de soins spécialisees de haut niveau en neurochirurgie en construction



Un centre de cancérologie bientôt disponible à Ouagadougou

A Ouagadougou, plusieurs chantiers ont été visités. Le premier site visité par les professionnels de médias est le centre de cancérologie. Selon Benjamin Bamogo, coordonnateur du projet de construction et d’équipement du centre de cancérologie de Ouagadougou, ce centre aura pour vocation le diagnostic en matière de cancer et le traitement des cancers.

Ce centre est prévu pour être un institut national de cancérologie au Burkina Faso. C’est-à-dire qu’il y aura également les missions de recherches et d’enseignement au niveau de ce centre. « La construction du centre a pour but le traitement et la recherche d’envergure nationale et même sous-régionale », a indiqué ce dernier.

Le lancement des travaux a eu lieu en avril 2017 pour un délai d’exécution de 17 mois. Aujourd’hui, le chantier est à un taux d’exécution de 57%. Les entreprises en charge de la construction ont pour échéance fin mai 2019 pour livrer la première phase du projet, à savoir l’unité de médecine nucléaire et la radiothérapie. « Nous sommes en phase de finition de la première phase du chantier et les difficultés rencontrées sont d’ordre organisationnelle que nous arrivons à gérer au quotidien », a-t-il dit.

A l’en croire, le projet a un coût total de 30 milliards 840 millions de francs CFA, entièrement financé par l’Etat burkinabè. Cependant, la première phase du projet tourne autour de 11 milliards de francs CFA.

Environ 17 milliards encore attendus pour la construction du centre de neurochirurgie

Le projet de construction du centre de soins spécialisés de haut niveau en neurochirurgie de Ouagadougou est né en 2014, face au constat que le pays évacue beaucoup de patients à l’étranger pour des traumatismes crâniens, pour des besoins d’intervention de type neurochirurgical. C’est pour ainsi pallier ce problème que le centre a été créé pour prendre en charge ces cas au niveau du pays. Avec les difficultés que le pays a connues en 2014 et 2015, le chantier traine le pas.

Selon Stéphane Zagré, coordonnateur du projet au niveau du ministère de la Santé, ce n’est qu’en 2017 que les travaux ont démarré avec une inscription budgétaire de 2 milliards de francs CFA sur un coût global estimé à 19 milliards de francs CFA. Le taux d’exécution pour les trois premiers bâtiments en construction est de 26% pour un délai d’exécution de dix mois. Pour l’ensemble du projet, le taux d’exécution est de 16%. Toutefois, le projet attend la mobilisation des ressources financières pour la suite des travaux.

Le centre de renforcement des capacités en médecine physique et réadaptation a un taux d’exécution de 79%

Le programme de renforcement des capacités en médecine physique et réadaptation est un programme qui est exécuté par le ministère de la Santé, en partenariat avec l’Association pour la promotion de l’éducation, de la formation à l’étranger, et Wallonie Bruxelles internationale qui sont deux organes belges de coopération au développement.

Selon Joseph Moukassa Méda, coordonnateur du programme de renforcement des capacités en médecine physique et réadaptation, le lancement des travaux pour la construction du centre a eu lieu le 17 décembre 2017, pour un délai d’exécution de dix mois. Aujourd’hui, le chantier est à douze mois, avec un taux d’exécution physique de 79%.

A l’en croire, ce retard est dû à certaines difficultés organisationnelles des travaux. Cependant, il rassure que le bâtiment sera prêt au plus tard en fin janvier 2019. Il a par ailleurs indiqué que la construction de ce centre s’inscrit dans le cadre du PNDES, en faveur des personnes handicapées. Le coût de construction et d’équipement du bâtiment s’élève à 408 millions de francs CFA et est exclusivement financé par la Coopération belge au développement.

Aboubacar Sanou, coordonnateur du projet de construction du CHUR de Dédougou

Le projet de construction du centre de médecine traditionnelle et des soins intégrés de Ouagadougou

Le projet concerne la construction d’un centre de référence de médecine traditionnelle à Tengandogo, au profit du ministère de la Santé. Il comprend trois composantes à savoir le génie civil, l’équipement et la cellule d’exécution. Il couvre la période de 2013 à 2015, soit une durée de trois ans, et est entièrement financé par le budget de l’Etat. Il a pour objectif d’améliorer la qualité et l’utilisation des soins de médecine et de pharmacopée traditionnelles.

Selon le Dr Brice Evance Zoungrana, coordonnateur du projet, la réception provisoire du bâtiment a eu lieu le 21 décembre 2018, avec le maître d’ouvrage délégué et les entreprises. La construction de ce centre a mobilisé 3 milliards de francs CFA, entièrement financés par le budget de l’Etat. Certes, le bâtiment a été réceptionné, mais le marché de plantes médicinales n’est pas encore construit ainsi que l’aménagement intérieur qui n’est pas encore fait. Il a aussi indiqué que les équipements pour le centre sont en cours. L’ouverture du centre est prévue pour l’année 2019.

Les chantiers ont connu des difficultés dans leur exécution

De cette visite de terrain, il ressort qu’au cours de la période 2016-2018, la mise en œuvre des activités dans le domaine de la construction des infrastructures sanitaires et leur équipement a été émaillée de difficultés d’ordre général dont les principales sont : la défaillance des entreprises dans l’exécution de leur contrat dans les délais impartis, l’insuffisance des ressources financières allouées à certains projets de développement, les lourdeurs administratives dans la passation des marchés publics.[ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]


Romuald Dofini
Lefaso.net

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