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Burkina Faso 2019 : Arrêtons tout et négocions

Publié le jeudi 27 décembre 2018 à 00h32min

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Burkina Faso 2019 : Arrêtons tout et négocions

Le train amorce lentement le dernier virage pour entrer dans 2019. Au Burkina Faso, 2018 aura été l’année des semences d’espérances et de compromis. Par foi diverse, des promesses peinent à être tenues. De janvier à décembre 2018, des acteurs des domaines publics de l’éducation, de la santé, de l’économie, des finances, de la sécurité, de la justice, de la culture, de l’agriculture, du logement, entre autres, ont posé des revendications. L’espace privé n’est pas en reste et la société civile ne s’est pas faite oubliée dans le processus. Même la politique s’invite souvent dans le dialogue.

L’Etat au sommet a organisé, à travers une conférence nationale, une remise à plat des rémunérations des agents de la fonction publique. Au niveau des acteurs de la société civile, la Coalition contre la vie chère a marché le 29 novembre contre l’augmentation des prix du carburant et entamé une négociation infructueuse avec le gouvernement. Le gouvernement a pris langue à deux reprises avec les acteurs du secteur privé, notamment suite à la grève des routiers et au maintien en l’état des prix dans le domaine des transports.

Sur le plan politique, la majorité et l’opposition étalent au grand jour leurs divergences sur la gouvernance des questions sécuritaires et économiques. L’actualité a été aussi alimentée par la crise entre les commissaires de la nationale des élections et dont la solution palliative a été l’octroi, à titre gracieux, de missions d’explication du vote des Burkinabè de l’étranger dans 38 pays. A court d’idées, les acteurs se contentent souvent de solutions conjoncturelles pour des problèmes structurels. Toutes les semences ont été mises sous terre en 2018 et 2019 sera l’année de tous les défis en matière de concertation et de dialogue.

Au-delà des institutions en charge du dialogue social comme le haut conseil mis en place par le gouvernement, chaque acteur du public, du privé et de la société civile doit apprendre à négocier. Le gouvernement est interpellé au premier plan car celui qui a la force doit montrer également un savoir-faire en matière de dialogue et de négociation en privilégiant le compromis et des solutions mutuellement profitables. Il ne s’agit pas simplement à grande publicité de montrer sa disponibilité au dialogue.

Il faut s’engager résolument dans les négociations, à l’abri des médias et des réseaux sociaux pour trouver des concessions qui arrangent toutes les parties prenantes. La politique de diabolisation de l’adversaire peut payer à court terme. A long terme, il faut s’inscrire dans la valorisation de l’autre, dans l’écoute et dans la recherche de solutions durables à ses craintes, à ses aspirations et à ses attentes. Si l’option de la négociation est envisagée, les acteurs sont convaincus de leur interdépendance, de l’importance de la divergence et du degré élevé de leur volonté de trouver une solution.

Ces conditions sont pleinement remplies pour ce qui concerne les points traités entre le gouvernement burkinabè et les autres acteurs, syndicats, acteurs du secteur privé ou responsables de la société civile. Le gouvernement ne peut pas occulter l’indispensable contribution de chaque acteur au développement national. Aucun des acteurs ne peut nier l’importance du rôle de régulation et de facilitation du gouvernement. L’acceptation de l’un et de l’autre comme interlocuteur crédible est nécessaire pour un dialogue franc et responsable.

Pris par l’urgence, les acteurs de la négociation au Burkina Faso, étatiques, non étatiques ou privés, font fi des principes, des techniques, des stratégies et des tactiques de négociation et aboutissent à des résultats irréalistes et irréalisables. Si ce ne sont pas des contraintes économiques qui empêchent le respect des engagements, ce sont des dispositions juridiques qui rendent impossibles la mise en œuvre des accords.

Pour sortir de cet amateurisme, les acteurs de la négociation doivent, au-delà des leçons apprises par la pratique, se donner le temps d’apprendre. On ne naît pas négociateur, on le devient. Il faut avoir l’humilité d’aller à l’école de la négociation. Il faut prendre le temps d’apprendre à préparer les négociations, à conduire les processus de dialogue et à conclure des accords mutuellement profitables avec des mécanismes de suivi et d’évaluation. Pour que 2019 soit une année de réussite professionnelle, sociale et politique au Burkina Faso, les acteurs doivent apprendre à négocier.

Zoomb-noogo SILMANDE, Analyste/IACDI

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Vos commentaires

  • Le 27 décembre 2018 à 22:33, par WT En réponse à : Burkina Faso 2019 : Arrêtons tout et négocions

    Parfaitement d’accord avec vous. Depuis l’an passé, voire auparavant, j’ai toujours soutenu cette thèse dans le domaine de l’éducation surtout. Tout se terminera autour d’une table et des rappels éventuels peuvent régler la situation des travailleurs mais les séquelles au niveau des enfants ne sauraient être compenser en aucune manière. Même dans les classes d’examen les rattrapages ne sauraient remplacés valablement les séances normales. Il semble plus facile de corriger par le bon exemple et non l’imitation de ce qu’on dénonce.

  • Le 30 décembre 2018 à 06:41, par COULDIATI Basoantari En réponse à : Burkina Faso 2019 : Arrêtons tout et négocions

    Absolument tout développement passe par le dialogue, la compréhension, l’engagement de tout citoyen
    Que Dieu bénisse le Burkina Faso

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