Accès à l’eau potable : WATA, la « solution révolutionnaire » d’Antenna
LEFASO.NET | Par Jacques Théodore Balima
Les communautés villageoises ont désormais la possibilité de fabriquer du chlore pour rendre plus potable leur eau de boisson. Cette technologie, inventée par Antenna, a été installée le vendredi 14 décembre 2018 à Sabtenga, localité située à une trentaine de kilomètres au Nord de la capitale.
En 2013, la mairie de Pabré a réalisé dix forages au profit des populations. Cela, en vue de leur servir de l’eau potable avec le concours de l’Officie national de l’eau et de l’assainissement (ONEA). Seulement, en dépit de ces efforts, le constat était que cette eau était toujours souillée du fait des difficultés inhérentes à son traitement et à sa manipulation.
La rupture du stock de chlore, les risques encourus par le fontainier qui se voyait obligé de monter sur le château pour y introduire des pastilles de ce produit étaient entre autres les difficultés qui participaient à salir l’eau de boisson servie à Sabtenga. « Nous injections, à des périodes bien définies, des pastilles de chlore dont la qualité n’est pas forcément de mise parce que ça vient d’ailleurs, dans le réservoir afin de rendre l’eau potable », reconnaît Stanislas Bonkoungou, agent à la Direction générale de l’eau potable du ministère de l’Eau et de l’Assainissement.
Une solution trouvée
Le salut des populations de Sabtengag vient d’Antenna, une « fondation suisse active dans la recherche scientifique et la diffusion de solutions technologiques, économiques et médicales en vue de répondre aux besoins essentiels des communautés les plus vulnérables ». Elle a mis au point un dispositif logistique permettant de fabriquer une solution concentrée de chlore 6g/l par électrolyse à partir de l’eau et du sel. « Notre solution est simple. Vous avez un appareil d’électrolyse, une pompe, des tubes, des plaques solaires et une batterie.
Le fontainier a juste besoin de remplir un seau d’eau dans lequel il met du sel. Il plonge l’appareil dans le seau. Au bout de quatre heures, le chlore est fabriqué. Il branche le seau à la pompe et celle-ci se charge d’envoyer le chlore dans le château d’eau. Après cela, l’eau est potable et propre à la consommation », a expliqué Jonas Leblanc, technicien d’Antenna Suisse.
« Un système révolutionnaire »
Ce dispositif simplifié de traitement de l’eau fera, selon les responsables de la commune rurale de Pabré, le bonheur des populations. « Il est vrai qu’avec l’ONEA, il y avait un traitement pour que l’eau soit potable, mais avec ce nouveau projet de rendre l’eau davantage potable, c’est un système simplifié où le fontainier n’a plus à monter sur le château avec tous les risques que cela comportait. Il ne court plus de risques en manipulant les produits. Le système WATA est simplement basé sur le sel, l’eau et l’électricité. Nous pensons que ce plus va simplifier davantage le travail du fontainier et va surtout profiter à la population qui va avoir de l’eau potable », a indiqué Anatole Douamba, deuxième adjoint au maire de Pabré.
Au ministère de l’Eau et de l’Assainissement, c’est une solution efficace qui est trouvée. « Le système WATA est autonome, qui ne demande que les rayons du soleil que nous avons permanemment, du sel qui est abondant dans les villages. Même ceux qui sont pauvres ont le sel. Avec le système, on produit du chlore qui sert à désinfecter l’eau et surtout à préserver la qualité de l’eau. Parce qu’une eau qui est laissée à elle-même sera infectée de bactéries. Le système est assez révolutionnaire et adapté au milieu rural », a ajouté Stanislas Bonkoungou, dont le service d’origine est chargé de servir de l’eau potable en milieu rural.
Passer à l’échelle
Le système WATA a été inventé il y a une vingtaine d’années. Il est déjà mis en œuvre dans plusieurs pays d’Europe et d’Asie au regard des facilités et possibilités qu’il offre de fournir les zones enclavées, en crise ou atteintes de catastrophes naturelles en eau potable. Il est surtout destiné à des communautés. Au Burkina, Sabtenga est le premier village à bénéficier de ce dispositif. « Le système coûte environ 5 millions de francs CFA. Ce qui est à la portée des communes », a indiqué Evariste Zongo, représentant pays d’Antenna.
Après Sabtenga, les promoteurs de la technologie WATA entendent passer à l’échelle en plaidant auprès des autorités communales afin qu’elles prennent en compte la dotation du système aux villages dans leurs budgets respectifs. A Pabré, cela est déjà dans les « tuyaux » de la mairie. « On pense qu’avec Antenna, on va tisser une collaboration comme ils l’ont souhaité pour que les autres châteaux d’eau que nous avons dans la commune puissent aussi bénéficier de ce système pour que l’eau potable soit une réalité dans la commune de Pabré », a souhaité Anatole Douamba.
Jacques Théodore Balima
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