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Appel de citoyens à la candidature de Kadré Désiré Ouédraogo : « Une vieille stratégie politique démodée », selon Adama Yasser Ouédraogo du CDP

Publié le vendredi 14 décembre 2018 à 00h22min

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Appel de citoyens à la candidature de Kadré Désiré Ouédraogo : « Une vieille stratégie politique démodée », selon Adama Yasser Ouédraogo du CDP

L’ancien parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), depuis un moment, fait l’actualité par des contradictions en son propre sein. Une situation qui a connu, depuis le dernier congrès de mai 2018, un pic dû à la conquête de la présidence du parti. Et depuis lors, il ne se passe pas une semaine sans que des contradictions internes soient portées sur la place publique, via notamment les réseaux sociaux. Dans cet entretien, Adama Yasser Ouédraogo, 2e secrétaire adjoint chargé des affaires juridiques et du contentieux du CDP (un des jeunes militants admis dans l’organe dirigeant du parti), se prononce sur la vie de son parti et réagi à des préoccupations nationales.

Lefaso.net : Dites-nous les grandes étapes de votre parcours politique et les missions qui vous sont dévolues à votre poste actuel au sein du bureau exécutif national du CDP.

Adama Yasser Ouédraogo (A.Y.O.) : De prime abord, il faut noter que la politique pour moi a toujours été une passion. Comme tout homme, chacun a sa passion et pour moi, la politique est comme une thérapie. Et c’est ce qui a fait que, malgré tout ce que j’ai vu et même subi dans mon jeune parcours politique, je ne me suis jamais découragé. Être au service des autres, le don de soi pour la cause commune sont des valeurs qui doivent guidées les pas de tout homme en politique.

Pour moi, la politique doit être conçue comme l’art qui donne le sens au vivre-ensemble. Pour répondre succinctement à votre question, je dirai tout simplement que mon élection au sein du Bureau exécutif national (BEN) de mon parti, le CDP, a été l’aboutissement d’un processus que j’ai entamé depuis le campus de Zogona. J’ai milité au sein de la Coordination des étudiants du CDP où j’ai successivement été secrétaire à l’information, puis secrétaire général.

Après cela, j’ai été membre du Conseil national du parti en 2012 où j’ai évolué jusqu’au VIe congrès ordinaire en 2015 ; congrès à l’issue duquel j’ai été fait membre du Bureau politique national (BPN). En mai 2018, avec la tenue du VIIe congrès ordinaire du parti (Congrès historique d’ailleurs car, pour la première fois, le président du CDP a été élu au bulletin secret), une fois de plus, les premiers responsables, avec la volonté des congressistes, m’ont fait membre du BEN (Bureau exécutif national, ndlr), instance suprême du parti au poste de 2e secrétaire adjoint chargé des affaires juridiques et du contentieux.

Je dis merci aux premiers responsables et à l’ensemble des congressistes pour leur choix et leur confiance portée sur ma modeste personne. Parlant de missions dévolues à mon poste, elles ne sont autres que celles liées au secrétariat auquel j’appartiens (le secrétariat chargé des affaires juridiques et du contentieux). Il traite tout dossier juridique touchant à la vie du parti et émet des avis sur toute question de droit sur laquelle, le BPN exprimerait un besoin d’éclairage. Nous suivons également tout contentieux impliquant le parti.

Lefaso.net : Quel est le niveau de représentativité des jeunes au sein de l’organe dirigeant de votre parti, après son dernier congrès ?

A.Y.O. : La représentativité des jeunes au CDP est plus qu’une réalité avec près de deux-tiers. Depuis l’avant-dernier congrès en mai 2015, le parti avait déjà commencé à prendre une cure de jouvence. La moyenne d’âge tourne autour de 45 ans. Moi qui vous parle, je suis dans la trentaine.

C’est pour vous dire donc que cette question de présence de jeunes à la direction du parti est bien une réalité. Aujourd’hui, la jeunesse du CDP est une référence ; elle doit continuer à être une référence. Une référence dans la constance et dans la loyauté aux côtés des aînés avec qui nous allons parfaire notre formation politique. Chez nous au CDP, les jeunes forment avec leurs aînés un même bloc ; les jeunes animent la dynamique du parti dans le sillage des aînés. Les aînés sont fiers de nous, parce que la relève est en train d’être ainsi assurée.

Lefaso.net : Le dernier congrès a suscité des tensions entre deux camps pour la conquête de la présidence du parti. Cette situation ne laisse-t-elle pas aujourd’hui des séquelles sur le parti ?

A.Y.O. : A cette question, permettez-moi de rectifier une chose ; vous parlez de camps au CDP ? A ma connaissance, il n’y a jamais eu deux camps qui se sont opposés pour la direction du parti. Si camp il y a, c’est le camp CDP dans son entièreté qui est de l’opposition et qui défend les valeurs républicaines et, bien-sûr, qui se réorganise pour la reconquête du pouvoir d’Etat.

Maintenant, si vous me parlez de deux candidatures qui se sont exprimées pour la présidence du CDP, j’en conviens. Alors, il y a eu effectivement, deux candidats pour le premier poste au CDP à savoir les camarades Boureima Badini et Eddie Komboïgo. Vous les journalistes, vous avez suivi de bout en bout le processus en son temps qui a vu l’élection du président actuel, le camarade Eddie Komboïgo.

Parler aujourd’hui de séquelles qui entacheraient la vie du parti, je m’inscris en faux. Ce que vous dites pourrait s’avérer si et seulement si, le candidat qui a remporté l’élection avait donné dos à l’autre ; ce qui n’a jamais été le cas. D’ailleurs, nous disons qu’il n’y a eu ni de vainqueur ni de vaincu.

Si victoire il y a, il faut mettre cela au compte de tous les camarades qui, à travers ce nouveau processus de désignation du président de notre parti, ont montré à la face du monde, un CDP fondamentalement attaché aux principes et valeurs républicains. Le BEN sortant qui a servi de collège électoral pour départager les deux candidats a été quasiment reconduit sous la houlette du camarade président Eddie Komboïgo. Ce que vous entendez çà et là sont courant dans toutes les grandes formations politiques.

Lefaso.net : Depuis cette instance, on note de fortes rumeurs sur la création d’un G33, un groupe dont le noyau serait l’aile malheureuse à la conquête de la présidence du parti ; quelle lecture faites-vous de cette situation ?

A.Y.O. : Aile malheureuse, vous dites ? C’est un qualificatif non approprié pour moi. Ce groupe auquel vous faites allusion a animé sa première activité publique le 28 octobre dernier dans la ville de Bobo-Dioulasso qui a vu la participation de quelques camarades. Et c’est cela qui prête un peu à confusion chez certains militants.

Vous savez, tout le monde est libre de militer dans une association, y compris les militants du CDP. C’est la Loi fondamentale, la Constitution de notre pays qui le garantit. Seulement, quand on est une personne politique et engagée dans un parti organisé comme le nôtre, on est soumis au même degré d’obéissance vis-à-vis des textes qui régissent le fonctionnement du parti.

Effectivement, à travers les réseaux sociaux, nous avons vu des publications inélégantes venant de certains animateurs ou proches de ce mouvement sur la nouvelle direction du parti. Et, lorsqu’il se trouve que des militants du parti s’y reconnaissent dans ces types de publications, en ce moment, le parti est interpellé.

Dans un parti, l’existence de courants politiques est tout à fait normale, car cela participe à l’interne au dynamisme de ce parti à travers le choc des idées. Cependant, ce qui est inadmissible et inacceptable dans un parti sérieux, c’est lorsque des militants se coalisent dans un esprit de fractionnisme.

Si d’aventure, dans leur élan de militantisme au CDP, des camarades refusent le débat interne pour s’agripper à des groupes ou autres associations de quelque nature que ce soit, dans le but de torpiller les actions légitimes du CDP, convenez avec moi que la direction du parti va s’assumer pleinement, conformément à nos statuts et règlement. Je crois toujours que ces camarades auxquels vous faites allusion ne sont pas animés d’un tel esprit.

Lefaso.net : En lien avec la précédente question, Kadré Désiré Ouédraogo serait, visiblement, le choix d’une partie de militants de votre parti, alors que pour d’autres, l’actuel président Eddie Komboïgo est le candidat naturel à la présidentielle de 2020. Tout dernièrement, il y a eu cet appel d’un groupe de citoyens dans la presse à cette même candidature de Kadré Désiré Ouédraogo. N’est-ce pas une situation qui effrite de plus en plus les chances du CDP dans la compétition présidentielle de 2020 ?

A.Y.O. : Ce terme de « candidat naturel » au CDP est bien révolu. Au CDP, le seul critère fondamental pour prétendre à une quelconque candidature à un poste électif est d’être un militant du CDP. La question de choix de candidat n’est pas encore posée au sein du parti, mais d’ores et déjà, je puis vous rassurer que nous choisirons, en son temps opportun et en toute sérénité, le camarade qui va défendre haut les couleurs de notre parti.

Au sein de la direction du parti, nous travaillons activement, mais dans la sérénité totale, pour les intérêts matériels et moraux de nos nombreux et vaillants militants. Je comprends que certains camarades n’arrivent pas à suivre le nouveau rythme impulsé par la direction du parti, mais à ceux-là, je dirais que nous devons aller ensemble à la victoire. Et si vous avez remarqué, à notre rentrée politique du 18 novembre dernier, la grande famille CDP a massivement répondu à l’appel du camarade président Eddie Komboïgo.

Pour vous dire que tout le monde a sa place au sein du parti. Quant à cette supposée candidature du camarade Kadré (Désiré Ouédraogo), je ne voulais pas me prononcer sur le sujet, tout simplement parce qu’au niveau du parti, la question sur le choix du candidat du parti à la présidentielle de 2020 n’est pas encore évoquée. Mais à titre personnel, je vais vous donner mon opinion.

Cet appel de groupe de citoyens à cette candidature est une vieille stratégie politique démodée, que tous les initiés en politique maîtrisent bien. C’est une offre politique que l’on met en branle, histoire de sonder le terrain pour voir comment les gens vont l’apprécier. Cette tactique politique est actionnée quand on est dans une situation d’incertitude.

Généralement, c’est lorsque l’on n’est pas sûr de soi-même dans une bataille politique qui s’annonce ou bien c’est lorsque l’on a affaire aux lois de la République. Souvenez-vous de l’élection présidentielle de 2005, où l’opposition d’alors et certains mouvements de la société civile avaient estimé que le président Compaoré (Blaise) n’avait plus le droit de se représenter, car ayant épuisé déjà les deux mandats garantis par la Constitution.

Nous qui étions pour la candidature du président Blaise Compaoré, on est passé par un mouvement appelé « Action des jeunes pour la candidature de Blaise Compaoré » (AJCBC) pour soutenir la candidature du président. J’étais l’un des plus jeunes leaders de ce mouvement au Kadiogo.

C’était pour contrer ce faux débat et montrer que Blaise Compaoré était toujours présidentiable, tout en faisant croire que notre mouvement était purement et simplement citoyen et sans aucune connotation politique ; par rapport au CDP en son temps, l’AJCBC était la mieux placée pour défendre la cause de la candidature contestée du président Compaoré.

Donc c’est exactement la même chose, sauf qu’ici, c’est pour jauger de l’opportunité d’une candidature de quelqu’un qui joue à l’innocent, tout en restant dans les coulisses, le maître d’œuvre de cette campagne. Et pour moi, on n’a plus besoin de toute cette gymnastique politique de nos jours pour prétendre à la magistrature suprême de notre pays. Moi, je dis toujours les choses clairement ; il faut que cela soit clair dans les esprits.

Le CDP de la génération de 1996 n’est plus la même que celle de 2018. Et c’est ce que nous, jeunes cadres du parti, reprochons à certains aînés. Dans leur tête, c’est le président Blaise Compaoré qui est toujours au pouvoir et qui cherche son dauphin. Non ! La génération CDP des années 1996 a fondé les bases du processus de la démocratie au Burkina Faso et notre génération est là pour perfectionner leur œuvre.

Ce que nous demandons à ces aînés, c’est de nous faire entièrement confiance et du haut de leurs expériences et compétences politiques acquises auprès du Président Blaise Compaoré, ils doivent nous prodiguer des conseils avisés pour mener à bon port, le navire CDP. Que les uns et les autres sachent qu’en politique, c’est le terrain qui détermine la victoire.

Économisons nos énergies et allons sur le terrain afin de faire rayonner davantage l’image du CDP par la conquête de nouveaux adhérents. C’est ce que l’on demande ; quand on se dit militant engagé pour la cause du CDP, c’est sur le terrain qu’on le démontre et non à travers des déclarations tapageuses parce que, si c’est rester dans des salons climatisés de Ouaga ou de Bobo pour parler, tout le monde sait le faire. Mais en quoi cela va-t-il impacter positivement le CDP ? Absolument rien.

Lefaso.net : Les législatives passées ont connu un résultat honorable pour le CDP. Avec la situation actuelle qui prévaut, ne craignez-vous pas de perdre votre rang et force aux prochaines élections ?

A.Y.O. : Oui, je conviens avec vous que pour gagner les combats politiques à venir, nous devons absolument fédérer nos énergies. Pour moi, les camarades n’ont pas oublié que nous venons de loin. Hier à côté, sous le régime de la Transition, nous avons été bafoués et même méprisés. Pour avoir voulu tout simplement défendre des valeurs démocratiques, nous étions devenus dans notre propre pays, des parias politiques.

Et comme un adage populaire le dit, si la pluie vous bat, évitez de vous battre en plus. Pour sortir victorieux en 2020, nous devons, en notre sein, bannir nos querelles inutiles qui fragilisent l’élan du parti et avancer dans une unité d’action. Et là, je vais demander au camarade président du parti Eddie Komboïgo de ne jamais se lasser de ratisser large autour de lui. Je l’encourage à continuer dans cette politique de la main tendue dont il fait montre, depuis son élection à la tête du CDP.

C’est dans cette dynamique qu’il pourra conduire l’équipe CDP à la victoire en 2020. Mais, pour atteindre nos objectifs, je le répète en tout temps et en tout lieu, il faut que chaque militant, de la base au sommet, soit animé d’un esprit de discipline. La discipline et le respect des textes restent des points fondamentaux pour les grands partis.

Pour cela donc, il faut que le parti soit ferme sur ses textes fondamentaux et combattre sans complaisance, le militantisme caméléon ; le jour tu es CDP et la nuit tu te retrouves dans un coin lugubre pour comploter contre le CDP. Lorsqu’un militant est pris dans une telle posture, peu importe son titre dans le parti, il doit être traité comme tel.

Du reste, on ne trahit pas le CDP, on se trahit soi-même. Retenez seulement qu’à chaque carrefour de son parcours politique, notre parti a toujours su prendre la bonne direction. C’est ce qui fait d’ailleurs la force du parti. Il y a eu un Congrès ordinaire qui a placé à la tête du CDP une nouvelle direction politique. Il est bien vrai que dans un grand parti comme le nôtre, des petites bisbilles ne manquent pas.

Mais au CDP, nous avons toujours su taire nos divergences internes pour aller à l’essentiel. Et pour nous, l’essentiel constitue les échéances électorales de 2020 que nous entendons remporter.

Lefaso.net : Votre rentrée politique tenue le 18 novembre dernier était très attendue, aussi bien par les militants que par la direction de votre parti ; quels sont les enseignements que vous avez tirés de ce rendez-vous ?

A.Y.O. : Comme vous le notez si bien, cette rentrée politique 2018-2019 était très attendue aussi bien des militants que de la direction politique. Cela fait belle lurette que nous n’avons pas effectué une rentrée politique de cette envergure. Depuis un certain temps, nous la tenons à notre siège.

Mais vous avez vu que la cuvette de la Maison du peuple (c’est là que s’est tenue la rentrée politique dont il est question, ndlr) n’a pas pu contenir les nombreux militants venus témoigner encore leur fidélité indéfectible au CDP. Il y a quelques années, pour réunir ce nombre impressionnant de militants, il fallait convoyer les gens par dizaines de cars. Ça c’est révolu et aujourd’hui, nous avons affaire à un militantisme de conviction au CDP sur lequel le parti peut compter pour la reconquête du pouvoir d’Etat.

Pour cette rentrée, dont le thème était « Face aux défis actuels et futurs, bâtissons un CDP uni, solidaire et conquérant », trois faits majeurs ont marqué la cérémonie. D’abord, le discours du camarade président du parti qui a appelé l’ensemble des militantes et militants à la cohésion et à regarder dans la même direction pour relever les nombreux défis qui nous attendent.

Ensuite, il y a eu l’installation des membres du Bureau politique national, des membres du Haut conseil et la mise en place de commissions au nombre de quatre que sont : la commission permanente en charge des stratégies électorales, la commission permanente en charge de la promotion et du suivi des cadres, la commission permanente en charge de la prospective et la commission en charge du contrôle et de la vérification.

Enfin, la validation du programme d’activités de notre parti pour la période 2018-2021. Donc, je dirais que le premier enseignement que je tire, c’est la nouvelle dynamique impulsée par la direction du parti issue de notre VIIe congrès ordinaire. En effet, pour la première fois depuis sa création le 06 février 1996, un programme d’activités triennal du parti a été conçu pour être exécuté durant tout le mandat du Bureau exécutif national.

Le deuxième enseignement, c’est la détermination affichée par l’ensemble des camarades du Bureau politique. Nous avons un idéal commun : celui de reconquérir le pouvoir d’Etat en 2020 pour répondre aux aspirations profondes de nos compatriotes qui s’impatientent d’ailleurs pour remettre le pouvoir par les urnes au CDP en 2020. Et ça, ce n’est plus qu’une question de temps.

Lefaso.net : La question sécuritaire préoccupe l’ensemble des Burkinabè ; selon vous, quelles peuvent être les pistes de solutions face à ce phénomène ?

A.Y.O. : Notre pays, malheureusement, fait face depuis quelques temps à des attaques terroristes qui endeuillent de nombreuses familles. Je profite de votre dictaphone pour présenter mes condoléances à toutes les familles éplorées et souhaiter un prompt rétablissement aux blessés. Cette question de terrorisme est très sensible et délicate.

Mais, comme je l’ai toujours dit, s’il y a lieu de dire la vérité, il faut avoir le courage. Avant de parler de pistes de solutions, je voudrais parler à mes frères africains d’arrêter de nager dans la mare du sensationnel ou de l’émotionnel. Nous aimons toujours les raccourcis et par fini, nos vices nous rattrapent, tôt ou tard. Réveillons-nous ! Le vrai terrorisme est entretenu aujourd’hui par le monde occidental, via l’esclavage économico-idéologique qui continue. Il faut donc s’attaquer aux véritables causes de ce mal qui dévaste l’humanité ces vingt dernières années.

Avant, quand j’étais au collège, je pensais que le terrorisme se limitait uniquement aux Arabes, à l’Islam. Une bonne interprétation aujourd’hui indique tout le contraire. Le terrorisme s’étend de nos jours, à tous les peuples dont l’origine de la souffrance vient de la France, des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de la Russie et de toutes les autres grandes Nations aux méthodes impérialistes. Regardez par exemple ce que la France a fait subir à la Lybie en 2011 avec la chute du guide Mouammar Kadhafi.

Remarquez que lorsque dans un pays, la société est bien unie, il est difficile pour le terrorisme de pouvoir prospérer. L’exemple du Mali à côté est illustratif ; les remous sociaux et les clivages entre populations du nord et du sud ont fait le lit du terrorisme malien, aggravé par l’instabilité politique en Lybie. Ce qu’il y a lieu de faire, c’est d’inviter nos dirigeants à œuvrer dans le sens des intérêts des peuples d’Afrique et travailler à réduire le fossé entre riches et pauvres.

Un homme qui a faim n’est pas un homme libre et vous le savez tous. Maintenant pour le cas spécifique du Burkina Faso, notre pays est une victime collatérale des dérives sécuritaires chez nos voisins. Cela a été favorisé tout simplement par cette crise politique que nous avons connue suite aux événements socio-politiques des 30 et 31 octobre 2014. Certains compatriotes disent que le Burkina Faso était épargné du terrorisme sous le président Compaoré parce que tout simplement, il y avait des connexions, je n’en sais rien ; c’est leur opinion.

Par contre, ce que je peux dire, c’est que le terrorisme naît et se sanctuarise dans les nations désunies, où les populations se sentent délaissées. La lutte contre le terrorisme est une guerre asymétrique qui nous a été imposée par ce que je disais plus haut, l’esclavage économico-idéologique des Occidentaux.

D’ailleurs, un cas flagrant du volet économique de cet esclavage est la course aux armements de nos pauvres Etats pour combattre les terroristes. Soit ! Mobiliser des centaines de milliards, rien que pour l’achat de matériel de guerre pour notre défense et notre sécurité, c’est bien, mais mobiliser des centaines de milliards pour lutter contre les précarités et autres inégalités sociales dans nos Etats, c’est encore mieux.

Pour le premier cas, vous voyez que les Occidentaux sont très engagés parce que ce sont eux encore qui vont vendre les armes et récolter beaucoup de bénéfices. C’est bien dommage. Voilà pourquoi, j’encourage les initiatives de développement en faveur des populations locales. Le cas du Programme d’urgence du Sahel est salutaire.

Cela contribue à l’amélioration de la sécurisation des personnes et des Biens et le développement économique et social dans ladite région. Pour cela, il faut plus qu’une volonté politique, et bien plus, de la rigueur pour éviter les détournements de Fonds.

Pour moi donc, et comme pistes de solution, c’est d’encourager en amont, les initiatives locales de développement qui sont des leviers pour réduire l’écart entre riches et pauvres, et en aval, c’est de doter nos Forces de défense et de sécurité (FDS) en moyens conséquents, aussi bien en équipements qu’en réseaux efficaces de renseignement pour parer à toute éventualité et œuvrer à éviter les crises et autres tensions politiques inopportunes qui mettent à mal notre vivre-ensemble ; c’est-à-dire, l’unité nationale.

Lefaso.net : Quel est votre message de fin à l’endroit de vos camarades ?

A.Y.O. : A l’endroit de mes camarades militantes et militants du CDP, je les invite à l’unité ; parce que l’heure n’est plus à papoter, mais à fédérer nos énergies pour descendre sur le terrain, mouiller le maillot comme on le dit et préparer une victoire éclatante pour le CDP aux élections futures. Je voulais rappeler que le CDP n’est pas seulement un part, mais une famille, un corps.

Donc, tous autant que nous sommes dans ce parti, nous sommes importants et chaque militant, en ce qui le concerne, doit se mettre en mouvement pour que le CDP redevienne le premier parti sur l’échiquier politique national. Le CDP reste toujours un grand baobab, majestueux, imperturbable et imposant. Que Dieu bénisse notre cher pays, le Burkina Faso !

Entretien réalisé par Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

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