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Chronique de l’ingénieur : « C’est dur d’être piéton à Ouaga »

Publié le jeudi 13 décembre 2018 à 00h15min

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Chronique de l’ingénieur : « C’est dur d’être piéton à Ouaga »

Pour ce deuxième numéro, je vais défendre les intérêts de celui que beaucoup ne respectent pas à Ouaga : le piéton. Mais avant toute chose, accordons-nous sur quelques définitions :
-  Voirie, c’est une route en ville.
-  Une voie, c’est une bande longitudinale destinée à la circulation d’une file de véhicules. Entre deux peintures longitudinales, vous avez une voie.

Mon cousin Woni, après son accident, est devenu piéton. Il m’a récemment rendu visite et m’a fait cette confidence : « C’est dur d’être piéton à Ouaga. » Je l’ai coupé net : « C’est normal, le soleil brûle fort. » D’un regard déçu, il réplique : « Hum ! Ce n’est pas ça. Quand tu es piéton, tu es obligé de marcher sur les voies réservées aux motos, aux voitures… ».

Je dis : « Mais cousin, marcher avec les motos et les voitures, c’est dangereux et en plus tu es en infraction. Si la police t’attrape, tu vas payer une amende de 1000 F CFA (cf. articles 10 et 47 du décret n°2003-418/PRES/PM/MITH/SECU/MJ/DEF/ MATD du 12 août 2003 portant définition et répression de contraventions en matière de circulation routière). » Encore plus déçu de mon raisonnement, il réplique : « On va faire comment ? » Il continue son explication en me révélant un secret de Polichinelle : Nombreuses sont les voiries dont les abords sont occupés par des commerces. Le hic, c’est quand certains poussent le zèle jusqu’à s’installer à la limite de la voie, voire sur la voie elle-même.

Effectivement, il n’est pas rare dans la ville de Ouagadougou, de voir des étalages sur les voiries aménagées. Je ne dis pas à côté des voies mais sur les voies elles-mêmes. Mon cousin me donne l’exemple de la rue Na-Rouamba qui passe devant l’université Ouaga l Pr-Joseph-Ki-Zerbo et le Lycée technique national Aboubacar-Sangoulé-Lamizana (ex. LTO). Il me confie qu’à chaque fois qu’il doit se rendre à l’université, il est obligé de marcher les yeux derrière la tête tellement il se sent en insécurité.

La voirie, initialement aménagée pour fonctionner avec trois voies par sens de circulation (deux voies pour les véhicules et une voie pour les motos) et un couloir pour les piétons de part et d’autre, ne fonctionne en réalité qu’en deux voies par sens et sans couloir pour les piétons.

En français facile, la partie initialement réservée pour les piétons n’a pas suffi aux commerces. Ils ont donc décidé d’occuper la partie réservée aux motos également, obligeant ainsi mon cousin et ses camarades étudiants à marcher avec les véhicules. Un exemple parmi tant d’autres.

Mon cousin me fait une autre révélation à laquelle beaucoup ne font pas attention : « Il y a des voiries dans Ouagadougou dont la conception même ne prévoit pas de place pour le piéton. » J’ai dit « impossible. » Il m’a tendu une photo et je me suis tu (cf. photo d’illustration).

Si vous regardez bien la photo, vous vous rendrez compte que le piéton n’a que deux choix : marcher avec les voitures et les motos ou marcher dans le caniveau. Pourtant, il y a bien un panneau « passage piéton ». L’autre dira de couvrir le caniveau pour le piéton. Mais hum ! C’est un exemple parmi tant d’autres.

En voirie, il y a une règle fondamentale connue de tous, afin presque : « Le piéton doit être obligatoirement pris en compte dans la conception d’une voirie. » En français facile, quand tu fais une route en ville, la sécurité et la mobilité des piétons doivent être prises en compte même si ceux-ci ne sont pas nombreux.

Mais n’exagérons pas. Prendre en compte le piéton ne veut pas dire forcement faire un trottoir hi-tech avec pavé et autre, mais plutôt prévoir des couloirs de marche sécurisés pour le piéton et des traversées de chaussée sûres. L’ingénieur qui fait ça, a fait son boulot. Le reste consiste à s’assurer que ces couloirs ne seront pas occupés par des commerces.

La politique de la mobilité urbaine particulièrement dans la ville de Ouagadougou est orientée plus vers le transport en commun. Mais mon cousin se demande si ça va marcher sans des trottoirs pour le piéton qu’il est. Il me promet des propositions concrètes dans les jours à venir pour encourager le Ouagalais à utiliser le transport en commun.

Mais en attendant, il a soulevé un autre lièvre qu’il refuse de tuer : « Si, rien n’est fait, les jolis trottoirs en pavé hi-tech de l’échangeur du Nord seront occupés par des marchandises et le piéton dansera comme d’habitude avec les voitures. »

Woni, l’ingénieur
Email : chronique.ingenieur@gmail.com

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Vos commentaires

  • Le 13 décembre 2018 à 07:10, par BlackPanther En réponse à : Chronique de l’ingénieur : « C’est dur d’être piéton à Ouaga »

    Bien parlé ! c’est un véritable problème au Burkina surtout dans les grandes villes.
    La marche a pied est un calvaire périlleux !
    Et cela a des conséquences sur la santé des populations (tension, AVC, Hémorroïde etc..) !
    Au delà du drame humain il y a le cout de ces maladies pour le pays !
    C’est pas mieux d’utiliser cet argent pour faire des trottoirs et passage piétons sécurisés ?
    Le débat est Ouvert !

  • Le 13 décembre 2018 à 08:33, par saam En réponse à : Chronique de l’ingénieur : « C’est dur d’être piéton à Ouaga »

    Franchement si je ne me trompe, c’est le ministère de la mobilité urbaine qui doit gérer l’aspect passage piéton en collaboration avec la commune pour empêcher l’occupation anarchique des voies par les commerçants.Mais on ne voit rien de rien !!!! Chacun fait comme il veut et on regarde, on laisse faire !!! Milles fois dommage pour mon pays !! Je suis complètement déçu de notre ministre de la mobilité qui ne fout absolument rien pour faciliter la circulation !! Des missions inutiles seulement ! un coup ici, un autre coup là et ainsi de suite ! Ça voyage, ça bouffe l’argent du contribuable mais rien de concret, rien de visible !! La mairie pareil !! Ils dorment à l’aéroport seulement !! Qu’attendez-vous pour marquer votre passage à ces postes par des actes forts ??? Ou est votre fierté, votre burkindlim ??? Non, on préfère rester dans le néant pour ensuite profiter tranquillement de son butin. Dommage pour mon pays !! Ils sont tout simplement incapables de réguler la circulation des gros engins en ville, voyez les tricycles avec leur chargement incroyables !! Or nous ne devons pas nous permettre cette pagaille là vu le contexte sécuritaire. Pourtant vous voyagez beaucoup, vous voyez comment cela se passe ailleurs !! Mais vous n’avez même pas honte que les étrangers viennent à leur tout voir comment cela se passe chez vous !!! Et le président aussi qui est là, qui voit, qui refuse de se réveiller !! On sait que c’est vous-même les grands propriétaires de ce gros engins là mais apprenez à chercher l’argent dans l’ordre, l’organisation et la discipline !!! Sinon à quoi cela vous servira-t-il ? Les pays que vous parcourez à longueur d’année là sont pas brouillon comme ici mais la plupart, pour ne pas dire tous, est plus avancée que nous !!! Cela ne vous fait pas réfléchir ?? Irresponsabilité, incompétence, égoïsme, gourmandise et cupidité quand tu nous tiens !!

  • Le 13 décembre 2018 à 10:12, par the upright En réponse à : Chronique de l’ingénieur : « C’est dur d’être piéton à Ouaga »

    En plus, tout le monde a le diable aux trousses. Tout le monde se lève en retard et veut rattraper le temps. Nul ne peut rattraper le Temps. Il faut savoir anticiper sur Lui.

  • Le 13 décembre 2018 à 10:36, par SIRG En réponse à : Chronique de l’ingénieur : « C’est dur d’être piéton à Ouaga »

    Cher collègue Ingénieur, c’est dommage de le dire mais le conseil municipal est en partie complice de ce qui se passe. Si le conseil municipal fait installer des boutiques et collecte l’impôt avec ceux qui encombrent, ce qui reste de nos trottoirs, comment dire au voisin que son étalage est hors la loi ? Nous sommes entrain de créer une ville sans trottoirs pour les générations futures. L’exemple doit être le bon et maintenant ! Vivement que nous ayons des dirigeants conscients et consciencieux... M***rd* mille fois !!!!!!!

  • Le 13 décembre 2018 à 11:18, par bédjou En réponse à : Chronique de l’ingénieur : « C’est dur d’être piéton à Ouaga »

    Vérité de vérité. Il ya véritablement un problème d’occupation des voies dans la cité. Les installations anarchiques causent de gros préjudices aux citoyens et l’autorité demeure dans la complaisance la plus absolue. Sinon comment comprendre ca. A défaut du respect des règles d’occupation de l’espace public, il faut réprimer. On ne peut développer un pays dans un tel désordre. Les pays asiatiques l’ont compris et le résultat, ils sont arrivés là ou ils sont.

  • Le 13 décembre 2018 à 12:58, par Séraphin Pierre En réponse à : Chronique de l’ingénieur : « C’est dur d’être piéton à Ouaga »

    Et pourtant, si vous partez à Cotonou juste à côté, vous verrez que l’Etat à rasé tous les kiosques, boutiques et autres qui sont hors des habitations et cela même dans les six mètres. Au Burkina Faso, c’est l’anarchie totale et ça ne préoccupe personne. Vous avez même des parking de macquis et bars qui occupent les pistes cyclables et les gens sont obligés de prendre les voies réservées aux voitures qui sont elles-mêmes occupées à moitié.

    Faites un tour à Kilwin sur le nouveau goudron qui est juste à côté du bar qu’on appelait La ROCHE et qui vient de changer de nom. Vous vous demanderez s’il des gens payés par l’Etat pour règlementer tout ça. Les pistes cyclabes occuper par les maquis, la voie obstruée dans tous les sens contraignant les usagers à attendre que les véhicules venant du sens inverse passent avant de pouvoir passer ; Et c’est le silence total, ça ne préoccupe personne.

    Si vous partez au Niger à côté, vous verrez que celui qui laisse son véhicule sur le trottoir reviendra trouver que la police a bloqué les roues et il faudra aller payer 10 000 F minimum. Au Burkina, C’est le désordre total. On dirait qu’il n’y a pas de gouvernants.

    Que puisse Dieu changer nos mentalités pour qu’on puisse se développer.

  • Le 13 décembre 2018 à 17:30, par Gérard En réponse à : Chronique de l’ingénieur : « C’est dur d’être piéton à Ouaga »

    Tout le monde est un potentiel piéton. Dès que l’on descend de son auto ou de sa moto, on devient automatiquement un piéton. Donc c’est l’affaire de tous même ceux qui occupent les trottoirs avec leur commerce. Il faut se réveiller sinon Ouaga deviendra comme Lagos un jour et abandonné pour une une autre ville pour capitale politique.
    Dans les villes développées, le piéton est prioritaire sur la chaussée. C’est le contraire au Burkina où il est totalement oublié de tous les projets urbain.

  • Le 13 décembre 2018 à 18:07, par stop à la pagaille En réponse à : Chronique de l’ingénieur : « C’est dur d’être piéton à Ouaga »

    Je propose avec cette pagaille dans la ville de Ouagadougou qu’un collectif de citoyens portent plainte contre la mairie en mettant la vie en danger de ces habitants, de ne pas faire appliquer la loi d’interdire l’occupation anarchique des abords ou des rues, de ne pas faire respecter l’utilisation des voies cyclables par les 2 roues motorisées ou non sur les avenues aménagées à cet effet, de ne pas repeindre régulièrement les passages piétons, les bandes blanches, etc. Lançons une action citoyenne pour que Ouagadougou devient comme Cotonou : on enlève et on rase tout ce qui est sur les rues y compris suppression des vendeurs de carburants avec des bidons ou litres très dangereux, etc. Faudra-t’il attendre que les citoyens respectueux de la loi se lèvent pour casser tout ce qui est aux abords comme quand ils se lèvent pour faire des dégâts avec les gendarmes cachés. STOP à l’anarchie ! STOP à l’impunité ! Si Monsieur le Maire ne peut pas mettre de l’ordre dans la cité, qu’il démissionne !

  • Le 13 décembre 2018 à 19:02, par MIMI En réponse à : Chronique de l’ingénieur : « C’est dur d’être piéton à Ouaga »

    Ce problème concerne aussi les autres villes du Burkina, les trottoirs sont encombrés, il est très dangereux de marcher pour se rendre d’un endroit à un autre, même à 500 m ! A Casablanca, il y a des milliers de piétons qui se déversent dans les rues le soir, pour flâner, aller en bordure de mer... des grand-mères sont assises dans les jardins publics avec des enfants... Vraiment l’espace public doit être respecté. Il nous faut des trottoirs ici au Burkina et c’est indispensable pour la santé, de marcher si ce n’est pas souvent, au moins de temps à autre ! Vivement que les autorités nous entendent !

  • Le 13 décembre 2018 à 21:41, par jeunedame seret En réponse à : Chronique de l’ingénieur : « C’est dur d’être piéton à Ouaga »

    C’est vraiment dur d’être piéton ??!! En attendant messieurs les piétons ; que faites vous à votre niveau pour exercer une poussée, contraindre les ingénieurs, le conseil municipal, le ministère de mobilité et autres traîtres politiques que vous en avez marre ? Cet ingénieur Woni en parle ; mais je sais qu’il gagne un marché de voie sans couloir piéton, il ne va pas désister. Moi, particulièrement, quand je vais devenir vraie piétonne et trouver cela dur, ma première réclamation sera de harceler régulièrement le maire à domicile pour des demandes de sandales et massage et autres soins. Ma deuxième sera d’amener le ministre de mobilité à sortir à pieds à mes côtés pour ma sécurité. Tout est possible.

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