Les feux de brousse : Un phénomène à combattre
LEFASO.NET | Dimitri Ouédraogo
A chaque fin de saison des pluies, on constate un peu partout au Burkina des espaces brûlés. Parfois, on voit la nature se consumer, en direct. Saison sèche rime avec herbes sèches. C’est une période qui correspond aussi au début de l’harmatan. Ce vent sec qui souffle favorise la propagation des feux. Cette situation est devenue une tradition. Ainsi, chaque année, les flammes ravagent des brousses. Pourtant, cela a des conséquences néfastes sur l’écosystème. Focus sur ce phénomène qui prend de l’ampleur.
Des espaces noircis par le feu, des arbres consumés par les flammes, c’est le désastre que l’on rencontre en ce moment dans la nature, au Burkina. Les feux de brousse prennent de l’ampleur. Ils couvrent presque tout le pays. De la région du Nord à la Boucle du Mouhoun en passant par le Centre-Ouest, au cours d’une de nos missions, nous avons constaté que des hectares entiers sont engloutis par le feu. A certains endroits, des arbres qui venaient de pousser lors de la saison des pluies, n’ont pas eu de chance. Ils sont brûlés avant de passer leur première saison sèche.
Ces feux sont différents des feux de brousse précoces. Ces derniers sont utilisés par les techniciens pour permettre à la nature de se régénérer. En plus, il est fait bien avant que les herbes ne soient totalement sèches. Pourtant, le phénomène que nous voyons se réalise quand l’herbe est totalement sèche. Ses causes sont beaucoup plus anthropiques.
Nous avons constaté d’abord que cela est lié à l’abattage d’arbres morts. Certaines personnes, qui cherchent du charbon, mettent le feu aux arbres. L’acte étant répréhensible, ces personnes se cachent et le font souvent la nuit. Lorsque l’arbre se consume et tombe, ils ne peuvent plus maîtriser le feu. Et hop, ce sont des hectares qui partent en fumée.
L’autre cause demeure les fumeurs inciviques. Ils manquent de prudence. Un mégot de cigarette mal éteint, jeté au sol, suffit à créer un désastre environnemental. Nos feux de brousse sont causés aussi par des feux allumés à d’autres fins. Mal maîtrisés, ils constituent un danger. Et les dangers, il y en a beaucoup. Des milieux d’arbres sont détruits, surtout des arbres fruitiers.
Dans le Centre-Ouest, nous avons vu des karités et des nérés séchés par le feu. Les plantes médicinales périssent également. L’absence d’arbres favorise aussi l’avancée du désert. Ce qui contribue à rendre les sols plus pauvres. La faune est aussi menacée. Sans brousse, il n’y a pas d’animaux.
La lutte contre les feux de brousse faisait partie des priorités de la Révolution d’août 1983. Hier, plus qu’aujourd’hui, ce combat est toujours d’actualité. Pour y arriver, il est impératif que chaque citoyen y mette du sien. Il serait très profitable si les sensibilisations sur la question se poursuivaient. S’il faut sanctionner aussi, il n’y a pas à hésiter. Rien ne sert de planter des arbres si on est incapable de protéger ce qui existe. Eviter au maximum les feux de brousse, c’est un geste qui nous sauve, pour l’avenir.
Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net