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Procès du putsch de 2015 : Ces déclarations qui ne sont pas passées inaperçues

Publié le mercredi 14 novembre 2018 à 23h25min

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Procès du putsch de 2015 : Ces déclarations qui ne sont pas passées inaperçues

Le dernier virage des auditions du putsch de septembre 2015 a été amorcé, le lundi 5 novembre 2018, avec le passage du Commandant Abdoul Aziz Korogo. Dans le rétroviseur, 69 accusés, avec chacun sa part de vérité. Aveux, contradictions et déclarations hilarantes. Retour sur quelques déclarations fortes d’accusés et d’avocats.

Commandant Abdoul Aziz Korogo : « Lorsque le général Diendéré nous a informés de l’arrestation des autorités, je lui ai demandé quelle était la position de la hiérarchie militaire. En pareille situation, il ne faut pas jouer les ‘Rambo’. Si vous le faites, le peuple ne fera pas de vous un martyr ». Selon le chef de corps par intérim de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), le général Gilbert Diendéré est le père spirituel du RSP.

Sidi Lamine Oumar : « Dieu va nous juger. Il sait que je ne suis pas un menteur. Même si cela doit me coûter la vie, je ne vais pas mentir. Avec Dieu, personne ne va échapper demain ». Membre de l’Azawad, il estime qu’il n’est qu’un bouc émissaire utilisé pour enfoncer le général Diendéré.

Salifou Sawadogo : « Salifou Diallo et moi avons mené le même combat. Après, nous avons eu un parcours politique différent. Je ne peux pas aller brûler son domicile. Il faut être vraiment fou pour brûler la maison du tout-puissant Salifou Diallo. J’ai la conscience tranquille sur ce fait ». L’ancien député et ministre a confié avoir personnellement rassuré l’ancien chef du Parlement qu’il n’était pas impliqué dans l’incendie de son domicile

Hermann Yaméogo : « Ce qui s’est passé est honteux pour notre pays. La Transition a fait du mal à ce pays. Cette Transition m’a fait du mal. En tant que patriote, je ne voulais pas que ces gens dirigent le pays. Pour nous, le Conseil national de la démocratie (CND) venait réparer quelque chose d’abominable. Si on doit nous condamner pour avoir soutenu le CND qui venait réconcilier les Burkinabè, qu’on le fasse ». A la barre, le fils aîné du père de l’indépendance du Burkina Faso (ex-Haute-Volta) a déclaré que le coup d’Etat n’était qu’une légitime défense de la part Régiment de sécurité présidentielle (RSP).

Léonce Koné : « Il y a dans ce box des accusés, des civils comme moi qui, par fatalisme, ont cessé de se demander ce qu’ils font ici devant cette juridiction militaire, aux mœurs si peu respectueuses des droits de la défense et des citoyens. Ce que j’espère, c’est que ce procès soit le dernier qui voit comparaître des civils devant une juridiction militaire pour une affaire politique ». Le deuxième vice-président du CDP à l’époque reconnaît avoir applaudi le coup d’Etat qu’il considère comme « une œuvre de salubrité publique ».

Adama Ouédraogo dit « Damiss » : « Si vous me poussez à bout, je vais dire des choses et certains vont quitter le pays ». L’ancien chef du desk politique de L’Observateur Paalga a été qualifié par Me Guy Hervé Kam d’ « exemple type d’un criminel irrépenti ».

Lieutenant-colonel Mamadou Bamba : « J’avais peur du RSP. Des gens qui ont tiré des roquettes sur le domicile de leur patron en 2011, qui ont fait fuir le président du Faso, ce n’est pas moi qui [ne] suis connu que de ma famille, qui peux résister. On vous a dit ici que cette salle ne peut pas contenir le matériel qui était entreposé au RSP. Et vous voulez que moi, je résiste ? Mourir pour mourir, vaut mieux mourir le plus tard possible. Ici, ce n’est plus une question de grade. J’ai pris une décision et je l’assume. J’ai joué le mauvais rôle dans le mauvais film ».
Le lecteur des communiqués du CND a reconnu avoir reçu, des mains d’un émissaire de Fatoumata Diallo, l’épouse du général Gilbert Diendéré, un sachet contenant dix millions de francs CFA. Cette somme, il dit l’avoir partagée à parts égales avec le colonel Abdoul Karim Traoré.

Me Séraphin Somé : « La défense souffre d’une maladie appelée la ‘Zidaphilie’, qui se soigne par la ‘Zidamicine’ ». Il répondait ainsi à Me Dieudonné Bonkoungou qui estimait que l’ancien Premier ministre était la source des malheurs des hommes au sein du RSP.

Me Prosper Farama : « De mon éducation, je ne suis le vuvuzela de personne ! Personne sur cette terre, à part mon père. Mon idéal, dans ce procès, c’est de faire en sorte que ceux qui font des coups d’Etat puissent venir s’exprimer. Parce qu’en d’autres temps, ceux que nous jugeons ont jugé des gens à 3h du matin et les ont passés à la potence à 4h ». Pour l’avocat « défenseur de la veuve et de l’orphelin », les principaux accusés ont de la chance d’être jugés par un tribunal, contrairement aux victimes du régime Compaoré.

Me Dieudonné Bonkoungou : « Est-ce parce qu’on épouse une chose que l’on en est complice ? Si c’est cela, alors le box est vide ». Pour l’avocat, la hiérarchie militaire a joué un jeu trouble pendant le coup d’Etat et elle doit de ce fait répondre. Aussi, il estime qu’il est illusoire de penser qu’une soixantaine de personnes ait perpétré le coup de force sur les 1 300 hommes que comptait le RSP.

Capitaine Oussène Zoumbri : « Je ne voulais pas mourir bêtement sous les balles de mes éléments qui ne voulaient pas exécuter mes ordres. Car mourir sans gloire, c’est mourir deux fois ; et moi, je ne voulais pas mourir bêtement. Je voulais mourir dans la gloire, c’est-à-dire sur le champ de bataille ». A en croire l’ex-aide de camp de l’ancien président Blaise Compaoré, sous la Transition, les officiers étaient perçus par les sous-officiers comme des pro-Zida.

Capitaine Seydou Gaston Ouédraogo : « Ma carrière est foutue que je sois blanchi ou condamné à l’issue du procès. Aucun officier, même en liberté provisoire, ne travaille. Nous sommes comme des bannis, des renégats. Nous sommes marqués à vie ». Il s’est rendu en hélicoptère à la frontière avec la Côte d’Ivoire pour ramener du matériel pour le maintien de l’ordre, qui devait être assuré par la gendarmerie et la police.

Lieutenant Boureima Zagré : « Si vous demandez à un subordonné de réfléchir avant d’exécuter un ordre, autant lui donner les galons du chef ». C’est le lieutenant Zagré qui devait lire la déclaration de proclamation du CND mais il sera remplacé par le médecin lieutenant-colonel Mamadou Bamba.
Il a également effectué une mission à la frontière avec le Togo pour récupérer également du matériel de maintien de l’ordre. Lors de son audition, il avait été traité de « monstre froid » par Me Séraphin Somé de la partie civile à qui le président du tribunal a demandé plus de modération dans les propos.

Rassemblés par Herman Frédéric
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 15 novembre 2018 à 07:03, par yaro sidkaye En réponse à : Procès du putsch de 2015 : Ces déclarations qui ne sont pas passées inaperçues

    si vous demandez à un subordonné de réfléchir avant d’exécuter un ordre autant lui donner les galons de chef et après coup on se rend compte bien tard que"ma carrière est foutue" il fallait donc réfléchir à sa carrière au moins avant d’exécuter un ordre !!! Et ça nous a chanté pendant longtemps que le RSP était une armée professionnelle !ça ne sait pas réfléchir mais c’est professionnel

  • Le 15 novembre 2018 à 11:41, par Maurice En réponse à : Procès du putsch de 2015 : Ces déclarations qui ne sont pas passées inaperçues

    Dans tout cela , l’armée nationale républicaine du Burkina Faso a intérêt à souscrire à la neutralité, il n’y a que le pays qui compte ; les hommes meurent les grades avec leur grade les sous-officiers meurt les officiers meurt mais le pays Ne meurt jamais.
    Si j’étais militaire je préférerais plutôt être aux ordres de mon pays qu’à être aux ordres de mon supérieur hiérarchique, militairement, même politiquement .
    La seule chose qui vaille , la vérité en face dans les yeux , dans le cœur et dans l’esprit , c’est la paix du Burkina Faso . VIVE le Burkina Faso.

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