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Récréâtrales 2018 : Quand la pièce « Formidable » de Wilfrid Ouédraogo fait parler d’elle !

Publié le jeudi 8 novembre 2018 à 20h00min

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Récréâtrales 2018 : Quand la pièce « Formidable » de Wilfrid Ouédraogo fait parler d’elle !

« Formidable » est une véritable invite à chaque être humain à replacer l’humain au centre des préoccupations. Cette pièce du jeune artiste-conteur n’a laissé aucun de ses spectateurs indifférents face au message dont elle porteuse. Les Récréâtrales 2018 ont donc compté aussi avec cette pièce qui a été présentée quatre fois pendant le festival.

Pari encore réussi pour les Récréâtrales 2018, un rendez-vous qui soufflait sur sa dixième bougie. Pari également réussi pour ce jeune artiste-conteur qui a certainement marqué de ses empreintes, cette édition avec sa représentation intitulée « Formidable ». Comme l’ont confié nombreux festivaliers ayant suivi le spectacle, « c’était simplement, Formidable ». Le vendredi, 2 novembre, dernier passage de cette pièce et en cette soirée également, la cour dédiée au spectacle (comme le veut la tradition des Récréâtrales) a refusé du monde. Plus de places assises, les uns et les autres trouvent le moyen de ne pas rater le spectacle ; à l’aide de morceaux de bois, de nattes ou débout, tout passe.

Il était 21 h 45, lorsque les premières notes ont effectivement sonné, marquant l’entrée sur scène de l’auteur et conteur principal de la pièce, Wilfrid Ouédraogo, alias Siid korgo (entendez par ce pseudonyme, niche de miel en langue nationale mooré). Il avait pour complice de scène, David Zoungrana (par ailleurs musicien membre du groupe musical Négroïde). Ces deux acolytes de scène bénéficient du soutien d’un œil extérieur, Vincent Bazié, lui aussi, artiste-comédien. C’est donc une équipe des professionnels rompus à leur art qui a épaté son public.

Que peut-on résumer de cette pièce ?

« Formidable » parle de l’égoïsme de l’être humain ; un égoïsme qui le conduit à sa propre perte et expose toute sa société. « Formidable », c’est aussi la leçon de ces deux pauvres qui, face à la richesse, se conduisent à leur propre perte que d’en profiter. C’est aussi la leçon de ces hommes préoccupés à piller toutes les terres, alors qu’un lopin de terre suffira pour leur repos éternel.

« C’est un spectacle qui me tient à cœur depuis longtemps, que j’écris depuis presque huit ans ; parce que je voulais ce message-là qui va toucher à l’essentiel. Ce qui m’a inspiré à cette pièce, c’est de constater qu’aujourd’hui, il n’y a que l’argent, le matériel comptent. Et je trouve cela bien dommage. L’argent, c’est bien, mais, l’argent ne peut pas forcement créer la cohésion, un monde solidaire, l’argent ne peut pas forcément nous unir. De nos jours, tout le monde court derrière l’argent ; un monde de cupidité, on se piétine. L’homme détruit toutes les créatures jusqu’à aller détruire son semblable et tout cela, au nom d’une hypothétique richesse parce qu’il veut du matériel », campe l’auteur et acteur principal de la pièce, Wilfrid Ouédraogo, à l’issue du spectacle et dans un ton de dénonciation.

Dans un style propre à lui, qui lui permet de partager sa sensibilité avec le public et faisant même permanemment du public, son ‘’complice’’ de scène. « De nos jours, on voit des gens qui sont bradés de milliards et d’autres qui meurent par manque d’un comprimé ou d’un petit bol de riz. (…). Il faut qu’on attise encore notre sensibilité d’humain. Tant qu’on ne va pas replacer l’humain au centre de nos préoccupations, on passera tout temps à côté de l’essentiel », invite Wilfrid Ouédraogo alias Siid korgo. Il faut nécessairement combattre l’indifférence qui condamne les autres à la mort et à la misère.

« Je pense qu’il y a bien d’autres valeurs, beaucoup plus importantes, qu’il faut enseigner. Il faut réinventer notre façon de voir les choses, tenir un langage de vérité et d’amour. Je considère ce spectacle comme une causerie, entre hommes. Qu’on ose se dire les choses en face et qu’on voit comment faire pour améliorer notre vivre-ensemble », poursuit l’artiste-conteur pour qui, on a besoin les uns des autres.

« Si on se pardonne, si on est solidaire, si on s’accepte, on aura un monde formidable », convainc-t-il sous forme d’appel au monde. Car, de son avis, celui qui peut sauver ce monde, c’est l’homme. « Dieu a mis ce miracle en nous ; le fait qu’on sache distinguer le bien du mal, c’est pour qu’on sache à un moment donné limiter les dégâts pour pouvoir vivre ensemble. En chaque être humain se trouve un Dieu », prêche le messager. Une invite à considérer davantage l’être humain ; c’est de cette façon on aura un monde « formidable ».

Pour Daniel, festivalier français qui confie être à la première participation aux Récréâtrales, « cette pièce est plus que d’actualité au regard de tout ce qui se passe tout autour de nous à travers le monde ». Selon ce spectateur qui a également montré son admiration pour l’originalité des Récréâtrales, « Formidable » mérite donc de parcourir le monde pour humaniser les hommes par son message.

« J’ai suivi tous les quatre spectacles et je pu vous confier que j’ai été émerveillée. A chacune des séances, j’ai appris quelque chose de plus, on ne finit jamais de découvrir toute la richesse du message que véhicule la pièce. Ils (acteurs, ndlr) ont le professionnalisme en eux », confie pour sa part Liliane.

« C’est du costaud hein, et ça donne à réfléchir à chacun de nous en tant qu’être humain doté d’intelligence », a simplement lâché cet autre festivalier du nom de Békaye.
Après les Récréâtrales, Wilfrid Ouédraogo et son équipe ont déjà le curseur sur des festivals de renommée internationale où ils sont sollicités pour ‘’prêcher’’ le message.

Rappelons que la pièce « Formidable » a fait espace comble dans plusieurs quartiers et établissements d’enseignement de la capitale en novembre-décembre 2017 sur initiative d’une organisation internationale représentée au Burkina.

Cliquez ici pour lire aussi : « Nous, Africains, on se réveille toujours tard. C’est vraiment dommage », déplore Wilfrid Ouédraogo, conteur professionnel burkinabè

CLS
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