LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Putsch manqué : "Le RSP n’est pas une milice ; il a été créé par décret présidentiel. Dans une république, le président ne créé pas de milice" (Abdoul Aziz Korogo)

Publié le mardi 6 novembre 2018 à 15h55min

PARTAGER :                          
Putsch manqué :

L’audition du Commandant Abdoul Aziz Korogo, poursuivi pour meurtre, coups et blessures volontaires et complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, se poursuit ce mardi 6 novembre 2018. L’accusé était le Chef de corps par intérim du RSP au moment du Coup d’État de septembre 2015.

Dès la reprise de l’audience, l’avocat du Commandant Abdoul Aziz Korogo, Me Ouilli Dieudonné, a exhumé les PV d’audition du Chef d’État Major de l’armée de terre (CEMAT) et du Chef d’État Major Général des Armées (CEMGA) qui ont déclaré que son client a joué un très grand rôle de modérateur entre la hiérarchie militaire et les éléments du RSP.

Selon le CEMAT, le Colonel major Raboyinga André Kaboré, le Commandant Korogo était vu par ses hommes comme un traître de par son implication pour éviter l’affrontement. Et le CEMGA, Pingrenooma Zagré dira également que "Le Commandant Korogo a joué un rôle de discernement et de patriotisme pour le retour de la paix".

Pour Me Guy Hervé Kam, le Commandant Abdoul Aziz Korogo est un officier qui s’assume, qui fait honneur au statut d’officier et ne fuit pas les faits qu’il a pu commettre. Toutefois, l’avocat des parties civiles déplore que l’accusé se retienne de dire des choses qui pourraient être dérangeantes pour les coaccusés.

Selon Me Guy Hervé Kam, le RSP était plus qu’une milice. "Je ne peux accepter cela. Le décret de création du RSP a été signé par le Président du Faso. Et je ne sais pas si le Président du Faso, dans une République, créé une milice", a rétorqué le Commandant Abdoul Aziz Korogo.

Lors de son audition devant le juge d’instruction, le Commandant Korogo avait déclaré qu’il existait une grande fracture au sein du RSP à son retour de l’école de guerre de Yaoundé. Cela se manifestait par des regroupements de sous-officiers en l’absence d’officiers. A la barre, le Commandant déclare en avoir parlé à ses chefs afin qu’ils mettent fin à ces rencontres car ne pouvant adhérer à ce style de commandement.

Le Commandant Abdoul Aziz Korogo explique par ailleurs qu’après l’arrestation des autorités, le Général Gilbert Diendéré a rencontré les officiers du RSP au poste de Commandement.

Après les avoir informé de l’arrestation des autorités de la Transition, le Général leur aurait demandé de ne pas s’offusquer car tout le monde ne pouvait être mis au courant.

Il a également demandé aux officiers de l’accompagner. "Accompagner ? Qu’est-ce que cela signifie", demande Me Prosper Farama des parties civiles. "Pour nous, ça veut dire de l’accompagner dans cette aventure de prise d’otage. Il y a un besoin de contextualisation des événements. Il faut un sang froid et une hauteur d’esprit. J’avais la responsabilité de mes hommes. Lorsque le Général nous a informé de l’arrestation des autorités, je lui ai demandé quelle était la position de la hiérarchie militaire. En pareille situation, il ne faut pas jouer au Rango. Si vous le faites, le peuple ne fera pas de vous un martyr".

Pour Me Farama, l’accusé aurait dû demander au Général Gilbert Diendéré la raison de l’arrestation des autorités. "Je n’ai pas posé la question parce que le "Pourquoi" n’a pas sa raison d’être. L’autorité ne doit pas être arrêtée. Surtout pas par mes hommes", a déclaré le Commandant Abdoul Aziz Korogo.

Il ressort également du dossier que malgré les instructions des chefs militaires, certains éléments du RSP n’obeissaient pas et restaient en ville. Face à l’insistance des avocats des parties civiles de soutirer des noms, le Commandant Korogo campera sur sa position : "Si j’avais la certitude et l’identité des gens qui commettaient des exactions en ville, je ne me retiendrai pas de les citer".

Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Putsch de septembre 2015 : Minata Guelwaré est décédée
La problématique de la liberté chez Jean-Jacques Rousseau