58e anniversaire de l’armée : Dans la sobriété, le regard tourné vers le front anti-terroriste
LEFASO.NET | Tiga Cheick Sawadogo

Les Forces armées nationales du Burkina ont 58 ans. Cet anniversaire a été sobrement fêté ce 1er novembre 2018 à la Place de nation de Ouagadougou, en présence du chef suprême des armées, le président Roch Kaboré. Contexte sécuritaire oblige, le thème choisi pour cette édition a été « Cohésion et solidarité nationale autour des Forces armées nationales dans la lutte contre le terrorisme ».
L’heure n’est pas aux parades au sein des Forces armées nationales. A l’occasion du 58e anniversaire, il n’y a pas eu de défilés. Seulement un discours, celui du ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants, Jean Claude Bouda. Puis, la décoration de 48 civils, militaires et paramilitaires dans différents ordres.
Douze mois sont passés depuis la dernière célébration du 57e anniversaire des Forces armées nationales. A cette même place, le ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants relevait déjà l’impérieuse nécessité pour ses hommes de bander les muscles face aux terroristes qui sévissent sur le territoire national. Jean Claude Bouda demandait également à la population de se tenir aux côtés de ses Forces armées nationales pour endiguer l’hydre terroriste.

Une année après, il faut bien le reconnaître, les résultats sont mitigés. L’Etat-major général des armées a été attaqué en plein jour dans la capitale, tout comme l’ambassade de France au Burkina, le 2 mars 2018. Sur l’ensemble du territoire national, du Nord à l’Est, de l’Ouest au Sud, les militaires et paramilitaires tombent sur le feu de l’ennemi. Les populations ne sont pas non plus épargnées. L’extension des attaques dans les régions « a fini par convaincre les plus sceptiques que notre pays fait aujourd’hui face à une grande campagne de déstabilisation », a dit Jean Claude Bouda.
Pour le ministre en charge de la Défense, la célébration du 58e anniversaire des Forces armées nationales est un devoir. En ce qu’il donne l’occasion d’honorer la mémoire de ceux qui sont morts dans l’accomplissement de leurs missions. Le thème, « Cohésion et solidarité nationale autour des Forces armées nationales dans la lutte contre le terrorisme » est, selon Jean Claude Bouda, un appel à tous les citoyens pour une mobilisation contre les forces terroristes et toutes les formes d’extrémisme violent.

20 millions de Burkinabè, autant de sentinelles anti-terroristes
« Toutes les forces vives de la nation doivent s’unir pour apporter la réponse appropriée à ces attaques lâches dont le seul but est de disperser nos forces, créer la psychose et stopper notre élan de développement (...), nous devons faire en sorte que les terroristes sachent qu’en plus de nos forces de défense, ils ont en face, et contre eux, 20 millions de Burkinabè déterminés qu’ils ne pourront jamais vaincre. Il doit y avoir autant de sentinelles que de citoyens qui surveillent le territoire national », a-t-il poursuivi.
Le président du Faso, chef suprême des armées, est allé dans le même sens. Le Burkina Faso partage 1 500 km de frontière avec le Mali, 500 autres avec le Niger. Il n’est pas possible, a-t-il dit, de placer un militaire à chaque 100 mètres. D’où la nécessité pour chaque Burkinabè d’être un apport dans la lutte commune.
Pour Roch Kaboré, les mots de l’hymne national résument ce que doit être l’état d’esprit des Burkinabè. « Les échecs, les succès, la sueur et le sang... » doivent résonner dans la tête de chaque citoyen en ces moments difficiles et « il faut oser vaincre », a martelé le chef suprême des armées.

Mais la collaboration, fut-elle franche, ne peut permettre à elle seule de casser du terroriste. Le ministre de la Défense a ainsi rappelé que les forces armées nationales doivent être opérationnelles. « Pour cela, le gouvernement a consenti depuis quelques années des efforts pour offrir aux personnels des forces armées nationales un cadre de vie et de travail approprié ».
En plus de ce qui est déjà fait, il est prévu le renforcement de l’équipement des unités combattantes. La mise en œuvre de la loi de programmation devrait également permettre de répondre aux besoins d’infrastructures, de matériels, a rassuré Jean Claude Bouda.
Parce que la lutte contre le terrorisme se joue aussi sur le plan sous régional, le chef de l’Etat et son ministre de la Défense ont réaffirmé que l’enjeu en ce moment est de réussir la montée en puissance de la Force conjointe du G5 Sahel et de l’intégrer dans le dispositif de la sécurisation du territoire national.
D’ailleurs, c’est le président du Faso, Roch Kaboré, qui va assurer la présidence de la force conjointe du G5 Sahel dès janvier 2019. Et déjà il annonce que malgré les difficultés à mobiliser les ressources pour rendre opérationnelle cette force tant attendue, les cinq pays devront, en raison de l’urgence, consentir des efforts sur leurs budgets nationaux.
Tiga Cheick Sawadogo
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