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Economies locales : Le PADEL tisse sa toile dans six autres régions du Burkina

Publié le mercredi 31 octobre 2018 à 00h29min

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Economies locales : Le PADEL tisse sa toile dans six autres régions du Burkina

Le Programme d’appui au développement des économies locales (PADEL) figure parmi les programmes majeurs de mise en œuvre du Plan national de développement économique et social du Burkina. Il a pour ambition la transformation structurelle des économies locales dans les 13 régions du pays. Lancé officiellement par Président du Faso en fin 2016, le PADEL couvre la période 2017-2020.

Après la phase pilote dans la région du Sahel, le programme va se déployer dans six régions du pays dans les prochains jours, puis dans six autres à partir de 2019. Quels sont les raisons qui ont prévalu à la mise en œuvre du PADEL, quel est le chemin parcours, quels résultats obtenus, quels sont les défis à relever… Le Coordonnateur dudit programme, Martial Wilfried Bassolé répond, sans détour. Entretien !

Lefaso.net : Veuillez-vous vous présenter à nos lecteurs

Martial Wilfried Bassolé :
Je suis Martial Wilfried Bassolé. Je suis le directeur général du développement territorial. À ce titre, je coordonne le Programme d’appui et développement des économies locales (PADEL). C’est un programme de catégorie 1 dans la nouvelle réglementation des projets et programmes, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’unité de gestion autonome, le programme est gérée directement par l’administration notamment la direction générale du développement territorial.

Quelles sont les raisons qui ont prévalu à la mise en place du PADEL ?

Le PADEL est un programme voulu par le chef de l’Etat qui, dans son programme de candidat aux élections présidentielles de 2015, a pris l’engagement de travailler à réduire les disparités aussi bien entre les collectivités territoriales qu’au niveau même des collectivités territoriales au regard du taux de pauvreté élevé. Les résultats de l’enquête sur les conditions de vie des ménages de 2014 ont montré que plus de 4 Burkinabè sur 10 vivent en dessous du seuil de pauvreté.

C’est donc pour répondre à cela que le PADEL a été initié. Le diagnostic pour comprendre la situation de pauvreté au niveau des populations surtout en milieu rural a fait ressortir qu’en dehors de dehors des milieux urbains, notamment Ouagadougou et Bobo Dioulasso, il y a très peu d’opportunités pour développer l’économie locale. Alors que si on n’arrive pas à développer l’économie locale, il est difficile d’avoir des richesses à partager, difficile de créer des emplois, difficile de générer des revenus.

Donc en analysant les causes de cette faible performance des économies locales, on est arrivé à la conclusion qu’il y a trois problèmes qui sont à la base de cette situation. Le premier problème c’est la faiblesse de la plateforme infrastructurelle. Le deuxième problème, c’est le manque d’esprit entrepreneurial des populations. Le troisième constat, c’est la contrainte financière.

Pourquoi le PADEL a fait le pari d’agir directement sur les économies locales ?

Pendant longtemps, on a beaucoup travaillé sur l’accès aux services sociaux de base. Les collectivités territoriales ont mis l’accent sur la question de l’accès à l’eau potable et l’assainissement, à l’éducation, à la santé, etc. Ce qui n’est pas mauvais en tant tel, mais ce n’est pas suffisant, il faut aller au-delà de l’approche par les besoins pour capaciter les populations, pour qu’elles puissent générer des revenus et être capables de se prendre elles-mêmes en charge, d’où l’option de travailler sur les économies locales.
L’analyse nous a permis d’identifier trois facteurs majeurs et le PADEL vise justement à travailler sur ces trois facteurs majeurs pour permettre d’émerger des économies locales compétitives.

Ces trois facteurs majeurs, c’est l’esprit entrepreneurial, la plateforme infrastructurelle et les capacités financières. Etant dans une logique de faire en sorte que personne ne soit exclu, un quatrième volet a été ajouté. Il s’agit de l’inclusion des populations vulnérables à travers la mise en place d’une plateforme de protection sociale pour les populations vulnérables.
La réflexion nous a donc amené à concevoir un programme avec quatre objectifs qui sont liés en fait aux quatre préoccupations.

Le premier objectif c’est de promouvoir l’émergence d’entrepreneurs en travaillant sur la modernisation du secteur informel. Le deuxième objectif c’est de travailler à faire émerger une plateforme infrastructurelle qui permet de répondre aux besoins des entrepreneurs sur le terrain.
Le troisième objectif c’est de travailler à prendre en compte les populations vulnérables en mettant en place un socle de protection sociale pour ces populations vulnérables. Et le quatrième objectif, c’est de travailler sur l’inclusion financière et l’éducation financière.

boutiques, Gorom Goro

A combien se chiffre le coût de ce programme ?

Il est estimé à un peu moins de 400 milliards à mettre en œuvre sur trois ans.

Le PADEL s’étend sur la période 2017-2020, est-ce que vous allez pouvoir mettre en œuvre toutes les activités dans ce temps ?

On ne peut pas dire si on peut mettre en œuvre toutes les activités. Il y a un certain nombre de risques qu’on a identifiés, nous estimons que si ces risques sont mitigés, nous pouvons mettre en œuvre tout le programme. Les capacités techniques existent pour exécuter le programme sans difficultés jusqu’à la fin.

Vous parlez de risques qui pourraient vous empêcher de réaliser le programme tel que conçu, quels sont ces risques ?

Il y a la question sécuritaire qui est une contrainte majeure, qui rend certaines zones difficilement accessibles. Il y a aussi la question de la situation sociopolitique. Nous travaillons avec les collectivités territoriales si dans une localité, il y a des troubles au niveau du conseil municipal ou du conseil régional, il va de soi qu’on ait des difficultés à mettre en œuvre le programme.
L’impact de la situation sociopolitique c’est aussi sur la mobilisation des financements puisque les partenaires jouent un rôle important dans le financement du programme.

Nous estimons que s’il y a des troubles, il y aura des risques que certains partenaires se retirent et ça peut aussi jouer sur la mobilisation des ressources. Le dernier point et non des moindres, c’est l’adhésion des acteurs sur le terrain.
Si vous n’avez pas l’adhésion des populations notamment des propriétaires terrains, il serait difficile de pouvoir dégager des terres sur lesquelles ces infrastructures doivent être réalisées, si vous n’avez pas des gens qui sont intéressés par l’entreprenariat, il va être difficile de pouvoir faire émerger des entrepreneurs.

session de formation des bénéficiaires en gestion

En parlant d’insécurité, y a-t-il des stratégies qui sont mis en place pour l’effectivité de ce programme au Sahel ?

Oui, nous avons même commencé par le Sahel qui a été la région pilote pour la mise en œuvre de ce programme. Donc à ce titre, les premières réalisations ont été faites au Sahel. Le programme a été même lancé au Sahel. Nous travaillons en étroite collaboration avec les collectivités territoriales et jusqu’à la date d’aujourd’hui, nous n’avons pas eu de difficultés majeurs sur le terrain.
C’est vrai qu’il y a eu quelques inquiétudes par-ci, par-là, lorsque l’alerte sécuritaire montait un peu mais de façon globale, les choses se sont relativement bien passées compte tenu de l’adhésion et de la collaboration des populations sur le terrain.

En termes de collectivités, nous savons qu’il y en a assez, le choix s’est fait sur quelle base ?

Nous avons l’ambition d’intervenir sur l’ensemble du territoire national donc sur l’ensemble des collectivités territoriales. Maintenant, le déploiement du programme se fait de façon progressive. Ça va se faire en trois étapes. La première étape, c’était la phase pilote qui a concerné la région du Sahel sur laquelle on a commencé à intervenir depuis 2017.
La deuxième étape, en 2018, nous couvrirons six régions supplémentaires à savoir le Centre-Sud, le Centre-Nord, le Nord, l’Est, le Centre-Est et la Boucle du Mouhoun. Et en 2019, nous couvrirons les six autres régions du pays.

Justement, quelles sont les démarches en cours pour l’effectivité du programme dans les six prochaines régions ?

Pour ces six régions, le processus est engagé depuis fin 2017 où nous avons commencé d’abord par faire des ateliers d’informations avec l’ensemble des acteurs au niveau régional.
Ensuite, nous sommes passés à la deuxième phase qui est la phase de planification à travers des ateliers provinciaux de planification où chaque responsable de collectivité territoriale travaille en collaboration avec les services techniques déconcentrés pour identifier les investissements qui seront réalisés sur le terrain.

Et après cela, on revient à une phase de validation de ces propositions au niveau régional à travers le cadre régional de dialogue. Après cette étape maintenant, l’ensemble des éléments qui sont retenus font l’objet d’adoption, d’approbation par le comité national de pilotage du programme.

Sur quelle base va se faire la répartition l’enveloppe budgétaire ?

L’objectif est de travailler à réduire les disparités inter et intra régionales. Donc sur cette base-là, on a utilisé un certain nombre de critères qui permettent d’approcher un peu le niveau de pauvreté au niveau de chaque collectivité territoriale pour permettre justement de voir quelles sont les collectivités qui sont les moins nanties et auxquelles on va donner plus de ressources.
Quelques critères qui sont utilisés, c’est le niveau de recettes propres des collectivités territoriales, le taux brut de scolarisation et également l’effectif de la population de la collectivité territoriale.

Chaque collectivité a une contribution propre…
Si. Il y a un apport qui est attendu des collectivités territoriales qui est estimé à environ 5% mais cet apport-là n’est pas nécessairement financier, il peut être en nature notamment à travers la mise à disposition des terres, l’accompagnement et le suivi sur le terrain.

Au stade actuel du programme, qu’est-ce qui a été fait sur le terrain, concrètement ?

Pour ce qui concerne la composante 1 qui porte sur la promotion de la modernisation des entreprises informelles, plus de 500 acteurs ont reçu des renforcements de capacité et ont bénéficié d’accompagnement en termes d’équipement et de matériels pour pouvoir engager ou fortifier et formaliser leurs activités sur le terrain dans la région du Sahel et dans la région du Centre.

Pour la composante 2 qui porte sur la mise en place d’une plateforme infrastructurelle moderne et adaptée aux besoins des populations, nous avons réalisé, au Sahel principalement, un certain nombre d’infrastructures à savoir des boutiques pour permettre de mener des activités, des marchés et également un certain nombre d’équipements supplémentaires dans ces marchés. Nous avons aussi réalisé deux laiteries, ainsi que des marchés à bétail.

Au-delà de ça, nous sommes intervenus dans le domaine social à la demande d’un partenaire technique avec la réalisation de deux CSPS et l’extension du centre médical urbain de Dori. On peut citer au niveau de la composante 4 qui porte sur l’inclusion financière, l’octroi de près de 80 millions de Francs de microcrédit à des femmes et à des hommes de la région du Sahel. On peut également noter des activités d’éducation financière pour des populations sur le terrain.

Au niveau de la composante 3, nous sommes un peu en retard du fait de la situation sécuritaire. La composante 3 qui porte en fait sur la mise en place des transferts de cash nécessite des enquêtes sur le terrain pour identifier les populations vulnérables avec la validation communautaire des populations pour s’assurer vraiment qu’on touche les personnes les plus vulnérables.
Ce qui nécessite des déplacements sur le terrain et une partie de la région du Sahel étant difficilement accessible, nous n’avons pas pu déployer ce volet-là de la façon dont nous le voulions sur le terrain. Ce qui fait qu’à ce stade nous sommes à l’étape de la validation des listes qui ont été identifiées sur le terrain. Et nous pensons pouvoir commencer les premiers transferts avant la fin de l’année.

Comment comptez-vous vous y prendre pour vous assurer de l’adhésion des bénéficiaires par rapport à ce programme ?

Le programme est conçu pour répondre aux besoins des acteurs sur le terrain. Ce qui fait que les décisions sont prises par les acteurs eux-mêmes. Il revient à la collectivité territoriale d’identifier ce dont elle a besoin.
A notre niveau, nous utilisons des critères pour faire la répartition de l’enveloppe financière entre les collectivités territoriales et une fois que la répartition est faite, on donne l’information à chaque collectivité territoriale qui identifie ce qu’elle veut réaliser avec les ressources mises à sa disposition.

Dans cet exercice, on insiste beaucoup auprès des collectivités territoriales pour que les décisions qui sont prises viennent du conseil municipal dans un premier temps et qu’on y associe également les populations pour qu’on se garantisse l’adhésion des populations avant d’aller sur le terrain.

Lorsque nous sommes à la phase de réalisation ou de mise en œuvre du programme sur le terrain, nous veillons à ce que les populations soient intimement impliquées dans le processus pour que ce qui va sortir réponde à leurs besoins et que vraiment elles s’approprient cela.

Au vu de l’expérience sur le terrain, on se rend compte que c’est quelque chose qui est très porteur. Parce qu’on a fait en sorte que les populations soient les principaux acteurs de suivi de la réalisation des infrastructures. Qu’ils jouent en fait un rôle de contrôleur sur le terrain.
Dans certaines localités même, chaque jour nous recevons le retour sur l’évolution. Ils nous envoient les images à travers les réseaux sociaux pour montrer comment évoluent les travaux sur le terrain et au moindre incident, nous sommes ici mais nous avons l’information à la minute qui suivait.

Les actions menées dans ce domaine-là permettent de garantir la forte implication des populations et l’ensemble des acteurs sur le terrain. Pour ce qui concerne les services techniques déconcentrés, dans l’identification des investissements à réaliser ils s’associent aux collectivités territoriales, mieux au niveau régional, c’est le cadre de dialogue régional qui valide ce qui a été retenu par les collectivités territoriales. Ça permet de nous assurer que nous sommes en cohérence avec ce qui est prévu au niveau des départements ministériels.

Est-ce qu’il y a des attentes particulières par rapport aux populations impliquées vue que la création de ce programme suscite beaucoup d’espoir ?

L’attente majeure c’est vraiment la forte implication et le maintien de l’engagement des populations dans la mise en œuvre du programme depuis la phase d’identification des actions à mener jusqu’au suivi.
Mieux, au-delà de la réalisation des actions sur le terrain, nous mettons l’accent sur la durabilité parce que pour nous l’important n’est pas de réaliser une infrastructure mais que cette infrastructure serve effectivement à l’économie locale à travers la réalisation d’une activité productive sur le terrain.

Donc, c’est surtout sur cet aspect-là que nous attendons l’implication des acteurs et nous essayons de les accompagner à s’organiser pour l’occupation de ces infrastructures réalisées et également pour capter les opportunités de financement qui se présentent afin de pouvoir vraiment contribuer à développer les économies locales.

Nous travaillons aussi à les suivre une fois qu’ils reçoivent l’accompagnement ou qu’ils occupent les infrastructures. Nous travaillons à mettre en place un mécanisme qui permet de les suivre jusqu’à garantir que ce qui est mis sur le terrain sera durable. C’est vraiment une particularité de ce programme-là, nous avons une attention particulière sur la durabilité.

Vous insistez sur la durabilité des infrastructures, est ce que vous pouvez nous dire un mot sur comment est assurée la maitrise d’ouvrage ?

La maitrise d’ouvrage, elle est triple. L’identification des infrastructures est du domaine de la collectivité territoriale. Nous sommes dans une logique où les collectivités territoriales ont une certaine autonomie dans la réalisation, donc la logique voudrait qu’au niveau du programme, nous définissions les enveloppes, nous mettions ça à la disposition des collectivités territoriales à charge pour elles de pouvoir assurer la maitrise d’ouvrage de bout en bout, c’est-à-dire de la conception des projets, la contractualisation, le suivi des travaux sur le terrain jusqu’à la fin.

Mais, nos collectivités ont beaucoup de difficultés à pouvoir assurer cette maitrise d’ouvrage compte tenu de la faiblesse des capacités techniques mais également compte tenu de la lourdeur des procédures de passation des marchés.
Pour régler ce problème, nous avons fait intervenir un acteur externe qui est le Programme des Nations-unies pour le développement avec lequel nous avons signé une convention pour lui demander d’assurer la maitrise d’ouvrage technique à savoir concevoir les projets et recruter les entreprises, assurer le suivi de la réalisation sur le terrain et payer ce qui a été fait.

hangards marchands, Gordadji

Quels sont les avantages de la contractualisation avec le PNUD ?

On a des procédures assez lourdes, on a des collectivités territoriales qui n’ont pas les capacités nécessaires.
Et nous avons la contrainte des délais. Nous avons trois ans pour réaliser des infrastructures à hauteur de 400 milliards environ. Et si nous ne prenons pas les dispositions pour assurer la célérité, nous risquons de nous retrouver à la fin du programme sans avoir atteint les objectifs fixés.

C’est pour ça que nous avons fait l’option de signer cette convention avec le Programme des Nations Unies qui a une très grande expérience en la matière pour faire en sorte qu’ils prennent en charge la conception technique une fois que le besoin est identifié. Quand on a la conception technique, ils élaborent l’appel et lancent l’appel d’offre, ils recrutent les entreprises et ils assurent le suivi. Ça a trois avantages.

Le premier avantage est que ça nous permet d’avoir un acteur expérimenté à nos côtés. Deuxième avantage, ça nous permet de garantir la célérité dans l’exécution parce que le Programme des Nations Unies a des procédures très accélérées comparativement aux procédures nationales.

Et à ce sujet je voudrais vous dire que nous passons les marchés depuis la phase de la conception des dossiers d’appels d’offre jusqu’à la contractualisation dans un délai maximum de 2 mois pour tout ce que nous réalisons sur le terrain. Alors que si nous utilisons les procédures nationales nous ne serions pas à moins de 4 mois sinon même plus pour les mêmes types d’infrastructures.

Troisième avantage, nous bénéficions du label PNUD. Nous avons des avantages avec le fait de passer par le PNUD qui est réputé être institution internationale bon payeur. Lorsque ces garanties sont établies, les délais d’exécution aussi sont respectés. Je peux dire sur que tout ce que nous avons réalisés en 2017, il n’y a pas une seule entreprise qui a livré hors délai.
Toutes les entreprises ont livré dans les délais parce qu’elles savent que on a un partenaire avec lequel elles savent que lorsqu’elles auront fini, elles seront payées sans problème.

Pensez-vous atteindre vos objectifs d’ici à fin 2020 ?

Nous n’allons pas dire fin 2020, si nous nous limitons à fin 2020 ce ne serait pas suffisamment ambitieux. D’ici fin 2020, ce que nous pouvons avoir sur le terrain c’est des infrastructures réalisées, c’est des gens qui ont eu des crédits, c’est des gens qui ont eu des formations.
Ce n’est pas ce que nous cherchons. Nous allons au-delà. L’important n’est pas l’infrastructure qu’on réalise, mais la destination finale de l’infrastructure, qu’elle soit occupée, qu’elle apporte de la valeur ajoutée à l’économie locale.

Donc c’est mieux qu’on se donne rendez-vous peut-être en 2022 où vraiment on peut être sûr de commencer à voir les résultats sur le terrain, où on peut dire quantifier vraiment l’apport de ce programme à l’économie locale en termes d’accroissement de la valeur ajoutée de l’économie locale.

Le PADEL total est-il financé sur fonds propre ou bien il y a des partenaires extérieurs ?

En parlant des risques j’avais souligné le rôle que les partenaires jouent dans la mobilisation des financements. Il est évident que le gouvernement ou les collectivités territoriales à elles seules ne peuvent pas mobiliser près de 400 milliards sur trois ans pour ce programme. Grosso modo nous attendons qu’autour de 55% des financements viennent des partenaires techniques et financiers.

Le processus est en cours et ces partenaires ont déjà répondu ou sont en train de répondre. C’est d’ailleurs dans la logique de la mobilisation de ces partenaires que s’est tenu en juillet 2018 une table ronde pour le financement en marge de la table ronde du PNDES.

Peut-on savoir qui sont ces partenaires financiers dont vous parlez ?

Aujourd’hui nous avons la Banque Ouest-africaine de développement (BOAD), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Coopération japonaise. Nous avons également la Banque Arabe pour le Développement Economique de l’Afrique (BADEA).
Et nous sommes en prospection avec d’autres partenaires ou nous sommes en négociation. C’est notamment la Coopération Suédoise, la Banque Islamique de Développement, le Royaume de Belgique et le Royaume d’Arabie Saoudite avec lesquels nous sommes en négociation.

gare routière de Dori

Au stade acuteul, est-ce que vous êtes satisfait des réalisations du PADEL sur le terrain ?

Je vais éviter de tomber dans l’autosatisfaction, donc je vous donnerai des documents, vous allez voir un peu ce qu’on a fait comme réalisations en six mois de présence au niveau du Sahel, et vous pourrez vous-même apprécier. Nous ne sommes pas dans une logique de tomber dans l’autosatisfaction, nous savons qu’il y a des progrès qui sont accomplis, mais nous nous intéressons beaucoup aux insuffisances pour tirer les enseignements et les corriger pour la suite du programme. Je voudrais surtout noter le fait que la composante trois n’ait pas encore démarrée en tant que tel. C’est le défi majeur que nous avons à relever.

Le deuxième défi majeur, c’est l’accélération de la mobilisation des ressources. Par exemple pour ce qui concerne le financement des microprojets, sur deux communes au Sahel nous avons enregistré plus de 1000 demandes alors que nous n’avions que 77 millions, donc ça fait qu’on ne pouvait même pas satisfaire le tiers des demandeurs. Donc ça aussi c’est un défi majeur. Le troisième défi majeur, c’est l’exploitation optimale des infrastructures réalisées.

Pouvez-vous rassurer la population du Sahel que, malgré la situation sécuritaire délétère, le programme se poursuivra normalement ? Quel message avez-vous pour les populations des six régions dans lesquelles vous allez vous déployer bientôt ?
Il y avait des inquiétudes au départ, mais les populations ont vu les résultats sur le terrain, elles savent qu’on est engagé à leur côté pour atteindre les objectifs fixés par le programme et répondre à leurs attentes. Donc au niveau du Sahel, je pense qu’on a plus besoin de message.

C’est beaucoup plus ces populations qui nous envoient des messages pour nous dire de nous rassurer qu’elles mettent en place toutes les conditions pour permettre que ce qui a été réalisé puisse être exploité. C’est le message que nous recevons de la région du Sahel.

Dans les autres régions, nous savons que les gens sont impatients, surtout qu’on a commencé les travaux depuis novembre 2017. Nous leur disons de prendre leur mal en patience, nous sommes en train de travailler de manière à ce que lorsqu’on démarrera, qu’au bout de trois mois, les résultats soient concrets sur le terrain. C’est le message à porter aux acteurs des six autres régions dans lesquelles nous aurons à intervenir en 2018.

Pour les six dernières régions dans lesquelles nous devons intervenir à partir de début 2019, là aussi, je leur dis que même si elles sont dernières, elles ne seront pas les moins bien servies.
Bien au contraire on aura eu le temps de tirer les enseignements ailleurs de sorte qu’à notre arrivé là-bas les choses aillent beaucoup plus vite, que nous n’ayons pas à vivre les écueils que nous avons vécus dans le Sahel ou éventuellement que nous pourrons vivre dans les six autres régions au cours de l’année 2018.

Propos recueillis par Moussa Diallo
Lefaso.net


LES REALISATIONS DU PADEL

 L’aménagement d’un périmètre irrigué avec adduction d’eau moderne à Markoye au profit des femmes ;

 l’extension du Centre médical urbain de Dori ;
 la construction de deux CSPS à Sampelga et à Tongomayel ;
 la construction de 2 gares routières à Dori et Seytenga ;
 l’acquisition de trois ambulances au profit de la région ;
 la réalisation de 03 marchés centraux et plus de 270 boutiques de rue ;
 le renforcement des capacités de gestion de plus de 797 promoteurs d’unité de production informelle (UPI) ;

 le renforcement de capacités de 75 promoteurs en électricité auto et moto, en coiffure, en broderie et en menuiserie. Ces formations aux métiers et à l’emploi ont été sanctionnées par la remise de kits d’installation aux promoteurs à hauteur de 20 millions de francs CFA environ.

 Le financement des activités génératrices de 617 promoteurs et promotrices pour un montant de 77 040 000 FCFA ;
 La remise de matériels roulants dont 13 motos, 23 véhicules au profit des unités de gestion des composantes, des antennes régionales et de l’Unité de Coordination Nationale ;

 Location de trente stands d’une capacité de 9m2 pour des promoteurs d’entreprise à l’occasion de la 15ème édition du Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou SIAO) 2018 pour un montant de 13 millions de FCFA.

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Vos commentaires

  • Le 2 novembre 2018 à 09:34, par BBR En réponse à : Economies locales : Le PADEL tisse sa toile dans six autres régions du Burkina

    beaucoup de courage mon frère. je sais que tu as les ressources nécessaires pour mener à bien ce programme. moi je pense que le développement du pays doit passer par une formation pointue dans les domaines techniques de base : électricité, mécanique, menuiserie électronique, élevage, agriculture. etc. on aurait pu utiliser ces 400 milliards pour créer deux usines majeures : le montage des tracteurs et une usine de fabrication des engrais.
    on doit éviter d’émietter les fonds que nous empruntons.

  • Le 2 novembre 2018 à 09:36, par BBR En réponse à : Economies locales : Le PADEL tisse sa toile dans six autres régions du Burkina

    beaucoup de courage mon frère. je sais que tu as les ressources nécessaires pour mener à bien ce programme. moi je pense que le développement du pays doit passer par une formation pointue dans les domaines techniques de base : électricité, mécanique, menuiserie électronique, élevage, agriculture. etc. on aurait pu utiliser ces 400 milliards pour créer deux usines majeures : le montage des tracteurs et une usine de fabrication des engrais.
    on doit éviter d’émietter les fonds que nous empruntons.

  • Le 2 novembre 2018 à 15:10, par zonon En réponse à : Economies locales : Le PADEL tisse sa toile dans six autres régions du Burkina

    Du courage cher DG.
    Je pense que le volet renforcement des capacité du secteur privé doit être un point clef de ce programme. Il y a des éléments éparts dans ce sens, mais il faut aller dans le sens d’un corpus plus ambitieux et structurant. Un tel volet pourrait comprendre : (1) de la mise à niveau progressif des acteurs du secteurs privés ( c’est à dire dire un cran au dessus de là où chacun est actuellement - Modèle marocain) (2) la mise en place de pépinières, couveuses d’entreprises pour les porteurs de projets novateurs surtout les les jeunes.
    Dans ce sens l’idée de mettre en place une ferme école comme il en existe au Maroc ou en Tunisie peut faire partie d’un tel programme étant donné que l’agriculture est dans la plupart des cas le secteur le plus porteur.
    Tout cela passe passe par un partenariat avec des structures existantes comme la Maison de l’Entreprise, la Confédération Paysanne du Faso et l’ANPE qui sa se charger de la formation à la carte.

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