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Coup d’Etat de septembre 2015 : Ces 1 000 à 2 000 « chiens » qui devaient venir de la Côte d’Ivoire

LEFASO.NET | Tiga Cheick Sawadogo

Publié le mardi 30 octobre 2018 à 00h59min

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Coup d’Etat de septembre 2015 : Ces 1 000 à 2 000 « chiens » qui devaient venir de la Côte d’Ivoire

Le colonel Zakaria Koné avait-il envisagé d’envoyer des milliers de combattants pour soutenir le coup d’Etat de septembre 2015 ? Affirmatif, si l’on en croit les avocats de la partie civile qui ont révélé le projet enfoui dans les retranscriptions des appels téléphoniques entre Fatoumata Diawara et le colonel ivoirien. C’était ce 29 octobre 2018, dans la suite de l’interrogatoire de l’accusée, à la barre du tribunal militaire. Elle est restée campée sur sa position, clamant son innocence et criant à l’acharnement. Le parquet et les avocats de la partie civile, eux, ont continué à exhumer les retranscriptions des appels.

Le passage à la barre de Fatoumata Diawara, ancienne compagne du fils du général Gilbert Diendéré, était parti pour ne pas durer. En effet, l’accusée n’a pas beaucoup disserté lors de sa déposition, le vendredi dernier. D’ailleurs, elle se demandait bien pourquoi elle était citée dans ce dossier de coup d’Etat. Tout ce qu’elle a fait, c’est appeler le général Djibril Bassolé pour négocier une aide financière en vue de venir en aide aux familles des soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) alors cantonnés.

Mais pour les avocats de la partie civile, l’argent devait plutôt servir à motiver les éléments du RSP afin qu’ils se battent.

Toute la journée et le début de soirée du 29 octobre, l’audition de Fatoumata Diawara a été axée sur les retranscriptions des appels téléphoniques qu’elle a eus avec certaines personnalités, pendant le putsch. Parmi lesquelles le colonel ivoirien Zakaria Koné. L’accusée s’empressera de préciser qu’elle ne répondra à aucune question concernant la Côte d’Ivoire. Cela n’entamera pourtant pas la détermination des avocats de la partie civile.

Ainsi, Me Guy Hervé Kam, se fondant sur les retranscriptions, expliquera que du 27 au 30 septembre, il y a eu 20 coups de fil entre Fatoumata Diawara et le colonel Zakaria Koné. Dans l’un des appels, l’Ivoirien conseillait à son interlocutrice de dire à son contact « Rambo » de fermer la ville et de tirer partout. « C’est déjà fait », aurait-elle répondu.

Ensuite, le colonel ivoirien annonce qu’il enverra 1 000 à 2 000 « chiens ». « C’est très bien », aurait répondu dame Diawara. « Mais il faut que, sur place, il y ait des manifestations de soutien en attendant », a suggéré le colonel. « C’est déjà le cas », aurait dit l’accusée.

L’expression « chiens » désignerait des commandos, des gens qui viendraient se battre. A la lecture de ces éléments, Fatoumata Diawara est restée sur sa position : elle ne veut pas opiner sur les retranscriptions des appels, parce qu’elle ne s’y reconnaît pas. « C’est vous qui le dites, c’est votre opinion », répliquait-elle à chaque fois qu’on lui demandait un commentaire. Pour elle, tout ce qui est avancé contre elle n’est que « caracollage, fabrication, montage ».

Pour les conseils de la jeune dame, toutes ces accusations relèvent de l’imagination. « Comment un colonel peut-il parler de stratégie militaire à une civile, une femme, de surcroit enceinte ? Qui est-elle pour obtenir le soutien de forces étrangères ? Est-ce du ressort d’un colonel d’envoyer une troupe de milliers de combattants dans un autre pays ? », a questionné Me Abdoul Latif Dabo, l’un des avocats de l’accusée. A son avis, à travers Fatoumata Diawara, c’est le général Djibril Bassolé qui est visé.

En tout cas, c’est de l’acharnement contre sa personne, notera, à plusieurs reprises, l’ancienne compagne de Ismaël Diendéré. Non, répondra Me Séraphin Somé, avocat de la partie civile, pour qui l’accusée veut se faire passer pour une victime, alors que ce sont ses propres actes qui la condamnent.

Avant de regagner sa place, Fatoumata Diawara a fait le récit de toutes les humiliations et complications qu’elle a eues en prison, avec sa grossesse. « Je suis humaine. Je remercie Dieu de m’avoir créée forte, sinon je ne serais pas là aujourd’hui », a-t-elle dit, rappelant qu’elle est loin d’être la criminelle qu’on veut présenter à l’opinion.

Après elle, c’est le Malien Sidi Lamine Omar qui comparaîtra ce 30 octobre 2018.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

Cliquez ici pour lire aussi : Procès du putsch manqué : « Je n’ai pas eu accès à l’argent », dixit Fatoumata Diawara

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