Bassolma Bazié, SG de la CGT-B

Dès la création de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), le 29 octobre 1988, des détracteurs avaient déjà prédit sa mort au bout de six mois. Les devanciers se souviennent des répressions que le mouvement a subies. Sans fléchir. Trente années après, la défense et la sauvegarde des valeurs de la CGT-B demeurent les premiers acquis que les héritiers se sont promis de préserver, aux termes des travaux du 7e conseil syndical ordinaire qui a réuni 270 délégués de l’ensemble des onze unions régionales, des deux fédérations, des dix syndicats professionnels et des deux coordinations CGT-B, mais aussi des représentants de pays étrangers.

Ce conseil syndical ordinaire (instance qui se tient entre deux congrès, ndlr) a été l’occasion pour les participants d’évaluer, entre autres, les recommandations du 6e conseil, d’amender la plateforme revendicative générale et de revisiter les grands moments de lutte pour la création du courant du syndicalisme révolutionnaire de lutte des classes au Burkina Faso, à travers une conférence publique.
A l’issue des travaux, le conseil a lancé un appel à la mobilisation des travailleurs et pris trois motions « contre les graves atteintes aux libertés, sur la question sécuritaire et sur la finalisation de la relecture du Code du travail ».

Une vue des représentants des Confédérations soeurs des pays voisins et de la France

« La CGT-B n’a pas semé dans le désert »

Quel bilan retenir de ces 30 années de lutte ? Pour le Secrétaire général de la CGT-B, Bassolma Bazié, l’un des plus grands acquis est le passage d’un Etat d’exception à un Etat de construction démocratique, avec l’adoption de la Constitution de juin 1991. L’autre acquis, non moins important, c’est l’unité des travailleurs. « Quel que soit le nombre d’organisations syndicales qu’il y aura dans notre pays, on doit transcender ces différences de vue et de lecture et défendre fermement les travailleurs », a dit le secrétaire général.

Selon toujours Bassolma Bazié, l’insurrection populaire et la résistance au putsch de septembre 2015 sont la preuve que la CGT-B n’a pas semé dans le désert. « Nous refusons de nous inscrire dans le même ordre de ceux qui analysent l’insurrection comme le fruit d’une génération spontanée. Nous ne sommes pas une génération spontanée, nous ne sommes venus réinventer la roue », a lancé Bassolma Bazié.

Les journalistes présents à la clôture des travaux

« Macron, valet de l’impérialisme »

Présents à ces 72 heures de travaux, les représentants des Confédérations sœurs du Niger, du Bénin, du Mali, de la Côte-d’Ivoire et de la France ont salué, à tour de rôle, cette solidarité syndicale « en marche » dans la sous-région, et se sont dit impressionnés par l’ancrage des valeurs inculquées aux militants de la CGT-B et par l’implication des anciens cadres dans la vie de la Confédération. « Tout ce que j’ai appris, j’espère l’enseigner à mes militants en Côte d’Ivoire », a déclaré le secrétaire général confédéral de la CGT de la Côte d’Ivoire, Sibahi Kouadio.

A sa suite, Philippe Martinez de la CGT-France fustigera l’impérialisme et « son valet, le président français Emmanuel Macron », qu’il qualifiera de « président des riches qui donne plus aux riches et moins aux pauvres ». Pour lui, tous les travailleurs ont un même adversaire : la bourgeoisie.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net