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Famine dans le Sahel : Du grain pour subsister jusqu’à la prochaine moisson

Publié le vendredi 22 juillet 2005 à 07h16min

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La famine fait actuellement de véritables ravages au sein des populations nigériennes. C’est là une conséquence de la pauvreté, de la sécheresse et surtout des criquets pèlerins qui n’ont rien laissé sur leur passage l’année dernière.

Plusieurs régions telles Tillabéry, Tahoua, Diffa, Zinder dans le Sud sont durement frappées. Mais, Maradi, ville située à 600 km à l’est de Niamey, constitue de loin la zone la plus sinistrée. Un habitant confiait n’avoir vu pareille tragédie depuis 1980. Et comme d’habitude, ce sont les enfants qui sont les plus vulnérables, car sous-alimentés, ils arpentent les rues de cette contrée.

C’est terrible ce qui se passe dans ce pays sahélien et il fallait faire quelque chose. C’est ainsi qu’à Maradi, des secours aux enfants sinistrés sont assurés dans un centre dirigé par l’organisation Médecins sans frontières (MSF) et, depuis le 9 juillet dernier, dans un hôpital militaire de campagne marocaine.

La situation est alarmante et un des six médecins de MSF installés à Maradi s’indignait d’enregistrer une moyenne de trois décès par jour dans le centre. Le Niger est dans la tourmente avec 3,6 millions de personnes vivant dans l’insécurité alimentaire et des milliers d’enfants risquent de basculer dans la malnutrition sévère d’ici octobre, date de la prochaine récolte céréalière.

Fort de ce constat, la communauté internationale s’est vue contrainte de voler au secours des Nigériens. Le souverain Marocain, Mohammed VI, a fait parler son cœur en octroyant une aide consistante (plus de 100 tonnes de denrées alimentaires) avant de se rendre sur place. Paris a promis du mil qui, en principe, doit être acheminé demain samedi. 70 tonnes sont annoncées.

Mais n’est-ce pas le médecin après la mort ? Car le PAM, qui avait sollicité une aide de 4,2 millions de dollars au début de la crise, a annoncé la semaine dernière que ses besoins s’élevaient actuellement à 12 millions de dollars. En effet, de 465 000, les bénéficiaires de son aide sont passés à 1,2 million. Et dire que seulement 37% de la somme demandée par le PAM ont pu être rassemblés.

Le Niger est-il le seul pays dans ce cas ? pourrait-on se demander. Selon une organisation américaine, le Réseau de surveillance avancé des famines, la sécheresse et les prix élevés des céréales sont à l’origine des pénuries alimentaires qui frappent plus de 18 millions d’individus dans une dizaine de pays d’Afrique.

L’ONG cite pêle-mêle des pays comme l’Ethiopie, l’Erythrée, l’Ouganda, le Soudan, Djibouti, le Rwanda, le Kenya, la Tanzanie, le Burundi et la Somalie. Ce qu’elle ignore peut-être c’est que les criquets pèlerins nous ont rendu visite l’année dernière et que nombre de nos régions vivent des situations identiques, même si c’est à un degré moindre.

N’ayons pas peur des mots pour dire que malgré les mesures prises par nos gouvernants, la spéculation sur les prix est le sport favori de certains commerçants. Et même lorsque l’on sort le grain, il est vendu à la tête du client. Pendant ce temps, le gouvernement, à coup de déclarations, se veut rassurant alors que la réalité du terrain est toute autre.

Messieurs les gouvernants, allez sur le terrain et vous serrez mieux situés ! Ce sera même l’occasion de mettre la main sur ces commerçants peu scrupuleux qui dissimulent des vivres qu’ils ne sortiront qu’au temps fort de la pénurie de vivres. Heureusement que notre pays peut encore compter sur ses partenaires au développement ; mais faut-il éternellement tendre la sébile ?

Nos gouvernants doivent une fois pour toutes apprendre à gérer le grain car il y a eu des années où ils nous ont avancé des récoltes excédentaires et au finish, on a eu comme l’impression que c’était de la poudre aux yeux, car l’aide a été sollicitée pour venir en aide aux populations.

Le Burkina doit mieux s’organiser et ne pas attendre une manne, pas toujours assurée. Une certitude demeure cependant : comme notre voisin le Niger, il nous faut du grain, pour subsister jusqu’à la prochaine moisson. Et octobre, c’est loin !

Pierre Tapsoba
L’Observateur

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