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Migration et justice sociale : Le MPP et l’Alliance progressiste se penchent sur la question à Ouagadougou

Publié le samedi 13 octobre 2018 à 00h09min

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Migration et justice sociale : Le MPP et l’Alliance progressiste se penchent sur la question à Ouagadougou

Le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a organisé le vendredi 12 octobre 2018 en collaboration avec l’Alliance progressiste à Ouagadougou une conférence internationale sur le thème : migration et justice sociale. Au cours des échanges, il sera question de chercher la vision commune pour une meilleure gestion des migrations. En l’absence du président du MPP par intérim Simon Compaoré, c’est le vice-président Clément Sawadogo qui a présidé la cérémonie d’ouverture.

L’heure est grave, a dit Clément Sawadogo, vice-président du MPP, par ailleurs ministre de la sécurité. Pour cause, le phénomène migratoire prend des allures d’odyssées mortifères. De nombreux Africains y perdent la vie. Chaque jour, des catastrophes humaines sont rapportées par les médias. Les chanceux qui arrivent à destination ne sont pas non plus les bienvenus. Les partis nationalistes de plus en plus nombreux ont pour slogan : non à l’immigration, source de déséquilibre social et de perte d’emplois pour les Européens de souche.

C’est au vu de tout cela, que les membres de l’internationale sociale ont décidé d’arrêter l’hémorragie. Cela s’est matérialisé ce vendredi 12 octobre 2018 avec l’ouverture d’une rencontre sur la migration et la justice sociale. L’objectif selon le leader MPP est d’interpeller les gouvernants sur la question. C’est de contribuer à faire tarir les sources de l’immigration. Pour lui, c’est une contrainte parce que la première valeur de la social-démocratie est la justice sociale qui va de pair avec la nécessaire solidarité pour plus d’équité et plus de justice.

Les participants sont venus de la Suède, du Danemark, de l’Allemagne, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Congo, de la Tanzanie, du Maroc, de la Tunisie… Pour Patrice Mbaya, du parti congolais Convergence citoyenne, ce séminaire doit permettre de résoudre ces conflits et d’instaurer la paix, et la justice sociale. Débutés le vendredi, les échanges prendront fin ce samedi avec une excursion sur le barrage de Ziga.

Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 14 octobre 2018 à 10:05, par Raogo En réponse à : Migration et justice sociale : Le MPP et l’Alliance progressiste se penchent sur la question à Ouagadougou

    La question de l’immigration africaine taraude autant les pays d’arrivée que ceux de départ. Hammadoun TAMBOURA, Amadou SY, et Hermann DIARRA trois spécialistes économiques africains se proposent pour les lecteurs d’Info241, de passer en revue les causes de l’émigration africaine vers les pays du Nord. Celles si seraient avant tout économiques, précisent les auteurs, mais pas que. Analyse.

    La grande majorité des pays africains souffrent d’un appauvrissement général depuis la décolonisation 60 ans plus tard. Le continent importe plusieurs produits de premières nécessités prolongeant les systèmes d’échanges coloniaux. Les produits locaux restent sous valorisés, étouffant toutes possibilités de développement d’une industrie locale. L’Afrique souffre d’autres maux : guerres ethniques et politiques, insécurité alimentaire, mauvaise gouvernance…

    Face à ces difficultés, la population, désemparée et désœuvrée, voit l’émigration comme l’ultime solution. L’occident est perçu comme une terre promise ou tous les rêves se réalisent selon les croyances. Beaucoup de jeunes quittent leurs villages, leurs pays, pour chercher un avenir meilleur afin de subvenir aux besoins de leurs familles mais aussi pour s’émanciper. Mais quitter sa famille et ses origines pour un retour non garanti n’est pas facile pour des jeunes, alors quelles sont les causes qui les poussent à partir ?

    Qui sont les candidats à l’émigration ? [1]

    L’histoire de l’émigration africaine, en particulier de l’Afrique de l’Ouest et Orientale, permet de distinguer trois grandes catégories de population candidates pour rejoindre les pays dits riches. Les premières vagues d’immigration au sortir de la colonisation pendant les années 60-70 ont coïncidé avec les trente glorieuses en Europe. Le besoin de main d’œuvre de l’industrie a entrainé un recrutement massif de salariés dans les pays africains à l’initiative des pays comme la France, la Belgique et les Pays-Bas entre autres. Cette vague de départs en Europe concerne essentiellement le Maghreb et dans une moindre mesure l’Afrique noire. La caractéristique principale de ces émigrés appelés « migrants économiques, est leur faible qualification. Ils occupent des emplois d’ouvriers à faible valeur ajoutée en Europe. Leur impact sur le développement de leur pays d’origine reste très marginal et se limite uniquement aux besoins de subsistance de leurs familles. Aujourd’hui cette émigration continue et est alimentée par la forte croissance démographique et l’absence de politiques publiques de développement économique efficaces.

    Les guerres et l’instabilité dans certaines régions d’Afrique sont à l’origine d’une vague d’émigration importante. Les conflits au Darfour, au Sud Soudan, en Somalie, au Mali, en Erythrée… entraînent des demandeurs d’asile en Europe et aussi en Amérique du Nord. Les conflits ont été à l’origine des plus grands déplacements de population dans le monde. Le retour de ces personnes reste très compliqué car le déracinement et les circonstances de leur départ font qu’elles sont davantage attachées à leur pays adoptif.

    Depuis le début des années 2000, le profil des migrants commence à changer sous la pression des pays occidentaux (politique de l’immigration choisie au Canada par exemple mais aussi aux Etats-Unis). De plus en plus de jeunes diplômés, formés dans les universités occidentales, restent et s’intègrent parfaitement à l’économie locale grâce à leurs compétences. Cette jeunesse accède à des postes à hautes responsabilités dans les entreprises. Ces migrants d’un nouveau genre, disposent d’un savoir-faire permettant d’amorcer véritablement le développement de leur pays d’origine. Mais encore faut-il que l’Afrique accepte et accueille dignement ses enfants ? Aujourd’hui, une concurrence « néfaste » entre les élites locales qui voient leur pré-carré menacé par cette diaspora est contraire à l’intérêt des populations africaines.

    Les causes sont avant tout économiques [2]

    La croissance économique de l’Afrique ne s’accompagne pas d’une réduction effective de la pauvreté. Elle ne génère suffisamment pas d’emplois durables pour les jeunes. Elle est marquée par une forte inégalité dans le partage des richesses au profit des entreprises multinationales et des élites politiques. Seule une minorité de la population en voit les effets positifs. Cette situation résulte d’une carence de politiques économiques adéquates pour réfléchir sur le fond du sujet au niveau local. Aujourd’hui l’Afrique dispose d’atouts importants et stratégiques comme l’abondance de main œuvre. Pour faire échos à Jean Bodin « Il n’est de richesses que d’homme ». L’Afrique concentre aujourd’hui 550 millions de personnes en âge de travailler et en 2050 ce chiffre devrait atteindre plus d’un milliard devant la Chine et l’Inde. Néanmoins, près de 70% des jeunes de moins 25 ans sont sans emploi. Les jeunes qui représentent environ 60% des chômeurs, sont désespérés par l’absence totale de perspectives et cela se traduit par l’émigration.

    Ainsi, après la triste époque de la traite des noirs, l’océan Atlantique est devenu de nouveaux le cimetière pour de nombreux émigrants africains. Le silence coupable des dirigeants africains sur le drame épouvantable de l’émigration illégale est inacceptable et condamnable. En outre, le mythe de l’eldorado occidental est un lourd fardeau pour les candidats à l’émigration. Entre le rêve nourrit d’espoirs dans le pays d’origine et la confrontation à la conjoncture économique morose du pays d’accueil, les migrants se retrouvent à faire passer le bien-être et l’amélioration de la situation économique de la famille, avant de penser à leur propre cause. En effet, la population restée en Afrique considère l’occident comme une manne financière, ce qui fait que les migrants sont régulièrement sollicités pour couvrir les dépenses quotidiennes de leurs familles. Certains migrants sont prêts à vivre dans des conditions de vie inhumaines et en dessous du seuil de pauvreté, afin de subvenir aux besoins de leurs familles restés là-bas. Ceux qui ne réussissent pas et qui veulent rester dignes, sont souvent condamnés à rompre le contact. Il n’est surtout pas envisageable pour ces personnes de retourner car revenir les mains vides, sans ressources financières, représente une profonde honte. Après avoir montré leur incapacité à apporter des solutions idoines aux problèmes économiques, l’Afrique n’est-elle pas en train de se vider de ses jeunes et de leurs cerveaux au profit des plus riches ?

    Les causes sont aussi politiques et sociales [3]

    Les dirigeants africains ont abdiqué sur le plan de la gestion politique et sociale. En effet, l’instabilité politique et l’insécurité grandissante font que nombre de pays africains se retrouvent en permanence dans une trappe à pauvreté infernale. Les élites politiques sont souvent au milieu de conflits d’intérêts entre communautés. Chaque partie veut conserver ou exalter son ancrage territorial provoquant des conflits et des déplacements de populations.

    Les guerres nuisent à la cohésion sociale et poussent une partie de la population à émigrer en quête d’un avenir meilleur. Les Etats africains n’ont pas pris la mesure des départs des jeunes et même les voient d’un bon œil dans un souci d’apaisement social. L’injustice sociale, la corruption des élites et le manque de vision sont les principales caractéristiques de cette situation exécrable. Les élus au niveau des collectivités locales sont en majorité préoccupés par les futures élections au lieu de rendre l’environnement favorable contre les flux de départs. Le citoyen vivant en milieu rural n’est pas correctement informé de ses droits, tout du moins, il ne cherche pas à les connaître. Ainsi, les responsabilités sont partagées tant du côté du citoyen que de l’Etat.

    C’est triste de constater que les africains vont continuer à chercher un avenir prospère ailleurs au moment où le reste du monde voit l’Afrique comme une grande terre d’opportunités, malgré les risques politiques et les difficultés sociales. Malgré tout, il y a une nouvelle génération de leaders africains éclairés, capables d’œuvrer pour la promotion de la démocratie et des droits humains, mais aussi de la mise en place de nouvelles conditions de paix et de liberté, gage d’un développement durable.

    [1] Hammadoun TAMBOURA est Consultant Expert financier et économique – Expert comptable stagiaire, membre de la Cellule pour le Développement (CPD) et membre de l’Association Nationale des Jeunes Economistes du Mali (ANJEM).

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