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Prix Nobel de la paix 2018 : Le gynécologue congolais Denis Mukwege, lauréat

Publié le vendredi 5 octobre 2018 à 23h30min

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Prix Nobel de la paix 2018 : Le gynécologue congolais Denis Mukwege, lauréat

Les lauréats du prix Nobel de la paix 2018 sont connus. Il s’agit du gynécologue congolais Denis Mukwege et de l’Irakienne Nadia Murad, ex-esclave sexuelle du groupe Etat islamique. Ainsi, « l’homme qui répare les femmes » partage ce Nobel avec une victime des violences faites aux femmes. Ils ont été récompensés, ce 5 octobre 2018 à Oslo, pour leur combat contre la violence sexuelle comme arme de guerre, particulièrement les viols de guerre.

Après son prix Sakharov en 2014 pour son combat contre les violences sexuelles, Denis Mukwege, 63ans, gynécologue congolais, vient de remporter le prix Nobel de la paix 2018. Reconnu au niveau mondial comme un expert dans le domaine de la réparation des dommages physiques causés par les violences sexuelles, il tente de faire reconnaître le viol comme une arme de guerre et vient en aide depuis de nombreuses années aux femmes victimes de viols. En 1999, il créé un hôpital à Panzi, en République démocratique du Congo (RDC), où plus de 50 000 femmes ont été prises en charge.

Ce colosse débordant d’énergie, à la voix grave et douce, a lancé, en 2014 un mouvement féministe masculin, V-Men Congo. Depuis 2015, alors que la RDC s’enfonce dans une crise politique émaillée de violences, « l’homme qui répare les femmes » a dénoncé à plusieurs reprises « le climat d’oppression et de rétrécissement de l’espace des libertés fondamentales » dans son pays.

La présidente du comité Nobel, Berit Reiss-Andersen, a précisé que le prix Nobel de la paix 2018 vise à « faire prendre conscience que les femmes représentent la moitié de la population et sont utilisées comme des armes de guerre. Elles ont besoin de protection et les auteurs de ces crimes doivent être poursuivis ».

Denis Mukwege est connu pour sa pratique de la chirurgie réparatrice sur les femmes victimes de viol de guerre en RDC, et son hôpital de Panzi est conçu pour permettre aux femmes d’accoucher en sécurité.

Panzi devient une clinique du viol, lors des massacres à Kivu (1998-2003) avec ses viols de masse. Cette « guerre sur le corps des femmes », comme l’appelle Denis Mukwege, continue encore aujourd’hui. « En 2015, on avait observé une diminution sensible des violences sexuelles. Malheureusement, depuis fin 2016-2017, il y a une augmentation ».

Ce premier prix Nobel jamais décerné à un Congolais a suscité une onde de joie et de fierté nationale dans le plus grand pays d’Afrique subsaharienne, et le gouvernement congolais, par la voix de son porte-parole, Lambert Mende, a félicité le docteur Mugwege pour son combat.

Un Nobel partagé avec une victime de violence sexuelle

L’autre co-récipiendaire est l’Irakienne Nadia Murad, ex-esclave sexuelle de Daech. Nadia Murad a survécu aux pires heures traversées par les yézidis d’Irak persécutés par les djihadistes, jusqu’à devenir une porte-parole respectée de cette communauté.

En août 2014, dans la région de Sinjar, au nord du pays, les membres de cette minorité religieuse ont été attaqués par l’État islamique. Après avoir pris le contrôle de Kocho, le village de Nadia Murad, les djihadistes ont tué des hommes, transformé en enfants-soldats les plus jeunes et condamné des milliers de femmes aux travaux forcés et à l’esclavage sexuel. Aujourd’hui encore, Nadia Murad, comme son amie Lamia Haji Bachar avec laquelle elle obtenait en 2016 le prix Sakharov du Parlement européen, ne cesse de répéter que plus de 3 000 yézidies sont toujours portées disparues.

Nadia Murad a vécu dans sa chair les persécutions djihadistes. Conduite de force à Mossoul, la « capitale » irakienne du « califat » autoproclamé de l’Etat islamique, elle est mariée de force, battue, torturée, violée, vendue et revendue comme esclave. Elle parvient à s’échapper avec l’aide d’une famille de Mossoul, gagne le Kurdistan et trouve refuge en Allemagne où elle vit toujours. Elle poursuit son combat pour la cause yézidie depuis l’Europe.

Le président irakien, Barham Saleh, a félicité la jeune femme et estimé que cette récompense est un « honneur pour tous les Irakiens ayant combattu le terrorisme », avant d’affirmer que ce prix était aussi une « reconnaissance de la situation désespérée » des yézidis.

Issoufou Ouédraogo (Stagiaire)
Lefaso.net

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