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Dans le rétroviseur : En souvenir de mon confrère Jacques Prosper Bazié

Publié le mardi 2 octobre 2018 à 23h08min

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Dans le rétroviseur : En souvenir de mon confrère Jacques Prosper Bazié

Le journaliste, l’écrivain, le poète, le nouvelliste, l’essayiste, l’homme de culture… Jacques Prosper Bazié a tiré sa révérence le mardi 30 septembre 2014, à l’âge de 59 ans. Voilà quatre ans déjà ! Mais dans le rétroviseur de l’histoire, son souvenir reste intact dans ma mémoire. Il était précédemment conseiller technique au ministère en charge de la Culture et du Tourisme.

Trois fois lauréats du Grand prix national des arts et des lettres (GPNAL) de la Semaine nationale de la culture (SNC), Jacques Prosper Bazié faisait partie du cercle restreint des écrivains burkinabè les plus talentueux. Avec sa disparition, la littérature a perdu un grand acteur qui nourrissait des ambitions dans le domaine de l’édition. Son désir affiché, faire du Burkina un pays de services en matière du livre. Même si ce vœu a un goût d’inachevé, il importe de reconnaître en Jacques Prosper Bazié une belle moisson littéraire. À son actif, des romans, des poèmes, des nouvelles, des pièces de théâtre, etc.

Pour autant, Jacques Prosper Bazié, dans sa modestie, n’avait pas la prétention du qualificatif « écrivain ». Cette reconnaissance, il a préféré la laisser à la communauté ou à la postérité qui en jugera. Une chose est certaine, celui qui nous a quittés le 30 septembre 2014, aura contribué, par sa réflexion et par son écriture, à rendre compte des aspirations d’une époque, d’une société, à partager ses expériences et ses visions.

Jacques Prosper Bazié avait foi en la littérature. Pour preuve et de son vivant, il a toujours pris à son compte cette maxime célèbre : « L’ancre du savant est plus importante que le sang du martyr ». D’où ses appels maintes fois réitérés, d’accorder de l’importance à la littérature à travers « l’implication des meilleures œuvres dans le programme officiel d’enseignement et la prise en compte de mesures énergiques pour que nous puissions vivre nos réalités à travers les écrits burkinabè ». Dans ce sens, le dernier ouvrage de Jacques Prosper Bazié intitulé « Le Moïse du Bwamu », constitue une référence. Il est consacré à Nazi Boni « celui-là même qui a été un de nos premiers hommes publics, politiques et intellectuels de son époque, un homme dont l’héritage ennoblit l’histoire du Burkina ».

Dans son répertoire littéraire, que d’œuvres de renom dont « La dérive des Bozos », « Orphelin des collines ancestrales », « l’Épave d’Absouya », « Amoro » ! Une quinzaine d’ouvrages à son actif ! Belle moisson certes, mais Jacques Prosper Bazié est resté la tête bien sur les épaules : « avec les contraintes liées à l’activité littéraire, il y a beaucoup de choses à reprendre parce qu’une œuvre est toujours perfectible. Croyez-moi, nous avons fait de la production mais ce n’est tant pour faire le nombre parce que je ne crois pas personnellement à la littérature au kilo ; je ne suis pas non plus partisan de la littérature à l’estomac parce qu’une œuvre peut transcender une époque beaucoup plus qu’un grand nombre d’ouvrages écrits ». Il définit la littérature comme un exercice faisant partie « du camp des rebelles permanents ; ce n’est jamais un secteur d’applaudissement. Elle est un secteur imaginatif de lendemain qui chante ; donc, de remise en cause permanente d’un environnement qu’on souhaite meilleur ».

Outre la production littéraire qu’il affectionnait, Jacques Prosper Bazié était aussi un passionné d’histoire, même s’il avoue ne pas être un technicien de l’histoire. Mieux, « je n’ai pas cette prétention parce que c’est un métier, une formation. C’est vrai que l’histoire est une passion pour moi, mais je ne voudrai pas qu’on tombe dans le piège des intellectuels qui pensent tout savoir dans la vie ».

Journaliste aguerri, Jacques Prosper Bazié l’est également. En effet, nanti d’un DEA en journalisme obtenu à Paris II, il a exercé cette profession avec une certaine noblesse, à la Radiodiffusion nationale du Burkina et aux Éditions Sidwaya (où il était mon collègue de bureau) ; avant d’être propulsé comme conseiller culturel à l’ambassade du Burkina Faso au Canada.

De retour du pays du cèdre, Jacques Prosper Bazié va intégrer les structures de la culture où son dernier poste fut celui de conseiller technique du ministre de la Culture et du Tourisme. À ce poste, il aura sans conteste apporté sa modeste contribution pour la promotion de la culture, des arts et toutes les œuvres de l’esprit. Ses collègues, confrères, sympathisants et amis disent de lui qu’il était un homme discret, modeste, humble, disponible, serviable, généreux, compétent, rigoureux mais très reconnaissant « pour les occasions multiples que les uns et les autres lui ont données de pouvoir s’épanouir dans son travail ».

Élevé au rang de chevalier de l’Ordre national à titre posthume, Jacques Prosper Bazié, l’homme de culture qui s’en est allé dans la bibliothèque de l’histoire, repose depuis jeudi, 2 octobre 2014, au cimetière de Gounghin à Ouagadougou. Que la terre du Burkina Faso qui t’a vu naître et grandir, ce Burkina Faso que tu as tant aimé, te soit légère ! Au nom de la grandeur de l’amitié que nous avons entretenue.

Sita TARBAGDO (collaborateur)
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 2 octobre 2018 à 17:18, par Le 1 En réponse à : Dans le rétroviseur : En souvenir de mon confrère Jacques Prosper Bazié

    C’est sinplement un grand homme que je n’oublierai jamais.
    Du courage a sa famille.

  • Le 2 octobre 2018 à 19:06, par OUEDRAOGO ERIC En réponse à : Dans le rétroviseur : En souvenir de mon confrère Jacques Prosper Bazié

    Ce Grand Homme m’a marque depuis le Lycee au moment ou je devais exposer sur la Derive des Bozos. Il m’a recu les bras ouverts avec une simplicite inedite. Il a beaucoup contribuer a mon amour pour la lecture et l’ecriture. A la table de belotte on en parlait parfois. J’ai du mal a comprendre pourquoi la mort ne prendrait pas les terrorists et laisser ceux dont le monde a besoin ?on se rappellera de toi a jamais. Repose en Paix Grand Ecrivain et Ami !!!!!!!

  • Le 3 octobre 2018 à 05:46, par Jean Pierre ilboudo En réponse à : Dans le rétroviseur : En souvenir de mon confrère Jacques Prosper Bazié

    MERCI SITA POUR CETTE EVOCATION DE NOTRE CONFRERE ET MON AMI D ENFANCE DU QUARTIER KOULOUBA
    OUI SA MEMOIRE RESTE INTACTE MAIS JE NE SUIS TOUJOURS PAS REMIS DE CETTE PERTE BRUTALE ET DOULOUREUSE
    LE TEMPS PASSE ET MON PROJET POUR JACQUES C EST D ORGANISER UN COLLOQUE SIR SES NOMBREUSES OEUVRES
    JE TE CONTACTERAI POUR QU AVEC LA FAC DE LETTRES DE L UNIVERSITE NOUS COMMENCIONS À NOUS Y ATTELER POUR COMMEMORER L30 SEPTEMBRE 2019 AVEC CE COOLQUE
    MERCI D AVOIR RENDU CET HOMMAGE À LA PLUME BRISEE DE JACQUES PROSPER BAZIE
    Dr. Jean Pierre Ilboudo
    Représentant de l INESCO en Namibie

  • Le 3 octobre 2018 à 07:51, par Sapience En réponse à : Dans le rétroviseur : En souvenir de mon confrère Jacques Prosper Bazié

    Merci De nous rappeler cette date mémorable. Que Dieu l’accueille auprès de lui et protège sa famille.

  • Le 3 octobre 2018 à 09:02, par Ab. YANOGO Dominique En réponse à : Dans le rétroviseur : En souvenir de mon confrère Jacques Prosper Bazié

    Merci et merci encore à la suite du Dr Jean Pierre ILBOUDO ! Notre ami et collègue nous reste vivant dans le cœur et l’esprit. Comme hier, j’entends la voix du grand frère Hubert, m’annonçant le décès de celui qui m’était proche dans la vie et que je ne verrai pas mort ! Que Dieu bénisse sa famille, et ceux qui œuvreront à préserver son nom et ses œuvres !

  • Le 3 octobre 2018 à 11:15, par G-D YAMEOGO En réponse à : Dans le rétroviseur : En souvenir de mon confrère Jacques Prosper Bazié

    Une grande plume que je ne me lasse pas de relire. Un homme aimable, modeste et attachant. Je me suis promis à dépoussiérer et mettre en lumière un de ces écrits par une adaptation cinématographique. J’ai eu de la chance d’avoir croisé sa route !
    Merci Sita Tarbagdo, nos morts ne seront pas tout à fait morts tant que le SOUVENIR restera vivace !

  • Le 3 octobre 2018 à 15:37, par Hama Kontongomde En réponse à : Dans le rétroviseur : En souvenir de mon confrère Jacques Prosper Bazié

    Un grand homme de lettres et de culture s’en est allé de façon prématurée alors qu’on avait toujours eet encore besoin de lui. Repose en paix Jacques

    Professeur

  • Le 3 octobre 2018 à 17:46, par Bamas Stanislas En réponse à : Dans le rétroviseur : En souvenir de mon confrère Jacques Prosper Bazié

    Merci Sita pour cet hommage poignant. Je l’ai connu en 1982 lorsqu’il était journaliste à la radiodiffusion. Jacques Prosper Bazié animait à l’époque une émission dénommée "la page littéraire". Je me rappelle encore qu’après avoir écouté attentivement une de ses émissions sur l’ouvrage "les bouts de bois de Dieu" , j’ai obtenu en français la note de 17/20 en classe de première. J’apporterai ma modeste contribution à l’organisation du colloque en hommage à cet Grand Homme si j’en suis informé. Sita, merci de nous dire comment se procurer les oeuvres littéraires de Jacques Prosper Bazié. Que la terre du Burkina Faso lui soit légère !

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