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Commercialisation des substituts du lait maternel : Des acteurs avertis de la question se familiarisent avec le Code de l’OMS

Publié le lundi 24 septembre 2018 à 22h00min

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Commercialisation des substituts du lait maternel : Des acteurs avertis de la question se familiarisent avec le Code de l’OMS

Le cours de formation sur le suivi du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel, organisé par le réseau international des groupes d’action pour l’alimentation infantile au profit d’une trentaine de participants venus de huit pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, a débuté ce lundi 24 septembre 2018, à Ouagadougou. Le conseiller technique du ministre de la Santé, Harouna Kadio, a supervisé la cérémonie d’ouverture, en présence du champion national en nutrition au Burkina Faso, le Larlé Naaba Tigré.

Cette activité de 72 heures s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Promotion des pratiques optimales d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant au Bénin, Burkina Faso, Niger et Togo », financé par la ville de Genève et le Canton de Genève. L’objectif est de « renforcer les connaissances sur le code international de commercialisation des substituts du lait maternel et les résolutions y afférentes de l’Assemblée mondiale de la santé et le suivi de la mise en œuvre du Code ».

L’allaitement maternel exclusif, qui consiste à donner au bébé le lait de sa mère uniquement, sans eau ni tisane, ni autre liquide ou aliment jusqu’à six mois, constitue l’un des moyens les plus sûrs de prévention de la malnutrition chronique en particulier. Cependant, cette pratique salutaire n’est respectée que pour moins d’un enfant sur deux en ce qui concerne le Burkina Faso.

Les causes de cette situation sont multiples parmi lesquelles l’utilisation non-encadrée et inadéquate des substituts du lait maternel qui font la guerre au lait maternel. C’est ainsi que l’Assemblée mondiale de la santé (AMS) a adopté en 1981, le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel. Par la suite, plusieurs Etats ont développé le Code, chacun selon son contexte, pour mieux encadrer leur utilisation et protéger l’allaitement maternel.

Représentante des PTF

L’OMS, l’UNICEF et IBFAN accompagnent les efforts des pays en renforçant les capacités nationales pour la mise en place de mécanismes nationaux de suivi afin de suivre et de faire respecter le Code.

C’est dans ce contexte que le cours de formation sur le suivi du Code a été initié par le réseau international des groupes d’action pour l’alimentation infantile (International Baby Food action network-IBFAN). L’évènement réunit, trois jours durant à Ouagadougou, les membres des groupes pays d’IBFAN, les représentants de l’UNICEF, de l’OMS, du gouvernement ainsi que de la société civile venus du Bénin, du Cameroun, du Tchad, du Burkina Faso, etc. Puis, la représentante résidente de l’IBFAN, Alessia Bigi, a décliné le contenu de la formation.

« Nous allons essayer de comprendre l’histoire du Code, pourquoi on est arrivé à son adoption ; définir le lien entre le Code et les droits humains. Il sera également question de comprendre la législation de chaque pays, voir s’il faut la formuler ou la renforcer ou encore s’il faut appliquer celle qui existe déjà et créer un système de suivi de monitoring selon la législation de chaque pays », a-t-elle résumé. Le format de l’atelier alterne des exposés et travaux de groupe avec présentation et discussion en plénière.

« Porter le taux d’allaitement exclusif à au moins 60% d’ici à 2025 »

Le conseiller technique du ministre de la Santé, dans son discours d’ouverture, a relevé une amélioration progressive de la situation nutritionnelle chez les enfants au cours des dernières années au Burkina Faso. « La prévalence de la malnutrition chronique est passée de 46% en 1998 à 21,2% en 2017. Toutefois, avec près d’un million d’enfants âgés de moins de 5 ans qui souffrent de malnutrition chronique », a indiqué Harouna Kadio. La malnutrition aigüe a aussi connu une baisse non-négligeable. Elle est passée de 12,4% en 2008 à 10,9% en 2012.

Alessia Bigi

Quant à l’anémie chez les enfants de 6 à 59 mois, elle demeure un problème de santé publique. Les données de l’enquête nationale iode et anémie (2014) révèlent une moyenne nationale de 83,4%. Aussi, la tranche d’âge de 6 à 23 mois devant bénéficier d’une alimentation complémentaire adéquate est la plus touchée. Afin de lutter contre le retard de croissance, le Plan de passage à l’échelle des interventions d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant au Burkina Faso s’est fixé pour objectifs, entre autres, de réduire de 40% le nombre d’enfants de moins de 5 ans ayant une malnutrition chronique d’ici 2025 et de porter le taux d’allaitement exclusif à au moins 60% d’ici à 2025.

« Des partenaires réaffirment leur engagement »

Fousséni Dao

S’exprimant au nom de l’UNICEF et de l’OMS, Mme Touré a loué l’initiative et indiqué que les textes législatifs destinés à protéger l’allaitement sont insuffisants dans la plupart des pays, comme l’a souligné l’évaluation menée par les deux organisations en 2016. « Souvent, ils n’ont pas été actualisés pour prendre en compte les nouvelles résolutions de l’AMS ou bien ils ont été adaptés mais prennent du temps à être signés et adoptés », a-t-elle noté.
Le souhait de la représentante des partenaires techniques et financiers est de voir, à l’issue de la formation, des résolutions fortes permettant d’accélérer l’adoption et la mise en œuvre des documents visant à protéger l’allaitement maternel, documents restés sous forme de draft dans certains pays.

« Il ne s’agit pas, à travers l’adoption de la loi, de limiter la production du lait artificiel mais de limiter la publicité, la promotion surtout au niveau des centres de santé où on fait la promotion de l’allaitement maternel. C’est aussi de faire en sorte que les populations soient bien informées sur les bienfaits du lait maternel et que le lait artificiel ne soit utilisé que dans les cas de prescription médicale, selon les cas », a, pour sa part, précisé Fousséni Dao, point focal nutrition au compte de l’OMS.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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