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Guerre en Irak : partir sans perdre la face

Publié le mercredi 20 juillet 2005 à 07h33min

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Hier mardi, avant même la fin de la journée, on dénombrait une quinzaine de morts en Irak. Pendant donc que chaque jour en Irak se lève avec son lot de macchabées, par le fait des insurgés ou des soldats américains, une soixantaine de pays et d’organisations ne jurent que par la reconstruction du pays de Saddam Hussein.

En effet, ils se sont rencontrés autour d’une conférence des donateurs de l’Irak comme si la paix était déjà revenue. D’ailleurs lesdits donateurs rechignent à mettre la main à la poche. Une infime partie des somme promises deux ans auparavant ont été versées.

Sur 32 milliards de dollars promis par les bailleurs pour la reconstruction de ce pays exsangue, 7 milliards ont été versés. Quant à l’utilisation de cette somme, « reconstruction » serait un gros mot. Ella a servi à améliorer la sécurité des entreprises installées dans le pays.

De quelles entreprises s’agit-il ? Suivez notre regard. L’insécurité n’étant pas sur le point de prendre fin, on a bien peur que toutes les sommes qui seront reçues ne soient englouties dans ce domaine. Cet échec rien que dans la mobilisation des fonds cache mal aujourd’hui l’embarras dans lequel se trouvent les Etats-Unis.

Aujourd’hui les Américains sont face à un dilemme : faut-il déguerpir de l’Irak toute honte bue ou persister dans la volonté têtue de pacifier ou démocratiser contre leur gré cette tribu d’Arabes ? Les conséquences de ces deux options ne sont pas des plus reluisantes.

Le retrait signifie la capitulation et cela pourrait ragaillardir les insurgés, qui allumeront des feux chez ceux qui ont soutenu Bush Jr. Il est clair que l’Irak, par ces temps qui courent, est le plus grand laboratoire de formation de terroristes du monde. Rester, c’est comptabiliser quotidiennement le nombre de Gi’s morts, sans occulter les dépenses journalières que la guerre occasionne pour le Trésor américain.

Certes Georges Bush est à son dernier mandat, mais face à cette guerre qui perdure, ses compatriotes le portent de moins en moins dans leur cœur, contrairement au début de ce fumeux projet de guerre, « Liberté Immuable ». Pendant ce temps, celui qui se considère toujours comme le président de l’Irak, sorti depuis le 18 décembre de son trou de souris, vit paisiblement dans sa prison, attendant son prochain jugement.

Des soldats américains de retour dans leur pays et qui avaient à un moment été affectés à sa garde ont levé un coin du voile sur sa vie de prisonnier, relatée entre autres par Jeune Afrique l’Intelligent n° 2320 : « Le président Saddam, tel que ces jeunes gens le décrivent est un homme qui a un grand souci de sa propreté. Il se lave les mains quand il a serré celles d’un visiteur.

Il essuie méticuleusement avec un torchon les cuillères et les fourchettes, les plateaux où on lui apporte ses repas et la table où il mange. Il prend deux douches par semaines et lave lui-même son linge... Il prie cinq fois par jour et garde auprès de lui un Coran qu’il prétend avoir trouvé dans les ruines d’une maison, près de l’endroit où il a été arrêté », attendant certainement l’heure du jugement.

Quand on remarque l’ambiance d’apocalypse qui règne actuellement en Irak, on se demande si les Irakiens ne se mettraient pas à regretter leur ancien tyran. Même si, du temps de sa splendeur, son cousin Ali le Chimique pulvérisait souvent ses gaz, dont il a seul le secret, sur quelques villages rebelles.

A écouter les néo-conservateurs au début de cette invasion, l’impression qui se dégageait était que l’Oncle Sam allait importer du ciel un échantillon du paradis dans ce pays. C’est plutôt l’enfer qui y règne maintenant. Et quand Condy utilise des expressions comme « démocratie », « sécurité » et « respect des droits de l’Homme », c’est comme si elle parlait d’un autre pays, non de l’Irak.

Les Américains en sont réduits aujourd’hui à négocier avec les insurgés, qui ont exigé un calendrier de retrait et une indemnisation financière pour les destructions commises. Comme les GI’s ne sont tout de même pas nés après la honte, il faut partir, mais avec la manière. Le nom de l’Irak est en train de s’ajouter donc à la liste des guerres perdues par Georges Bush et ses prédécesseurs. Finalement cette brave nation semble plus douée pour le business.

Issa K. Barry
L’Observateur

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