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Régina Fanta Nacro sort le premier long métrage d’une femme au Burkina Faso

Publié le lundi 22 décembre 2003 à 17h41min

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" La nuit de la vérité" en tournage depuis juin 2003, entrera dans l’histoire du cinéma africain comme le premier long métrage d’une femme burkinabé. Régina Fanta Nacro, qui était déjà l’une des premières femmes africaines cinéastes, donne un autre tournant à sa carrière cinématographique en se lançant dans le long métrage.

Née en 1962 au Burkina Faso, cette réalisatrice et scénariste est entrée dans le monde du cinéma par la grande porte.. Le virus du cinéma l’a conduit à l’INAFEC de Ouagadougou, la mythique école africaine des métiers du cinéma, qui a vu défiler plusieurs générations de cinéastes africains. Titulaire d’une licence des sciences et techniques de l’audiovisuel à l’Institut africain d’études cinématographiques, au Burkina Faso, en 1986, elle obtient à Paris IV une maîtrise et un DEA d’études cinématographiques et audiovisuelles, puis créé sa propre maison de production Les Films du Défi, dont le siège social est à Ouagadougou. Elle prépare actuellement un doctorat en Sciences de l’éducation.

Au Burkina Faso, Fanta Régina Nacro est la première femme à avoir pénétré dans le monde du cinéma en effectuant stage en tant que scripte à Yam Daabo (Le Choix) réalisé en 1986 par Idrissa Ouedraogo. Son premier film est un court-métrage réalisé en 1992, un certain matin , qui remporte le Tanit d’argent à Carthage. C’est la consécration pour Fanta Nacro.

Avec Un certain matin (1992), la première fiction dirigée par une femme au Burkina Faso, et Puk Nini (1995), Fanta Nacro fut propulsée dans la cour des grands. Son court métrage Le Truc de Konaté (1998), sur la prévention du sida, récompensé dans de nombreux festivals internationaux, dont le Fespaco 1999 et le Festival du Court Métrage de Clermont-Ferrand révèle une cinéaste très engagée. Pour son dernier film, Bintou, réalisé dans le cadre de la série Mama Africa, Fanta Nacro fut inspirée par la lutte de sa mère pour la reconnaissance de son rôle dans la société. Consécration suprême, le film fut sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes 2001 et a remporté le Prix du Meilleur Court-Métrage au Fespaco 2001.

Pour son premier long métrage, elle a choisi la capitale Ouagadougou et Kamboinsin (localité située à 25 km au Nord de Ouaga) pour le tournage.

Dans ce long métrage, plus que l’humour auquel nous avait habitué Fanta Nacro, ce sont des images poignantes et déchirantes causées par la guerre. En phase avec l’actualité du continent qui charrie cadavres, blessés et déplacés de guerre, ce long métrage se veut une interpellation des hommes politiques pour éviter la guerre et des populations à cultiver le pardon et la vie en communauté. Fanta Nacro aboutit à une conclusion : les guerres ethniques avec son cortège de désolations, de rancœurs, de privations n’apportent rien à l’Afrique. Autant donc travailler à cultiver dans les esprits et cœurs des africains les valeurs humanistes. Il faut promouvoir donc ces vertus et surtout au sortir d’un conflit, où tout doit être mis en œuvre pour réconcilier et oublier. C’est une thérapeutique nécessaire pour envisager l’avenir avec de réels motifs d’espoir.
"Accepter la haine comme composante intrinsèque de tout homme, c’est commencer à pouvoir s’en défaire " , confie Fanta Nacro.

Ce premier long métrage Fanta Nacro a bénéficié de l’aide au scénario du Festival d’Amiens et de l’aide à la réécriture du Centre national de la cinématographie. Il est le fruit d’un long travail d’écriture mené en collaboration avec Marc Gautron, déjà partenaire d’écriture de Fanta Régina Nacro pour "Puk Nini" et "Le truc de Konaté".

Synopsis de ’’ La nuit de vérité’’

Dans un pays d’Afrique, au sortir d’une terrible guerre civile qui a duré dix ans, Théo, chef rebelle de l’ethnie des Bonandés propose un armistice au président, issu de l’ethnie vaincue, les Nayaks. Pour sceller une hypothétique paix des braves, un dîner est organisé avec la participation des deux factions rivales. On sert des plats succulents. Les musiciens jouent une musique douce. Les soldats boivent ensemble. Mais l’atmosphère reste tendue. On s’épie, on se jauge. Les rancœurs, toujours vivaces, menacent de déclencher de nouvelles violences. Révulsée à l’idée de serrer la main des assassins de son fils, la femme du président trame un projet de vengeance.

L’angoisse va crescendo, le suspens est à couper le souffle… .

TIEGO TIEMTORE
(tiegot@hotmail.com)

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