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Procès du putsch manqué : « Nous sommes comme des bannis, des renégats » (Capitaine Seydou Gaston Ouédraogo)

Publié le dimanche 16 septembre 2018 à 23h30min

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Procès du putsch manqué : « Nous sommes comme des bannis, des renégats » (Capitaine Seydou Gaston Ouédraogo)

C’est le capitaine Seydou Ouédraogo qui a été instruit d’aller chercher du matériel de maintien de l’ordre et « une valise » à la frontière avec la Côte d’Ivoire, pendant le coup d’État de septembre 2015. En hélicoptère, il s’y est rendu sur instruction du colonel-major Boureima Kéré. Argentier de l’état-major particulier de la présidence du Faso à l’époque, le capitaine a comparu à la barre, dans la soirée du vendredi 14 septembre 2018. Il a dit sa part de vérité, non sans avoir exprimé sa colère, ses incompréhensions. « Les gens ne s’assument pas », a martelé l’officier.

Le 18 septembre 2015, aux environs de 23h, le téléphone du capitaine Seydou Gaston Ouédraogo sonne. C’est le colonel-major Boureima Kéré au bout du fil. Ce dernier dit au capitaine de se préparer pour effectuer une mission le lendemain. Le 19 septembre, effectivement, à 9h, Boureima Kéré, chef d’état-major particulier de la présidence, demande à son subordonné de se rendre à la base aérienne pour récupérer du matériel.

Jusque-là, il ne sait pas que c’est une mission hors de Ouagadougou qui l’attend, selon sa narration des faits.

Sur les lieux, ceux qu’ils trouvent ne semblent pas être informés. Après des appels et des explications entre chefs, le capitaine finit par comprendre que le matériel ne se trouve pas sur place. Le pilote suggère le décollage imminent à cause des mauvaises prévisions météorologiques. Finalement, quatre personnes embarquent dans un hélicoptère, direction Niangoloko, à la frontière avec la Côte d’Ivoire, après une escale à Bobo-Dioulasso pour un complément de kérosène.

L’accusé à la barre se rappelle que l’atterrissage a eu lieu sur un terrain, un lieu sécurisé par la gendarmerie. Ce qu’ils sont venus chercher se trouvait dans un véhicule 4x4, immatriculé en Côte d’Ivoire. C’est un certain lieutenant Touré qui livre le matériel. Six ou huit caissettes en plastique. L’une d’elle, cassée, permet au capitaine d’entrevoir du gaz lacrymogène. En plus, une valise « scellée » lui est remise.

Le matériel embarqué, le lieutenant Touré appelle un certain colonel. Ce dernier demande au capitaine si tout se passe bien et souhaite bon retour à l’équipage. Parce qu’il doit rendre compte à son retour, l’envoyé demandera au lieutenant, qui était son correspondant au bout du fil. Il s’agit du colonel Sheriff, lui aurait-on répondu.

Atterrissage à la présidence pour « discrétion »

Au retour, l’atterrissage ne s’est passé à la base aérienne, mais à la présidence du Faso. Le pilote a insisté pour se poser à la base, le terrain qu’il maîtrise le mieux, surtout à cause de l’état de l’appareil. Mais au téléphone, on lui fit savoir qu’il devrait se débrouiller pour se poser à la présidence, pour des raisons de « discrétion ». Des pick-up attendent déjà sur place. Les caissettes sont remises.

Quant à la « valise », toujours sur instruction du colonel-major Boureima Kéré, elle est remise à un homme en tenue civile dans le cortège du général Gilbert Diendéré, aux environs de 20h.

Les incompréhensions et frustrations d’un capitaine

Le parquet s’est appesanti sur la mission du capitaine. C’est un acte de complicité du coup d’État, a soutenu le ministère public. Et le capitaine Seydou Gaston Ouédraogo de se défendre. Il a juste été envoyé ; mieux, les autorités militaires à la base aérienne auraient pu refuser de l’amener à Niangoloko parce que l’hélicoptère était en maintenance.
La mission a été préparée à la base aérienne, lui n’en savait rien. « J’étais dans mon bureau et je n’ai jamais décidé de moi-même d’aller en mission. Ce qui m’énerve, c’est que l’hélicoptère était en panne et on nous a laissé décoller au péril de nos vies », fulmine-t-il.

En plus, son incompréhension réside dans le fait que le lieu de l’atterrissage était vraisemblablement un camp de gendarmerie. Mais pourquoi c’est seulement le capitaine Ouédraogo qui comparaît à la barre ? Se demande l’accusé qui dit ne pas comprendre.
Des membres de l’équipage, en passant par les chefs militaires de la base aérienne à Niangoloko, personne n’a été inquiété par la suite. « Je ne suis pas plus responsable que ceux qui ont coordonné la mission (...). Les gens refusent d’assumer », martèle le capitaine.

L’ancien argentier du chef d’état-major particulier de la présidence du Faso a fait une confession. Sa carrière est « foutue », qu’il soit blanchi ou condamné à l’issue du procès. Selon lui, aucun officier, même en liberté provisoire, ne travaille. « Nous sommes comme des bannis, des renégats. Nous sommes marqués à vie », regrette-t-il, avant d’ajouter que le cercle des officiers est comme une secte. Avant le coup d’État, il était responsable de la régie, de l’administration des ressources humaines et des finances à l’état-major particulier de la présidence.

Pourtant, précise-t-il, les officiers ont reçu des menaces pendant le coup d’État parce qu’ils étaient vus comme des traitres par certains soldats ou sous-gradés « récalcitrants », qui sont même venus leur dire qu’ils connaissent bien leurs domiciles et familles.

Pourquoi n’avoir pas porté connaissance de ces menaces à la hiérarchie ? À cette question du parquet, le capitaine esquisse un sourire et répond que c’est parce que le procès se tient dans une salle climatisée qu’on peut lui poser cette question. La salle s’esclaffe. Le président exige le silence et demande à l’accusé de la modération dans les propos. L’intéressé s’excuse... L’audition du capitaine Seydou Gaston Ouédraogo se poursuit ce lundi 17 septembre.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 16 septembre 2018 à 08:27, par bamos En réponse à : Procès du putsch manqué : « Nous sommes comme des bannis, des renégats » (Capitaine Seydou Gaston Ouédraogo)

    Bonjour mon capitaine vous savez le Burkinabés son ainsi c est leur ventre qui leur preocupe ce qui vous arrive d autre l on déjà vecu.vous dite qu on ne vous appelle plus ce n est mas un problème tout ce qui est arrivé va passer c est diej même qui le dit.c est maintenant que vous allez connaitre vos vraiment amis .Restez tranquille dite seulement ce que vojs savez de l affaire et c est tout.Tant que vous n est pas mort pas de problème Beaucoup de gens son8 dans la même situation qu8 vous dans l administration publique si tu n es plu5 a ton poste c est fini perso8 ne te regarde .Restez vous même et dieu va faire le reste.Les même qui vous appelaient qui ne vous appellent plus auront toujours besoin de vous c est une question du moment dieu fera le reste.Vous allez apprendre a connaitre l homm5 avec grand H son hypocrisie. C est pour cela j aime ecoute Le chanteur Jimmy cliff dans sa chanson (Hypocrite) courage a vous.Il faut connaître ces amis c est tres important dans la vie .Il y a ceux qui td suivent pour bouffer manger et ceux qui sont avec toi même s il y a problème merci.

    • Le 16 septembre 2018 à 14:39, par Burkina En réponse à : Procès du putsch manqué : « Nous sommes comme des bannis, des renégats » (Capitaine Seydou Gaston Ouédraogo)

      Je veux bien comprendre la ligne de défense des accusés mais il y a des questions que je me pose :
      1. De l’obéissance aux ordres militaires : Je voudrais que quelqu’un qui la maitrise nous ressorte intégralement la formule fétiche qui est prononcée à l’installation d’un chef militaire (...vous lui obéirez en ce qui concerne :....). Il me semble qu’aucun règlement militaire ne prescrit une obéissance aveugle au chef.
      2. Du soutien de la hiérarchie militaire, de la gendarmerie et de la police : il y a juste quelque chose qui me fait ticquer. Est-ce que vous pouvez nous convaincre qu’au 15 septembre le Burkina ne disposait d’aucun matériel de maintien de l’ordre pour qu’il faille aller en quémender à l’extérieur ? Si c’était le cas et que le soutien était réel, qui mieux que le DG police ou le Commandant gendarmerie devaient gérer cette mission ? N’est-ce pas un alibi pour décliner ? Laquelle des forces vous a-t-elle manifesté concrètement son adhésion et sous quelle forme ?
      Ce que chaucun devrait faire, c’est dire ce qu’il a fait, sachant que ce "ce qu’il a fait", s’appelle "participation à un coup d’état", même s’il l’a fait de bonne foi.
      Dites, "avec le recul, nous réalisons que nous avons fait un grosse bétise, on demande pardon", c’est tout.
      Ne croyez pas pouvoir justifer votre bétise à vous qui est antérieure par l’attentisme des autres qui est postérieure.
      L’armée, la gendarmerie, la police obéissent aux ordres des autorités en place. Or dès le 15, le rsp a dit que c’est lui l’autorité. Vous voulez que qui lève son petit doigt pour ou contre tant qu’il ne voit pas clair ? Tant qu’il ne soit pas vers où va le rapport de force ? Avec le rsp on sait ce qui peut t’arriver. Qui est fou ?

    • Le 17 septembre 2018 à 15:57, par Wakat En réponse à : Procès du putsch manqué : « Nous sommes comme des bannis, des renégats » (Capitaine Seydou Gaston Ouédraogo)

      Mon petit capitaine, faut pas nous emmerder deh ! On va t’ appeler pour faire quoi ? Tu veux qu’ on ait l’ oeil sur nous quoi ? Qui t’as dit de vouloir faire coup d’etat ? Faut pourrir seul la’ bas. C’est maintenant tu sais qu’ on te suivais parce que tu etais fort ? Faut pas etre naif, la ! Ya quelqu’ un qui t’ a remplace depuis et nous non traite avec les vivants et ceux qui sont en liberte. pas les cadavres et ceux qui sont en gnouf.Ton colonel Sita, lui meme il fait comment ? C’est la vie la meme qui est comme ca. Arrete de pleurnicher comme un bilakoro.

  • Le 16 septembre 2018 à 10:20, par Bissongo En réponse à : Procès du putsch manqué : « Nous sommes comme des bannis, des renégats » (Capitaine Seydou Gaston Ouédraogo)

    Je suis au garde-à-vous, mon capitaine. Continuez de rester droit dans vos bottes et crachez toute la vérité. Pourquoi tous les gradés de la base aérienne et de la gendarmerie à Bobo ne sont pas convoqués à la barre et c’est vous seulement qui l’êtes ? Il y a beaucoup de hauts gradés qui doivent être mis à la retraite d’office parce qu’ils ne s’assument pas. Ce sont des femmelettes sans envergure de militaire courageux et responsable. Il faut les convoquer tous à la barre. Il faut qu’ils disent aussi ce qu’ils savent de ce coup contre le peuple, de ces crimes que cette clique de malfaiteurs a commis et qu’ils projetaient de commettre contre leur propre peuple ! Quel est ce jugement mout-mout à la tête du client là ? Tchrrrrr !

    • Le 17 septembre 2018 à 17:08, par Bissongô En réponse à : Procès du putsch manqué : « Nous sommes comme des bannis, des renégats » (Capitaine Seydou Gaston Ouédraogo)

      Mon homo, il ne faut pas nous attirer la foudre, hein !
      Dans le milieu des officiers, c’est véritablement une secte, comme l’a dit le Capitaine Ouédraogo.
      Penses-tu que c’est vraiment les djadistes qui nous attaquent dans l’Est du Pays ?...
      Dieu merci, le Burkina a toujours de jeunes officiers patriotes tels que ceux qui nous ont aidé à
      nous défaire de la "guenguerose" en 2015.
      Dieu bénisse le Burkina. Amen !

  • Le 16 septembre 2018 à 17:27, par CI En réponse à : Procès du putsch manqué : « Nous sommes comme des bannis, des renégats » (Capitaine Seydou Gaston Ouédraogo)

    Daccord avec toi, a LA Lumiere des differents temoignages, je crois que toutes la hierrarchie millitaires au moments des faits est complice soit de facon active ou passive de ce putch. Ce nest pas le RSP seulement qui doit etre incriminer. D ailleurs a qui aurait profiter le crime Si ce putch marchait bien sur que tous les millitaires reviennais au pouvoirs. Donc la hierrarchie millitaire doit etre au moins auditionner.

  • Le 16 septembre 2018 à 18:03, par Luther En réponse à : Procès du putsch manqué : « Nous sommes comme des bannis, des renégats » (Capitaine Seydou Gaston Ouédraogo)

    C’est dommage pour mon pays, comment voudriez vous qu’on n’essuie pas des attaques ? Que dire si notre pays, notre peine à éviter ces attaques ? Tout est exposé au grand public, le secret état vilipendé, relations supérieure subalterne mise en mal. Comment voudriez vous que l’armée ne soit pas.mise en mal ? Fallait une cour martiale pour trancher ce jugement au lieu d’affaiblir notre armée.

  • Le 17 septembre 2018 à 11:45, par WEND LA NABA En réponse à : Procès du putsch manqué : « Nous sommes comme des bannis, des renégats » (Capitaine Seydou Gaston Ouédraogo)

    Une cour martiale comme ils ont fabriqué pour les innocents LINGANI et Henri ZONGO.

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