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Situation nationale : « Il faut qu’on travaille à surpasser nos égos …, sinon ça va être compliqué pour nous tous », Aboubacar Balima, président du PS Burkina

Publié le mardi 4 septembre 2018 à 18h34min

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Situation nationale : « Il faut qu’on travaille à surpasser nos égos …, sinon ça va être compliqué pour nous tous », Aboubacar Balima, président du PS Burkina

Le Parti socialiste du Burkina (PS Burkina) est l’un des nouveaux partis du landerneau politique, créé en septembre 2017. À sa tête, un jeune, Aboubacar Balima, membre du Conseil national de la Transition (CNT), qui n’hésite pas à décliner sa vision de la politique et la mission que son parti se fixe pour la société burkinabè. C’est pourquoi les responsables du parti ont décidé d’axer leurs actions sur des questions liées notamment à la formation de la jeunesse dans plusieurs domaines-clés de la vie nationale. Par cet entretien, le président du parti, Aboubacar Balima, revient sur quelques initiatives en faveur des jeunes et jette un regard sur la situation nationale.

Lefaso.net : Vous avez porté plusieurs initiatives en faveur notamment des jeunes, et la dernière en date, ce sont ces cours intensifs pour les candidats aux examens du BEPC et du Bac. D’abord, peut-on avoir une idée sur le bilan à ce niveau ?

Aboubacar Balima (A.B.) : On peut dire qu’on est vraiment satisfait. Quand nous avons fait notre bilan, sur 500 élèves (3e et Terminale confondues), on a eu un taux de réussite de 70%. On l’a fait, parce qu’on a remarqué que cette année, les élèves ont éprouvé de nombreuses difficultés, du fait des grèves. On est satisfait aussi, d’autant que ces candidats qui ont pris à notre cours d’appui sont ceux qui avaient des difficultés dans des matières bien précises.

Donc les enseignants aguerris ont été pris dans ces matières demandées pour des révisions intensives. Ceci étant, le mérite revient d’abord aux candidats eux-mêmes qui ont exprimé la volonté de surmonter leurs insuffisances, aux professeurs qui ont dispensé ces cours d’appui et surtout aux enseignants qui ont tenu ces élèves durant l’année scolaire. Nous, nous n’avons fait qu’apporter un plus. Nous allons travailler à élargir ces cours aux autres localités du pays. C’est important pour les élèves.

Lefaso.net : Il semble que vous êtes sur une initiative similaire, de quoi s’agit-il exactement ?

A.B. : Le projet consiste à former 300 jeunes, dans le but de contribuer à résoudre un tant soit peu la question du chômage juvénile. Au Burkina, il ne se démontre plus que le chômage est une réalité et c’est une vraie préoccupation pour notre parti, le PS Burkina, qui, comme vous l’aurez constaté par le nom, place l’être humain au cœur de ses réflexions et actions. C’est cela qui fait que nous multiplions ce genre d’initiatives pour pouvoir apporter notre coup de pouce à cette préoccupation nationale.

Nous pensons que la formation, cette formation, va permettre aux bénéficiaires d’acquérir des connaissances par rapport aux plaques solaires. Comme vous le savez également, l’énergie solaire, c’est aussi l’avenir du Burkina Faso face aux problèmes d’énergie que nous connaissons. Ces jeunes qui vont être formés, seront non seulement des compétences en la matière pour les populations, mais vont également employer et former à leur tour d’autres jeunes.

Lefaso.net : L’initiative consiste donc en une formation de jeunes sur l’énergie solaire, si on comprend bien ?

A.B. : Effectivement, c’est une formation sur l’énergie solaire, les plaques solaires.

Lefso.net : Combien de jeunes sont concernés par cette formation ?

A.B. : C’est une série de formations qui vont s’étendre à toutes les régions du pays. Pour cette étape, ce sont 300 jeunes qui ont été sélectionnés dans les douze régions et les six communes rurales rattachées à Ouagadougou. Les 300 jeunes sont subdivisés pour mieux assurer la formation. Nous avons demandé cinq jeunes par secteur et le reste a été attribué aux communes rurales rattachées. La durée de formation pour chaque lot va s’étendre sur des mois.

Lefaso.net : Combien de francs chaque jeune doit-il débourser pour accéder à la formation et quel est le niveau scolaire requis ?

A.B. : La formation est gracieusement offerte par le parti. Le niveau scolaire n’a pas d’importance ; que le jeune soit scolarisé, déscolarisé ou non-scolarisé, il est accepté ; parce que les modules de formation tiennent compte de toutes ces catégories de jeunes.

Lefaso.net : Y-a-t-il un plan d’accompagnement des bénéficiaires de cette formation ?

A.B. : Oui, nous avons prévu de les accompagner par des stages dans des entreprises d’énergies renouvelables. Ce stage vise deux objectifs : d’abord, leur permettre de renforcer les connaissances acquises à travers le terrain avant de s’investir pour leur propre compte, ensuite offrir une possibilité qu’ils soient recrutés par leurs entreprises de destination. Nous ne voulons pas les former et après les laisser avec leurs attestations, ça ne va pas résoudre le problème.

Nous voulons que non seulement ces jeunes forment d’autres, qu’ils soient employés, mais également créent leurs entreprises. C’est pour cela également que nous avons en vue de plaider auprès de l’État pour que ces jeunes puissent avoir des fonds de financement pour l’entrepreneuriat dans ce secteur précis.

Lefaso.net : Avez-vous l’accompagnement technique du ministère de l’Énergie ?

A.B. : Nous n’en avons pas d’abord, parce que nous ne l’avons pas approché. Nous avons estimé qu’il faut d’abord faire ce qui est à notre possibilité, prouver sur le terrain. Il faut d’abord prouver qu’on a des initiatives, qu’on y tient et qu’on a des acquis.
Le sérieux est indispensable, car au-delà même du département de l’État en charge de la question, c’est sûr qu’il y a de bonnes volontés qui peuvent apporter leur contribution. Mais avant, il faut d’abord faire preuve de bonne volonté, d’engagement et de vision. C’est important à notre avis. Je me dis donc que l’accompagnement viendra naturellement et de toutes parts.

Lefaso.net : Votre parti, le PS Burkina, veut-il finalement être social que politique !

A.B. : Vous savez que la politique, c’est avant tout l’action vers les hommes. C’est servir les hommes. Si en servant la cause des hommes cela peut nous apporter quelque chose, gloire à Dieu ! On ne perd rien en faisant la politique qui consiste à servir les hommes ; bien au contraire, on a tout à y gagner. Il faut être proche des populations et les servir. Les partis politiques ne vont avoir la confiance des populations que lorsqu’ils auront prouvé sur le terrain.

Au PS Burkina, nous croyons qu’il faut convaincre les gens par ce qu’on fait plutôt que les discours ; quand les gens apprécient ce que vous faites, ils adhèrent facilement et sincèrement.

Lefaso.net : On va néanmoins parler du Code électoral, qui a suscité et continue de susciter des débats. Quelle est la part d’analyse du PS Burkina sur la question ?

A.B. : Je prends simplement acte de la loi qui a été votée. Mais j’estime que cette loi a été précipitée. À mon avis, et au regard de l’ambiance, tant à l’interne qu’au niveau de la diaspora, il fallait mieux avoir des échanges avec les intéressés avant l’adoption de la loi. Mais avec l’idée de sorties pour établir les documents de vote pour les Burkinabè de l’étranger, je pense qu’il faut se mobiliser.

Toute la classe politique doit échanger et s’entendre sur un minimum pour préserver la cohésion et la paix sociales. Que chaque parti politique se déploie sur le terrain pour inciter ses militants à prendre les documents indispensables au vote (il est toujours temps, il reste deux ans). Dieu seul sait qui va être le président du Faso en 2020. Aussi, il faut souligner que la carte biométrique est valable, il s’agit seulement d’uniformisation.

Lefaso.net : Avec ces débats autour du Code électoral, n’est-ce pas un mauvais départ pour le scrutin de 2020 ?

A.B. : Effectivement, et il faut qu’on travaille à éviter une crise post-électorale en 2020. Je vois que même au niveau de la diaspora, il y a des agitations. Il faut qu’on travaille à aboutir à un consensus en surpassant nos égos, nos divergences pour que tous les Burkinabè jouissent de leurs droits civiques et dans la cohésion et la paix. C’est nécessaire, parce que notre pays fait face déjà à de nombreux défis dont les attaques terroristes. Si on ne s’accorde pas sur un minimum, ça va être compliqué pour nous tous. Sans distinction.

Il y a des moments dans la vie d’un pays où on doit s’accorder sur un minimum pour que le pays tienne ; ce n’est pas une affaire de majorité, d’opposition ou de telle autre considération. C’est cela aussi qui fait la force des peuples. Combien de temps allons-nous rester divisés ?
Nous allons tous passer, qu’on le veuille ou non. Mais le Burkina va rester. Alors, quel pays voulons-nous laisser à nos enfants et petits-enfants ? Il y a quel mérite à se rendre compte après qu’on s’est seulement battus pour nos intérêts égoïstes sans penser à l’avenir du pays ? Au PS Burkina, c’est vraiment notre vision des choses.

Lefaso.net : On note que jusque-là, vous ne vous incluez pas dans le processus électoral. Les élections 2020 n’intéressent donc pas le PS Burkina ?

A.B. : Pour nous, l’essentiel c’est que ces questions qui divisent la classe politique soient réglées. Ensuite, nous sommes un parti jeune, qui est en train de travailler à s’implanter à travers le territoire et à l’étranger. Notre participation aux élections dépendra de l’ensemble des camarades militants du parti qui décideront certainement en temps opportun.

Lefaso.net : ... en fin ?

A.B. : Je voudrais d’abord salué l’ensemble de la presse burkinabè qui, malgré des conditions de travail difficiles, abat un travail admirable de sensibilisation, de dénonciations et d’information des populations. Vous avez une presse ouverte à toutes les tendances, aux gens et partis dits grands comme petits.

Je voudrais ensuite demander à l’ensemble des Burkinabè de toujours travailler, non seulement à la préservation de la paix et la cohésion sociales, mais également à la promotion des valeurs qui concourent à cela. Il nous faut à chaque fois faire le consensus autour des questions majeures de la vie de la nation. Sans cela, on ne peut bâtir le pays.

Pour cela, il faut toujours communiquer entre nous Burkinabè.
De façon spécifique, j’encourage les jeunes qui bénéficient de cette session de formation, et même ceux à venir, à l’assiduité et avoir pour souci de partager avec d’autres jeunes, ce qu’ils auront appris.

Entretien réalisé par OL
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