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Insécurité, incivisme : Et si on revenait au service militaire obligatoire pour tous ?

Publié le jeudi 30 août 2018 à 17h25min

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Insécurité, incivisme :  Et si on revenait au service militaire obligatoire pour tous ?

Réagissant aux attaques terroristes récurrentes avec leurs lots de victimes décorées à titre posthume, ce citoyen en appelle à plus de patriotisme et propose de revenir au service militaire obligatoire pour tous.

Cet après-midi il y a eu encore un long cortège de 4X4 avec son lot de hauts-gradés et d’autorités qui ont convergé vers un cimetière. Une fois de plus, ils avaient tous la mine renfrognée comme il est de coutume dans un cimetière. Ils ont prononcé un discours émouvant et demandé à la famille et aux frères d’armes d’être fiers car le défunt part en martyr au nom de la république.

Une médaille a été décernée à titre posthume avec toute la solennité qui sied à pareille circonstance. Puis chacun est retourné, sous bonne escorte, dans son bureau feutré, en attente de la prochaine convocation au cimetière.

En général les médailles se reçoivent avec joie et fierté, on bombe fièrement le torse pour se la faire apposer. La valeur de la médaille n’a d’égale que sa rareté, une rareté qui prend tout son sens dans le caractère exceptionnel de l’acte qui nous vaut cette distinction. Cependant il y a des médailles qu’on souhaiterait ne jamais avoir car il n’y a aucune médaille qui vaut la vie d’un être humain. Mais voilà, quand les décorations à titre posthume deviennent légion, le caractère exceptionnel de cette distinction se retrouve dilué et perd une grande partie de sa valeur entre douleur et questionnements.

Comme pour ses prédécesseurs, il sera déposé sur le bois ciré du cercueil du douanier BADO du poste de Batié un bout de métal portant le sceau de la république. Une médaille à titre posthume qui sera noyée et absorbée par la douleur et la colère. Une colère noire et dense, car si ce qu’on entend sur l’attaque du poste douanier se révèle juste, il y a de quoi être révolté.

C’est toujours des attaques où l’ennemi frappe et replie sans être touché (la plupart du temps, les morts sont de notre côté), des ratissages plusieurs heures après coup (presque jamais de bilan des ratissages).

Oui, révolté comme un certain Naïm TOURE , qu’on a embastillé pendant deux mois pour avoir osé dire tout haut ce que beaucoup murmurent tout bas sans oser lever la voix. Au passage, je me demande ce que cette incarcération a changé à la donne sécuritaire si ce n’est satisfaire ceux qui refusent d’entendre un autre son de cloche.

Bref, quand Bado s’engageait, c’était pour défendre la république, il était loin de se douter que c’était la république elle-même qui allait le livrer à la mort, sinon comment comprendre que dans l’environnement sécuritaire qui est le nôtre, on puisse être seul à monter la garde dans un poste de douane (information à confirmer, mais qui n’a pas été infirmée jusque-là) qui est à quelques encablures de deux frontières terrestres ? Est-ce le dispositif normal ou bien il y’a eu maldonne ? Plusieurs heures d’assaut pour voir arriver les renforts cinq heures après, pourquoi cette lenteur alors qu’il n’y a même pas 100km entre Gaoua et Batié ?

On est tenté de se demander pourquoi les autres corps (gendarmerie, police...) de la ville n’ont pas réagi. Mais sachant que nos FDS ne sont pas des froussards, à cette question moi j’ai envie de poser une autre , avaient-ils les moyens adéquats pour affronter la puissance de feu des assaillants ? Avaient-ils des dotations en arme et en munitions conséquentes pour contrer l’ennemi ?

Ce sont là des questions qui me rappellent encore le sacrifice de Yassia SAWADOGO, tombé au Café Istanbul pour une histoire de bouclier balistique. S’il n’y a pas de moyens adéquats, sachez qu’aucun FDS n’ira se donner à une mort certaine, non ! Ils sont formés pour défendre la patrie au péril de leur vie, mais pas pour être des candidats au suicide, il y a une grosse nuance entre les deux.

L’armée c’est la grande muette, naturellement là-bas, on ne grève pas, on exécute et on la ferme. Mais à défaut de se plaindre officiellement, certains murmurent en sourdine, car voir ses frères d’armes tomber pratiquement toutes les semaines et avoir l’impression que pas grande chose n’est fait pour que ça change, ça a de quoi scier le moral.

Si rien n’est fait, je ne serai pas surpris que certains refusent de rejoindre leur zone d’intervention si les conditions ne sont pas réunies pour leur permettre d’assurer leur mission sereinement, car personne n’aspire à être un martyr de façon précoce.

Qu’est-ce qu’il faut faire ? J’en sais rien.

Si la présence des nombreux camps militaires qui peuplent la capitale n’est pas critique, alors délocalisez ces camps dans les zones à risque, parcellez les zones qui seront dégagées de ce fait et reversez l’argent de la vente de ces parcelles à l’armée.

Au démantèlement du RSP on a vu un stock impressionnant d’équipements militaire en sortir, que devient ce matériel ? Redéployez si nécessaire.

S’il le faut, revenons au service militaire obligatoire pour étoffer les possibilités de l’armée mais aussi allez à l’école du civisme.

Bref, faisons quelque chose ou donnons l’impression d’en faire.

Puisse votre sacrifice être accepté par le Très-haut , et la terre libre du Burkina vous accueillir dans la dignité.

#Ackermann
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