LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Procès du coup d’État de 2015 : le sergent Amidou Pagabelem plaide sa bonne foi

Publié le jeudi 30 août 2018 à 01h50min

PARTAGER :                          
Procès du coup d’État de 2015 : le sergent Amidou Pagabelem plaide sa bonne foi

Poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’État, meurtre, coups et blessures et dégradation volontaire aggravée de biens, le sergent Amidou Pagabelem était le seul accusé à être entendu, ce mercredi 29 août 2018. Comme ses devanciers, il a plaidé non-coupable.

Cité à plusieurs reprises par son binôme, le sergent Lamoussa Badoun, lors de sa comparution, Amidou Pagabelem était invité (à la barre) à relater son agenda durant les événements de septembre 2015.
Le sergent Pagabelem confie que le 16 septembre 2015, il suivait la télévision, lorsque son collègue Théodore Nikiema l’a appelé pour lui annoncer que « ça ne va pas au corps ». Ainsi, vers 16h, il a décidé d’aller au rassemblement du soir. Une fois à la présidence, il se rend compte qu’il n’y a pas d’informations officielles. Il décide de se retourner chez lui. Mais il se voit empêcher de quitter les lieux (un ordre d’interdiction de sortie venant d’en haut).

Autour de 19h, le major Badiel l’aurait appelé pour lui confier une mission avec le sergent Lamoussa Badoun. Cette mission consistait à aller couper les signaux des centres de transmission de Gounghin et de Kamboincin. Comme dans le récit du sergent Badoun, Amidou Pagabelem a aussi signifié qu’ils se sont rendus à la radio Omega, à Savane Fm et à l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP).

Des contradictions dans les récits et la déposition…

Tout au long de son interrogatoire, l’accusé n’a pas cessé de reconnaître et de citer son binôme Lamoussa Badoun, avec qui il dit avoir accompli les mêmes missions durant les événements du putsch.
Dans cette partie, le tribunal a relevé des contradictions dans le récit du sergent Pagabelem. « Nous ne sommes pas allés à la radio Omega avec de mauvaises intentions », a-t-il plaidé, après avoir retracé la mission à la radio Oméga.

« En tant que militaires, êtes-vous autorisés d’aller interrompre une émission à la radio ? », a demandé le parquet. À cette question, l’accusé a fait savoir que c’est parce qu’il est un militaire qu’on lui a donné un ordre, qu’il a exécuté.

Dans la même lancée, le parquet a cherché à savoir si c’était un ordre militaire. Le sergent Pagabelem a rappelé au tribunal qu’en tant technicien au sein du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), il est spécialisé dans la liaison de communications de sa troupe.

Pour Me Prosper Farama de la partie civile, les réponses de l’accusé au cours de cet interrogatoire montrent le caractère vraisemblable de son implication dans le coup d’État.

L’avocat de la défense, Me Ignace Tougma, quant à lui, estime que les questions à répétition que le parquet et la partie civile ont posées à l’accusé montrent à quel point il est difficile d’appréhender l’élément qui incrimine son client. « Les faits sont têtus et sacrés. Qu’on s’en tienne à cela », a-t-il recommandé au tribunal.

Avant de quitter la barre, l’accusé, le sergent Amidou Pagabelem, dit avoir tout simplement exécuté les ordres de son supérieur, sans savoir que cela contribuait au coup d’État. Par conséquent, il a présenté excuses au tribunal. « Comme tout être humain ne peut rester insensible ; puisqu’il y a eu des disparus, je présente mes sincères condoléances et je souhaite un prompt rétablissement aux blessés. Que Dieu bénisse le Burkina », a-t-il conclu.

Cryspin Masneang Laoundiki
LeFaso.net

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Putsch de septembre 2015 : Minata Guelwaré est décédée
La problématique de la liberté chez Jean-Jacques Rousseau