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Push manqué de septembre 2015 : le sergent-chef Médard Boué a refusé de garder les autorités de la Transition

Publié le mercredi 22 août 2018 à 22h24min

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Push manqué de septembre 2015 : le sergent-chef Médard Boué a refusé de garder les autorités de la Transition

A la suite de l’accusé Zoubélé Jean Martial Ouédraogo, c’était au tour du sergent-chef Sienimi Médard Boué de se présenter aux juges. Ce qu’on peut retenir de son audition, c’est qu’il a refusé l’ordre de garder les prisonniers dont le président Michel Kafando. Pourtant, tout en ne cautionnant pas le coup d’Etat, il y resté au camp jusqu’au 21 septembre 2015. Pour cause, il savait lui et sa famille menacés. Toutefois, il a respecté le communiqué du chef d’Etat-major qui invitait les éléments du RSP à se rendre. Il l’a fait en respectant les délais prescrits. Il révèle aussi avoir été écarté de la sécurité rapprochée, du fait qu’il avait épousé une femme gendarme. Son interrogation n’a duré que de trois heures.

Poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, de meurtre de treize personnes et de coups et blessures sur 42 autres, l’accusé Médard Boué a nié les faits. Au contraire, il a même tenté de se soustraire pendant les événements de septembre 2015. Il raconte qu’il est descendu de garde le 15 septembre 2015. Il devait remonter le 17. Le 16 septembre, il y avait le sport le matin mais il n’a pas pu s’y rendre, car il était soufrant. Vers 16h, sa femme, une gendarmette, l’appelle pour lui dire que les autorités de la Transition ont été séquestrées. Après le coup de fil de sa compagne, un appel du major Eloi Badiel arrive. Il lui demande sa position. Il lui répond qu’il est à la maison. Le major Badiel revient à la charge en lui disant de ne pas se « foutre » de lui. Le 17 septembre étant son jour de garde, il se rend au travail, à la présidence.

Il se présente au major Badiel qui lui ordonne d’aller se mettre en tenue. Après avoir enfilé sa tenue, le sergent-chef Mahamadi Bouda lui ordonne d’aller garder les prisonniers. Il refuse l’ordre, en justifiant qu’il ne pouvait pas garder le chef de l’Etat, car il a été son conducteur. Il repart donc suivre la télévision. Il rentre à la maison et revient dans la soirée. Là, il trouve qu’on désignait des éléments pour une mission. C’était pour assurer la sécurité du président Macky Sall. Il est de fait désigné pour la mission.

Le matin du 18 septembre, il s’est rendu à l’aéroport pour accueillir l’hôte du jour. Ils seront logés à Lybia Hôtel, au 10e étage. Le 21 septembre, après la mission, il s’est rendu au Conseil de l’entente pour réintégrer le matériel, autour de 9h. Il part ensuite dans sa belle-famille où il avait déménagé sa famille. Le major Badiel l’appelle, l’intimant de venir au camp dans les minutes qui suivent.

Son beau-père et sa famille s’y opposent. Il les convainc que s’il ne s’y rend pas, ils (le major Badiel et les autres) viendront le chercher. Il part en tenue de sport se présenter au major. Celui-ci lui ordonne d’enfiler une tenue militaire. Il s’exécute. Constatant qu’il y a un mouvement au camp, il se renseigne auprès d’un jeune qui lui dit que des troupes de l’intérieur sont en mouvement pour venir les déloger.

Il reçoit ensuite un coup de fil de sa femme, l’informant que le chef d’Etat-major de l’armée demande aux militaires du RSP se rendre avant le 22 septembre 2015 à 14h30. Il tente de convaincre des jeunes en vain. Au contraire, il est devenu du même coup l’homme à surveiller. Il réussit tout de même, le 22 septembre, à escalader le mur. Il est récupéré par un homme de confiance qui l’a amené au lieu indiqué, et dans les délais.

Le parquet a bien voulu savoir si l’accusé aurait gardé les prisonniers s’il s’agissait de personnes autres que le président Kafando. L’accusé répond par la négative. Pour lui, le fait qu’il ait dit qu’il a été le conducteur du président était une simple ruse pour ne pas exécuter l’ordre. Le parquet estime tout de même qu’il avait la possibilité de ne pas retourner au camp plusieurs fois, mais il a tenu quand même à y aller.

Pour son avocat, maître Babou Bama, son client n’a commis aucun acte répréhensible. Pour lui, son attitude était celle d’une mouche prise au piège dans une toile d’araignée. Sans ruse, impossible pour elle de se libérer. Son client, selon maître Bama, a agi avec des stratagèmes pour sauver sa vie et celle de sa famille. Sur ce, l’audience est suspendue pour reprendre le vendredi 22 août 2018 avec un autre accusé.

Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 23 août 2018 à 08:24, par Digne Fils du Faso En réponse à : Push manqué de septembre 2015 : le sergent-chef Médard Boué a refusé de garder les autorités de la Transition

    J’ai envi de dire bravo au Sergent-chef Médard Boué si réellement c’est ce qu’il a fait pendant ce coup d’Etat de l’Adjudant-chef major Badiel et autres. Il a même risqué sa vie et celle de sa famille et parents. Comme quoi, ce n’est pas facile d’être un militaire ; refuser un ordre peut vous être fatal. Dire que j’ai failli être un militaire de la Base Aérienne en 1986. Grand merci à mon échec au dernier tour du test. Aujourd’hui, je m’épanouis bien ailleurs sans ordres fermes à ne pas discuter qu’il faut exécuter à la lettre sans peine de se retrouver 2 mètres sous terre. Yako à nos frères et soeurs militaires consciencieux qui veulent faire leur job comme il se doit pour s’occuper leur famille ; rien que ça mais des ordres tordus entravent leur plein épanouissement. Une fois encore, grand merci au Sergent-chef Boué. Je suis certain que c’est grâce à sa femme gerdarme qui a pu le convainvre de se desolidariser de ses frères d’armes de l’Ex-RSP car la cause n’est pas noble. Nous, les hommes, si on acceptait écouter nos épouses, il y avait beaucoup de dégats qu’on allait éviter. Ce n’est pas Blaise Compaoré qui dira le contraire. Quelqu’un disait que si Dieu existe, il doit être une femme.
    Signé : L’Etalon Enragé mais Serein.

  • Le 23 août 2018 à 10:57, par Le Fair play citizen En réponse à : Push manqué de septembre 2015 : le sergent-chef Médard Boué a refusé de garder les autorités de la Transition

    Ennffiinn, je trouve un exposé des faits assez logique ! C’est le seul qui semble vraiment un tout petit peu crédible !

  • Le 23 août 2018 à 15:01, par Tilaï En réponse à : Push manqué de septembre 2015 : le sergent-chef Médard Boué a refusé de garder les autorités de la Transition

    Très bonne attitude du Sergent-chef Médard.
    On remarque de l’honnêteté et de la responsabilité dans ses propos.
    A défaut de l’acquittement, mérite vraiment des circonstances atténuantes.
    Tilaï

  • Le 24 août 2018 à 14:35, par Bernard Luther King ou le Prophete Impie En réponse à : Push manqué de septembre 2015 : le sergent-chef Médard Boué a refusé de garder les autorités de la Transition

    Attention au titre, de PUSH manqué on arrivera bientot au PULL manqué ! et bonjour les poules, les coqs et les pintades.

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