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Procès du coup d’Etat manqué : « C’est le général Diendéré qui nous a informés que les autorités de la Transition étaient retenues », lieutenant Daouda Beyon Koné

Publié le vendredi 17 août 2018 à 22h48min

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Procès du coup d’Etat manqué : « C’est le général Diendéré qui nous a informés que les autorités de la Transition étaient retenues », lieutenant Daouda Beyon Koné

Le procès du coup d’Etat manqué s’est poursuivi ce vendredi 17 juillet 2018. À la suite du soldat Sidiki Ouattara, c’était au tour du lieutenant Daouda Beyon Koné de se présenter devant le juge. Il est poursuivi pour attentat à la sûreté de l’État, en tant que auteur ou complice. Il lui est également reproché d’être responsable de la mort de treize personnes, de coups et blessures sur 42 autres personnes. Toutes ces charges qui pèsent contre lui, l’accusé a déclaré qu’il ne les reconnaissait pas. C’est ainsi que le tribunal lui a demandé de s’expliquer.

Pour l’accusé, le 16 septembre 2015, il a fait le sport le matin. Il a ensuite rejoint son pied-à-terre pour se débarbouiller. De là, il s’est rendu à son bureau. Il souligne qu’il n’avait pas de fonction officielle car il venait de rentrer de mission. En attente de nomination, il était « officier de l’ordinaire », c’est-à-dire qu’il s’occupait de l’alimentation de la troupe. C’est à ce titre qu’il se rendait en ville pour rencontrer un fournisseur, lorsque son supérieur, le lieutenant Gorgo, l’a rappelé. Celui-ci lui fit comprendre qu’il y avait des mouvements au conseil des ministres. Il part se mettre en « tenue correcte » sur ordre du lieutenant. Ils se rendent ensemble chez le chef de corps. Étant là-bas, ils sont rejoints par d’autres officiers de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP).

Entre temps, c’est le général Gilbert Diendéré en personne qui a fait son apparition. Dans ce rassemblement inopiné, le général a dit que les autorités de la Transition seraient retenues dans la salle du conseil des ministres. Mais avant, il a présenté ses excuses aux officiers pour ne les avoir pas tenus informés auparavant. Il dit n’avoir pas attendu la fin des échanges pour « rejoindre ses casseroles ».

Le lendemain 17 septembre, il a assuré le jalonnement de l’itinéraire de l’aéroport de Ouagadougou, pour accueillir les chefs d’Etat de la CEDEAO. Dans cette mission de sécurisation, il a reçu un appel de détresse de son père du quartier Pissy. Il s’y est rendu, et il a trouvé des manifestants qui voulaient s’en prendre à son père et à son domicile. Il a pu l’exfiltrer pour le mettre en lieu sûr.

Lorsque le parquet a voulu savoir à quel moment il a su qu’il y avait coup d’État, l’accusé a rétorqué qu’il ne l’a su que le 28 septembre 2015, jour de son arrestation. Il ajoute que même que jusqu’à ce qu’il vienne à la barre, il n’avait pas encore conçu dans sa tête qu’il y a eu coup d’Etat. Pour lui, c’était une crise comme les autres qui finirait par passer.

Il en veut pour preuve la présence de la hiérarchie militaire à l’accueil des chefs d’Etat. Il ajoute que le chef d’Etat-major de l’armée d’alors lui a dit que tout allait s’arranger. Le parquet lui demande pourquoi il a alors demandé à un de ses amis civils de publier ce message sur Facebook : « 4 véhicules du RSP de type 4x4 en direction de Bobo » ? L’accusé dira que c’est par crainte pour sa vie.
Il a appris que des frères d’armes d’autres garnisons voulaient monter sur le camp Naaba-Koom.
L’avocat de l’accusé, maître Stéphane Ouédraogo, a fait savoir que son client n’a rien fait d’illégal. À ses yeux, son client n’a fait qu’assurer la sécurité des chefs d’Etat de la CEDEAO. Il n’a ni tué, ni blessé quelqu’un.

Il n’a pas non plus participé au coup d’État. Pour le parquet, en Droit, du moment où le général leur avait dit que les autorités de la Transition étaient retenues, en langage vulgaire, cela voudrait dire que c’était un coup d’Etat. En français soutenu, c’est un attentat à la sûreté de l’Etat. L’accusé, face à cette remarque, a fait savoir que le droit n’était pas sa tasse de café.

L’interrogatoire de l’accusé se poursuivra ce samedi 18 juillet 2018.

Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net

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